CinémaHorreur

The Wicker Man – Robin Hardy

wickerman

The Wicker Man. 1973

Origine : Royaume-Uni 
Genre : Horreur pagano-érotique 
Réalisation : Robin Hardy 
Avec : Christopher Lee, Edward Woodward, Britt Ekland…

Ce film doit tout à Roger Corman. Et je dis cela sans flagornerie aucune à l’égard de notre sympathique Khrouchtchev local, alias Loïc Blavier, mais l’histoire derrière le succès culte de ce film anglais devra beaucoup à l’Oncle Picsou du cinéma américain.

A sa sortie, le film a été qualifié par un critique américain de “Citizen Kane du film d’horreur”. La démarche de Robin Hardy le réalisateur, accompagné de son collègue Anthony Schaffer (les scénarios du Limier de Mankiewicz et de Frenzy de Hitchcock) était de faire un “anti film d’horreur”. Encore une fois, il est scientifiquement prouvé que les critiques sont des cons.

Mais revenons à l’histoire : Le sergent Neil Howie est appelé à enquêter sur la disparition d’une jeune fille, Rowan Morrison, sur l’île écossaise reculée de Summerisle. Chrétien intégriste, Howie est vite choqué par les mœurs très libres des habitants, pratiquants du paganisme celtique. A mesure qu’il se heurte au silence conspirateur des îliens et de leur seigneur, l’énigmatique Lord Summerisle, Howie en vient à soupçonner le pire. Et si Rowan avait été assassinée ?

Le film est un jeu de miroirs: miroirs de religions dont chacun se fait le prosélyte, miroirs de personnages ou Woodward et le négatif coincé et droit dans ses bottes d’un Christopher Lee ici méconnaissable et qui n’hésite pas à pousser une chansonnette des plus paillardes. Christopher Lee affirme haut et fort que ce film lui a offert son meilleur rôle, et il le maintient encore dans des interviews récentes. Le miroir rappelle aussi fortement De l’autre côté du miroir, le roman séquelle d’Alice aux pays des merveilles : “Alice/Howie explore un monde peuplé d’animaux humains qu’il ne comprend pas, suivant Rowan/le lapin, qui selon les habitants n’existe pas ou se serait réincarné… en lièvre. En lièvre de Mars, symbole de la folie chez Carroll et de l’étrangeté du film, typiquement britannique dans sa manière de tirer une ironie bizarre d’un matériau innocent. Comme chez les enfants, Howie sera écarté du jeu parce qu’il n’est pas comme les autres.” ( cf. DVDClassik )

C’est que ce film baigne dans une aura, un mystère qui a grandement contribué à son succès culte: Tourné dans des conditions climatiques éprouvantes à l’ouest de l’Ecosse en hiver 72, alors que l’action du film est supposée avoir lieu au printemps, le film est sauvagement remonté pour le rendre commercialement exploitable par la société EMI, alors propriétaire de la société de production British Lion. Le film est amputé d’un quart d’heure, et exploité en double programme avec un autre genre de chef d’oeuvre, l’ovnique Ne vous retournez pas de Nicholas Roeg. Grâce à l’acharnement d’une poignée de passionnés, de l’enthousiasme de Christopher Lee qui s’est personnellement engagé à payer leur place aux critiques que Robin Hardy et lui même contactaient pour faire de la pub au film. Roger Corman fut un temps envisagé pour la distribution du film aux Etats Unis, avant que sa légendaire pingrerie ne le perde. Il n’empêche, il sera directement responsable du sauvetage du film, possesseur qu’il est du seul négatif du film existant encore après que l’original ait terminé sous le béton de autoroute en construction près des studios Shepperton. !!! Si j’écris cette bafouille, c’est donc un peu grâce à Corman lui même. Si mon style vous importune, c’est de sa faute aussi.

Film quasi invisible pendant un quart de siècle, le film bénéficiera finalement d’une ressortie en salles, d’un passage au festival du Film Fantastique de Paris où il raflera le grand prix, et donc de cette réputation d’ovni mystico-pagano-paillard.

Car oui, il est beaucoup question de sexe dans ce film, et pas seulement parce qu’on y voit Britt Ekland complètement nue susurrant un de ces vieux airs folks écossais qui donnent au film ce cachet unique (la musique est signée Paul Giovanni et vaut son pesant de pétrole). Hardy et Schaeffer se sont inspirés des tradition préchrétiennes, du druidisme et des religions celtes : sexe libre et sans complexe, nudité assumée, croyance en la réincarnation, sacrifices rituels, communion avec la nature (et on communie mieux quand on est tout nu). Je vais décevoir ces dames, mais Christopher Lee reste désespérément habillé, même quand il se déguise en femme. Si.

C’est donc dans cet univers totalement décomplexé, ou l’idée même de religion est une aberration, que débarque le personnage du Sgt Howie, un chrétien si imbu de sa propre croyance qu’il se heurte sans cesse aux comportements hérétiques de cette bande de païens.

L’enquête de Howie va donc être placée sous le signe du choc des cultures et des idées, qui culminera dans le final au cours duquel fanatiques de tous bords seront tous d’une certaine manière renvoyés dans les cordes.

La musique, j’en ai déjà parlé, est essentiellement composée de vieux airs du folklore celtique, souvent paillards, et le film lorgne constamment du côté de la comédie musicale, une comédie musicale qui dissimule une “perversité” bien présente derrière ces airs inoffensifs et faussement innocent. LA chanson qui clôt le film, la chorégraphie sommaire qui l’accompagne sont un assez bon exemple de l’exemplarité et la pertinence de l’accompagnement musical du film, souvent assez déroutant, je dois l’avouer.

Pour finir, et pasque je serais un fichu hypocrite si j’osais affirmer que cette scène ne m’a pas marquée :

Anecdote croustillante : La jolie Britt, ex compagne de Peter Sellers, sortait à l’époque du film avec le braillard écossais Rod Stewart, qui a cherché par tous les moyens à se procurer toutes les copies du film existantes pour en supprimer cette jolie scène où sa douce moitié se balade nue. Allez savoir si c’est pour ses mêmes raisons que Britt est doublée pour tous les plans ou l’on a l’occasion d’admirer son fort joli postérieur (qui n’est donc pas dans le film celui de Britt, mais que je soupçonne d’être aussi émouvant).

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