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Le Monde perdu : Jurassic Park – Steven Spielberg

mondeperdu The Lost World : Jurassic Park. 1997

Origine : États-Unis
Genre : Aventures
Réalisation : Steven Spielberg
Avec : Jeff Goldblum, Julianne Moore, Pete Postlethwaite, Richard Attenborough…

Jurassic Park 2 par Spielberg ? Quelle idée ! Pourquoi un réalisateur comme Spielberg, qui peut à peu près tout se permettre à Hollywood (il est vrai que ses désirs ne sont pas particulièrement anti-commerciaux) est-il venu donner lui-même une séquelle à un film, qui si il obtint un énorme succès, n’en demeure pas moins avant tout un film reposant entièrement sur l’effet de surprise ? Le mystère reste pour ma part entier. Sans particulièrement idolâtrer le premier Jurassic Park, on peut lui reconnaître de jouer pleinement le jeu du rêve d’enfant de Spielberg, celui de recréer le monde merveilleux des dinosaures. Se basant alors sur des effets spéciaux révolutionnaires, le réalisateur avait en 1993 donné vie avec un certain talent au monde des créatures d’environ longtemps avant notre ère. Mais en 1997, qui s’en soucie, de revoir à nouveau les dinosaures ? L’effet de surprise (voire d’émerveillement, diront certains optimistes) est passé, les effets spéciaux numériques sont fréquents, et il n’y a donc pas grand chose à attendre de Jurassic Park 2 si ce n’est plus de dinosaures, plus d’action… Les recettes classiques d’une séquelle.

Michael Crichton lui-même, auteur du roman Jurassic Park, sombra dans la facilité et surfa sur le succès de l’adaptation cinéma pour rédiger une séquelle qui fait davantage office de prolongement au film de Spielberg qu’à son propre livre. Ainsi, Ian Malcolm (le mathématicien) et John Hammond (le vieux constructeur du parc) reviennent d’entre les morts, offrant la bonne occasion de les ressortir dans une seconde adaptation. De là à penser que Crichton n’écrivit son livre que pour la perspective de le voir adapter à l’écran (et avec les revenus que cela suppose), il n’y a qu’un pas. Dans ces conditions, il était en effet fort difficile d’attendre quelque chose du Monde perdu. Même caché derrière la reprise d’un titre de livre signé Arthur Conan Doyle, on sent venir la nullité à plein nez. Et on ne se trompe pas : tout ici est conçu en dépit du bon sens. Le prétexte servant de justification à cette seconde aventure est tout bonnement atterrant, puisqu’un beau jour, John Hammond décide de convoquer Ian Malcolm pour lui dire qu’au fait, y’a une deuxième île avec des dinosaures dessus, et qu’il faut s’y rendre pour pouvoir prendre des photos des bestiaux avant que les nouveaux patrons de la société InGen, détentrice du concept Jurassic Park, ne finalisent leur projet secret de créer un parc en plein San Diego ! Malcolm est contraint d’accepter, puisque Hammond a préalablement pris soin d’y envoyer Sarah Harding, la copine du mathématicien pessimiste. Sur place, les choses vont donc mal se passer, surtout avec l’arrivée dans le même temps des troupes d’InGen chargées de ramener les dinosaures en Californie…

Oui, c’est très con, et Spielberg, bien conscient qu’il ne peut désormais plus fasciner qui que se soit, joue d’entrée de jeu la carte de l’aventure, aidé en cela par le scénariste David Koepp, qui déclara avoir bien compris les reproches de certains imbéciles disant que les dinosaures mettaient trop de temps à arriver dans le premier Jurassic Park. Il se contente donc d’expédier sa troupe de gentils sur l’Isla Sorna, en fait la réserve de l’Ilsa Nublar du premier film. Ce sont tous des écologistes crétins, qui mettront leur propre peau en danger à force de vouloir aider les dinosaures (“Oh tiens, un bébé tyrannosaure à la patte cassée, allez hop, on l’emmène à la caravane, on va lui poser un plâtre !”). En face d’eux, il y aura les méchants d’InGen, qui ne respectent pas les dinosaures comme ils le devraient, qui les méprisent et qui leur imposent de sévères traitements (quoi de plus scandaleux qu’un pacifique herbivore pouchassé et ligoté ?). Ecolos comme chasseurs chercheront donc les ennuis, et Ian Malcolm passera son temps à prévenir ses compagnons du danger qui les guette. A vrai dire, il n’aurait pas été là, cela n’aurait pas changé grand chose, puisque personne ne l’écoute (et Goldblum de refaire logiquement le même numéro comique qu’au premier film). Pas même sa gamine d’une dizaine d’années, qui a réussi à accompagner son père sans qu’il ne le sache (par contre elle arrive à casser la gueule à un vélociraptor en faisant de la barre fixe).

Spielberg trouve donc le moyen de montrer une relation familiale qui n’apporte strictement rien au film, si ce n’est une gamine horripilante, qui au contraire d’un des deux moutards du premier film ne s’y connait même pas en dinosaures. Mais c’était plus fort que lui, et il n’a pas pû s’en empêcher. L’intrigue étant d’une minceur que lui envirait un top modèle bulgare, tout le film est donc construit sur le mode du cache cache et de la fuite entre les humains et les dinosaures. On ne se soucie pas trop de ce qui se passe à l’écran, d’autant plus que le réalisateur lui-même filme ça avec bien peu de conviction. Seule une scène échappera au désastre, lorsque le cortège humain traverse les hautes herbes abritant les velociraptors. Ca ne prendra pas longtemps, mais on retrouvera là un peu le Spielberg des Dents de la mer (et ça donnera sûrement plus tard des idées à Victor Salva pour Jeepers Creepers 2).
Le comble du ridicule est pourtant atteint avec les Tyrannosaures, les vedettes du film (les autres bestioles sont peu concernées), dont le mode de vie familial est également abordé (le couple adulte veut retrouver son bébé !). Cela conduira notamment à un final en plein San Diego, qui emprunte beaucoup à King Kong et à Godzilla et qui démontre, s’il était encore besoin, que l’esprit de famille est plus fort que l’appât du gain. Même chez les dinosaures.
Catastrophique.

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