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Jurassic Park – Steven Spielberg

jurassicpark Jurassic Park. 1993

Origine : États-Unis
Genre : Aventure
Réalisation : Steven Spielberg
Avec : Sam Neill, Laura Dern, Jeff Goldblum, Richard Attenborough…

Le vieux millionnaire forain John Hammond s’apprête à ouvrir un parc d’attraction étant plus proche du zoo, puisqu’il propose de voir des dinosaures en chair et en os, récréés à l’aide de séquences ADN qui ne se trouvent pas sous les sabots d’un cheval mais dans de l’ambre conservé. Avant ouverture du parc, il demande à quelques personne de venir voir, pour tester. Il y a les deux scientifiques amoureux, le mathématicien-théoricien excentrique et sceptique, l’avocaillon qu’il est méchant, et les deux petits-enfants d’Hammond. Bien sûr, tout va partir en sucette et les dinosaures vont s’échapper et vont se montrer hostiles aux visiteurs…

Avant même la parution du roman Jurassic Park de Michael Crichton, nombreux étaient les studios et les cinéastes à s’interesser à l’adaptation cinéma (notamment Joe Dante)… Mais enfin bref, lorsque Spielberg se pencha sur le projet, celui-ci lui échut rapidement. Et vu sa réputation, il était dit que les moyens financiers et donc techniques mis à sa disposition seraient supérieurs à tout ce que l’on avait pu voir. Jurassic Park était donc à l’époque un film d’une ampleur considérable, semblable à celle du Terminator 2 de James Cameron, sorti en 1991. Et comme pour ce film, l’accent médiatique fut mis sur les effets spéciaux, révolutionnaires, avec l’apparition de la synthèse, de l’informatique, et autres méthodes que d’autres vous expliqueraient bien mieux que moi qui suis resté, réactionnaire que je suis, lâchement attaché aux monstres en animatronique et aux marionnettes en caoutchouc mou. Bref, Jurassic Park fut avant tout vendu comme un film à effets spéciaux. Mais, sachant que la presse et le grand-public sont avant tout intéressés par cet élément que par l’aspect cinématographique même d’un film, le cinéphile était en droit de se demander ce que Jurassic Park cachait derrière sa façade technologique. Car n’oublions pas que le réalisateur est quand même Steven Spielberg, unanimement reconnu par la critique, le grand-public, et le public cinéphile. C’est que le bonhomme, en termes de film d’aventures, est quand même à créditer des Indiana Jones. Sans oublier le plus ancien Les Dents de la mer, qui traite lui aussi de créatures monstrueuses qui bouffent de l’humain. Des exemples de mises en scène, et des classiques. Oui mais voila, depuis le dernier Indiana Jones et la dernière croisade, quatre ans se sont écoulés au cours desquels le bonhomme a commis l’insupportable Hook, film pour gamins têtes-à-claque et adultes niais. Un film calibré pour plaire à toute la famille, faussement féerique et encore plus mou que le caoutchouc dont je parlais plus haut.
Bref d’un côté Spielberg était le génie du film d’aventure, mais de l’autre côté il restait sur une bouse débilitante, et Jurassic Park était également un projet marketing (il n’y a qu’à voir le stock de gadgets sortis parallèlement au film) contenant également des moutards dans son scénario. Restait à savoir de quel côté allait pencher la balance.

Et bien c’est équilibré, dirais-je. Parlons tout d’abord de l’aspect négatif. Comme souvent, Spielberg utilise sa fameuse thématique de l’adulte resté en enfance, en la personne de Hammond, le vieil excentrique qui réalise son rêve d’enfant et le rêve de nombreux nenfants en redonnant vie aux dinosaures. Il a passé sa vie à avoir ce projet en tête, et pour lui, gérer un parc de dinosaures est pareil que de gérer un cirque de puces miniatures, comme lors de son début de carrière. A ce stade, on se dit que ma foi, plus qu’un adulte resté en enfance, ce vieux capitaliste est sénile. Mais pas grave, car après tout il n’est pas le centre du film. En revanche le couple de scientifiques (Neill et Dern), le sont dans une large partie. Des personnages transparents, stéréotypés, qui s’improvisent parents pour une nuit, celle où les dino s’échappent. Car c’est que les enfants restent en leur compagnie. Et comble de l’ironie facile, le type, Alan Grant, n’aime pas les gosses. Cela dit, au cours de cette nuit, il va apprendre à les apprécier, à les protéger, et même à se faire aimer d’eux. Baveux et niais, donc : c’est le Spielberg de Hook, ça. Passons aussi sur les raccourcis scénaristiques, pas dramatiques mais néanmoins existants (l’histoire de la clôture éléctrique censée repousser les dinosaures mais qui ne vient même pas à tuer le gamin !), et attardons-nous un peu sur les dinosaures eux-même. Bien sûr très réussis, et qui n’ont absolument pas l’aspect numérique de beaucoup de film sortis depuis. Les promesses techniques sont donc tenues. Mais après, encore faut-il les employer correctement. Là, le film manque énormément de méchanceté. Dans un premier temps, les personnages s’esbaudissent devant la découverte des dinosaures, dinosaures que Spielberg se complait à magnifier, d’ailleurs. Mais c’est logique, car après tout ça reste des dinosaures, et l’aspect enfantin recherché, la découverte suscitant l’emerveillement béat, justifie ce procédé. Et puis il faut admettre qu’en même temps que les personnages qui découvrent les dinosaures, le spectateur d’alors découvrait des SFGX jamais égalé, et les réactions des personnages et celle du spectateur sont donc parallèles. Donc à ce niveau, Spielberg utilise pleinement ses créatures. Cela dit, scénaristiquement parlant, ça pêche. Car les dinosaures sont méchants, quand même, merde, à la base. Et là, non. Ils épouvantent bien les protagonistes, certes, mais c’est tout. Leurs victimes sont juste les méchants caricaturaux, à savoir l’avocat coincé et le gros informaticien qui fait de l’espionnage industriel par qui tout a comencé. Le livre de Crichton est fortement attenué niveau violence, et c’est bien regrettable.

Pourtant, malgré ces gros défauts, le plaisir l’emporte. Le plaisir de ne pas être pris pour un con, comme dans Hook. Car l’attirail employé pour les aventures est tout simplement énorme. Les rebondissements mutiples, les dinosaures, superbes, en nombre, mais parfaitement distillés (ils sont présents sans être envahissants) et la photographie magnifique (une vraie atmosphère d’époque jurassique, avec forêt et végétations luxuriantes) font du film un véritable safari. C’est l’essentiel, après tout. La première attaque du T-Rex se paye même le luxe d’être une des scènes les plus impressionantes du cinéma d’aventure, principalement de part les proportions et la beauté esthétique du monstre, que la nuit et la pluie qui l’entourre contribuent à magnifier. Quant aux personnages, ils ne sont là que pour essayer de se démerder. Ne leur demandons pas le luxe d’être développées, contentons-nous d’apprécier qu’ils permettent d’amener de nouvelles aventures et de nouveaux dinosaures. Et puis il reste le personnage de Jeff Goldblum, Ian Malcolm, assez marrant (merci la VF de Goldblum, au fait) même si sa théorie du chaos, que ce soit les autres personnage ou le spectateur, ben tout le monde s’en fout.
Bref, Jurassic Park est donc une réussite qui impressionna le gamin que je fus, sans pour autant abuser de neuneuseries poussées comme dans Hook. Bien sûr, maintenant, on peut voir que le film manque de mordant (ce qui me fait dire encore une fois que Dante l’aurait réalisé avec Spielberg comme producteur, cela aurait été bien meilleur), et que la réflexion politique contestataire qui était dans le Mondwest de Crichton (la principale -auto-influence de Jurassic Park), qui pouvait également se retrouver en partie dans le bouquin, est totalement supprimée. Mais enfin il reste un gros, très gros film d’aventures, qui va au-delà des prouesses techniques. En fait Jurassic Park est une série B de très grand luxe.

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