CinémaScience-Fiction

La Chose surgit des ténèbres – Nathan Juran

chosesurgittenebres

The Deadly Mantis. 1957

Origine : États-Unis 
Genre : Science-fiction 
Réalisation : Nathan Juran 
Avec : William Hopper, Craig Stevens, Alix Talton, Donald Randolph…

Une action entraînant une réaction proportionnelle (c’est du moins ce que nous dit la voix off introduisant le film), l’éruption de volcans dans l’Atlantique sud provoque l’écroulement des falaises de glace au cercle arctique, libérant une mante religieuse géante qui s’empresse d’aller boulotter les scientifiques américains vivant sur place. Le Pentagone, ne disposant pas du même savoir que les spectateurs, dépêche sur place militaires et scientifiques pour découvrir l’origine des problèmes de contacts avec les hommes de l’Arctique. Après quelques hésitations, plus de doutes possibles : une mante religieuse géante est revenue à la vie et menace de partir en goguette à travers le continent américain.

Après un début de carrière sous le signe de l’horreur (The Black Castle avec Boris Karloff, en 1952), Nathan Juran prit quelque peu ses distances avec le genre, livrant quelques westerns et chipant à Roger Corman ce qui aurait dû être son premier film en tant que réalisateur, Highway Dragnet. Revenant dans le milieu du fantastique en 1957, il constate que les choses ont changé et que le gigantisme a envahi les drive-in. Inspiré, notre homme tournera alors plusieurs films (et même une série télévisée) sur ce thème, La Chose surgit des ténèbres étant le premier d’entre eux. Une entrée en matière qui en guise de seule originalité utilise des insectes trop souvent oubliés mais pourtant bien braves : les mantes religieuses, ces petites bestioles carnivores à l’aspect plutôt étrange. Une bonne idée que l’on doit aux scénaristes de Tarantula, l’un des modèles du genre. Cependant, probablement par manque d’argent, Juran se voit dans l’obligation de repousser l’envol du monstre de trois quarts d’heure, soit plus de la moitié du film. Durant cette première partie, le réalisateur se dispersera ici où là, utilisant tout un tas de subterfuges destinés à meubler l’attente du spectateur si possible de façon ludique. Nous avons donc droit à un résumé en mode propagandiste de l’arsenal de radars américains couvrant tout le nord des États-Unis jusqu’à une position avancée sur le continent Arctique. Saviez-vous que tout le territoire canadien était couvert par les radars américains, disposés en trois lignes distinctes, chaque ligne démarrant là où la portée des précédents radars s’arrête ? Non ? Et bien avec Nathan Juran, vous le saurez. A défaut d’avoir une incidence énorme sur le film, cette connaissance vous permettra d’accroître votre culture générale, ce qui est déjà bien. Bien sûr, en 1957, qui dit surveillance de l’Arctique dit également Union Soviétique. A défaut d’impliquer ces salauds de communistes mangeurs d’enfants dans la résurrection de la mante religieuse, Juran propose donc une répétition générale pour une guerre qui viendrait éventuellement du nord, soit par le pôle soit par l’Alaska, proche de la pointe orientale de l’U.R.S.S. Pour parfaire cette répétition (et accessoirement meubler cette première partie sacrément vide), le réalisateur laisse donc la parole à ses scientifiques (le Dr. Jackson) et à ses militaires (le Colonel Parkman), qui apprennent à connaître l’ennemi, en profitant au passage pour mettre l’accent sur l’énorme danger qu’il représente, nécessitant un état d’alerte permanent de la part des officiels comme des citoyens.

L’armée sera donc grandement impliquée dans la lutte contre l’insecte herculéen, avec tout un tas de stock shots de militaires au sol ou dans les airs s’affairant à faire marcher leurs engins de guerre. Pendant ce temps, nos héros, quand ils ne sont pas occupés à établir la réputation d’un monstre qui ne tardera plus à venir si le temps le permet, passent leur temps à pavoiser en compagnie d’une journaliste ne prenant visiblement la menace guère au sérieux. Ce qui amènera notamment nos trois lascars à ne pas remarquer l’odieuse bestiole qui les épie à travers la fenêtre de leurs bureaux. Avouons-le, cela ne fait guère sérieux. La Mante religieuse en convient, et, professionnelle jusqu’au bout des pattes qu’elle porte crochues, elle se décidera enfin à émigrer aux États-Unis. Pas folle, la guêpe : dédaignant les petits patelins, elle s’en prendra à deux symboles de l’Amérique, comme le feraient probablement les russkofs : Washington et New York. Nous assisterons ainsi au beau spectacle d’une mante religieuse géante surplombant les grattes-ciels New Yorkais ou escaladant le Washington Monument (cible privilégiée du cinéma de science-fiction). Il est cependant dommage qu’en cette occasion, Juran ne veuille ou ne puisse pas se consacrer aux destructions ou aux attaques, se contentant de brefs méfaits plutôt décevants (un bus retourné, un train dévié de ses rails -ce dernier en hors champ-). C’est à peine si nos héros en prendront ombrage, trop occupés qu’il sont à rigoler entre eux. La tant attendue invasion prendra donc des allures de pétard mouillé, en dépit de l’excellente allure de la mante, attribuable au talent de Fred Knoth, un artisan dont la carrière fut aussi courte que remarquable (avec L’Homme qui rétrécit de Jack Arnold et L’Oasis des tempêtes de Virgil Vogel).

Globalement, La Chose surgit des ténèbres se situe fort loin des meilleures productions de science-fiction des années 50. C’est bien dommage, tant la créature promettait de belles choses. On retiendra donc essentiellement le travail de Knoth ainsi qu’une affiche tout simplement superbe.

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