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Les Contes de la crypte 2-12 : Les pieds du cadavre – Jack Sholder

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Les Contes de la crypte. Saison 2, épisode 12.
Fitting Punishment. 1990

Origine : États-Unis 
Réalisation : Jack Sholder 
Avec : Moses Gunn, Jon Clair, Teddy Wilson et Nick LaTour

A la tête d’une petite entreprise de pompes funèbres, Ezra Thortonberry voit d’un mauvais œil l’irruption de son neveu, le jeune Bobby dont les parents sont décédés. Seul membre de la famille encore vivant, il n’a d’autre choix que de l’héberger, non sans lui témoigner toute son aversion. Bon gars, Bobby se plie à ses nouvelles conditions de vie spartiates, aidant son oncle du mieux qu’il peut. Mais ce n’est jamais assez bien aux yeux d’Ezra, qui ne manque jamais une occasion de le rabrouer.

La perception d’un générique peut parfois s’avérer fortement biaisée. Prenons le cas de cet épisode dont le réalisateur Jack Sholder renvoie à quelques films emblématiques du cinéma d’horreur et fantastique des années 80. Repéré avec Alone in the dark (rebaptisé Dément en français, et toujours inédit chez nous !), il s’est ensuite vu confier la lourde tâche de donner une suite aux Griffes de la nuit (La Revanche de Freddy, 1985) avant de créer la surprise au festival d’Avoriaz 1988 en empochant le Grand Prix au nez et à la barbe des favoris avec le décomplexé Hidden. Suivant jusqu’alors un crescendo intéressant, sa carrière subit un brutal coup d’arrêt à l’occasion du buddy-movie Flic et rebelle. De fait, pour prestigieuse qu’elle soit, la présence de son nom au générique d’un épisode des Contes de la crypte répond avant tout à une impitoyable logique, le petit écran étant devenu le principal horizon du réalisateur.

Comparé à ses travaux précédents, son style s’en trouve ici assagi. Jack Sholder ne cherche pas à nous bousculer par sa mise en scène, ni à créer d’insoutenables moments de tension. Il s’en tient à une ligne plus feutrée, déroulant son récit de manière posée, épousant l’inéluctable descente aux enfers de Mr Thortonberry. De tous les odieux personnages que la série nous a donnés à contempler jusqu’ici, Ezra Thortonberry est sans nul doute le plus abominable. Il nous est détestable dès sa première apparition, et rien par la suite ne viendra infléchir cette impression. Vieux garçon aigri, il est d’un cynisme à toute épreuve. Ainsi, plutôt que de s’attendrir de l’annonce du décès de sa sœur, il s’enquiert de savoir comment elle est morte, lâchant un indélicat « C’est bon pour les affaires » lorsque son neveu lui apprend qu’elle a perdu la vie lors d’un accident de la route. Plus il y a de travail pour rendre un corps présentable lors de l’office funéraire, plus les prix montent. Et lui, l’argent, il adore ça ! A tel point qu’il s’y accroche avec férocité. Il use donc de tous les moyens possibles et imaginables pour économiser quelques sous, à commencer par ses propres prestations. Pour remplacer le liquide d’embaumement, jugé trop onéreux, il utilise tout simplement de l’eau du robinet. Quant aux cercueils qui représentent un coût important, il les fait venir de Taïwan. Ils sont certes plus petits et de moins bonne qualité mais s’avèrent meilleur marché, et lui permettent de s’offrir des marges conséquentes puisque il n’hésite pas à les vendre au même prix que des cercueils fabriqués aux États-Unis. Ezra n’est décidément pas homme à nourrir des scrupules. Et gare à ceux qui trouveraient à redire à son comportement ! A ses innombrables qualités s’ajoute une copieuse mauvaise foi qui ne souffre aucune contradiction, et qui ne craint pas d’en référer à la Bible à tort et à travers. Face à un tel condensé des pires tares de l’humanité, Bobby a bien du mérite, acceptant sans broncher des conditions de vie spartiates et d’être traité comme un moins que rien. Le pauvre encaisse coups et sarcasmes avec un calme qui force l’admiration, et sans jamais se plaindre. Un vrai petit ange qui ne saurait prendre ombrage des vexations quotidiennes perpétrées par ce diable d’oncle.

Épisode au manichéisme assumé, Les Pieds du cadavre souffre néanmoins de ce manque de nuance. L’intrigue se révèle sans surprise et, en dépit de quelques pointes d’humour noir salutaires, déçoit lors d’une conclusion guère à la hauteur de la méchanceté d’Ezra Thortonberry. Jack Sholder s’est ici contenté du minimum syndical, un minimum qui va malheureusement devenir son quotidien si l’on excepte le très plaisant 12:01 – prisonnier du temps, bref et méconnu rappel de son savoir-faire.

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