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Robot Holocaust – Tim Kincaid

 

robotholocaust

Robot Holocaust. 1986

Origine : États-Unis / Italie
Genre : Post-Apocalyptique
Réalisation : Tim Kincaid
Avec : Norris Culf, Angelika Jager, Nadine Hartstein, J. Buzz Von Ornsteiner…

Alors que la guerre avec les robots a conduit à la fin de la civilisation, ce qu’il reste du genre humain vit sous l’emprise de Dark One, le chef robot qui les a réduit à l’esclavage en ayant acquis la possibilité de contrôler l’air respirable. La moindre contestation et hop, plus d’oxygène. Terrible. Le salut pourra venir de ce scientifique ayant trouvé un moyen de ne plus subir les coupures d’air grâce à une discrète invention de son cru qu’il aimerait produire à grande échelle. Hélas, au cours d’une coupure il s’est fait remarquer en restant le seul homme debout alors que tous les autres étaient tombés dans les pommes, y compris sa fille équipée du miraculeux gadget mais qu’il avait poussée à simuler l’évanouissement. Pourquoi lui-même ne l’a-t-il pas fait ? Mystère. Toujours est-il qu’il est embarqué manu militari pour être questionné à la “Power Station”, QG de Dark One qui règne par l’intermédiaire de Valaria, sa lieutenant. Dans le même temps, Neo, un héros tout droit venu des terres dévastées, embarque la fille du savant, un gentil robot, et quelques autres alliés, dont certains croisés en chemin pour aller régler son compte à Dark One dans son antre.

Ainsi s’essaya le pornographe Tim Kincaid à la série Z fantastique, sous l’égide du studio Empire qui allait aussi distribuer ses désastreux Mutant Hunt et Breeders, deux films qui souffrent finalement plus de l’extrême pauvreté de leur conception que de leurs scénarios outrageusement ridicules. Robot Holocaust, leur léger devancier (il est sorti en vidéo quelques mois avant Breeders), est fondu dans le même moule et, surtout à la vue de sa renommée pire encore que celle des deux autres, on aurait pu croire qu’il avait essuyé les plâtres du hardi mouvement que tenta Kincaid en sortant de son douillet milieu du porno. Mais à bien y réfléchir, comment Robot Holocaust pouvait-il être pire que Mutant Hunt, dernière des trois réalisations de Kincaid distribuées par l’Empire, franchement difficilement supportable ? Scénaristiquement, nous sommes en tous cas sur le même terrain glissant opposant un groupe de gentils et un groupe de méchants que le réalisateur veut mettre en relief par des choix hasardeux…

Dans la comparaison de deux nullités, à savoir celle-ci et Mutant Hunt (on mettra Breeders à part, car c’est tout aussi mauvais mais dans un style différent), le fait que Robot Holocaust s’affirme comme un “post-nuke”, avec tout ce que cela entraîne de costumes et maquillages ringards n’est pas déterminant dans la mesure où Mutant Hunt s’appuyait sur un bellâtre, une strip-teaseuse et un Eddie Murphy au rabais confrontés à une armée d’androïdes élastiques mutants sosies de Kim Jong-Il. Ici, nous sommes en compagnie d’un sous-Conan, d’un sous-Tarzan muet, d’un sous C-3PO, de deux amazones en fourrure (dont une sexiste extrémiste… c’est elle qui a coupé la langue au Tarzan de service) et d’une poignée de larbins désignés d’emblée comme d’inévitables victimes à venir. Tels sont les gentils. Face à eux, un Dark One qui n’existe pas (c’est une voix off incarnée dans un globe lumineux… à ne pas confondre avec la voix off qui explique épisodiquement ce que l’on voit à l’écran, et qui ne sert à rien si ce n’est à faire de la mauvaise audiodescription), deux tas de ferraille en guise de gardes, un monstre informe subordonné à une première lieutenante appartenant à la même famille que la méchante d’opérette que l’on trouvait déjà dans Mutant Hunt et qui est typiquement là pour insuffler une touche sexy inévitable lorsque l’on travaille avec un studio qui considère cela comme une clause majeure du cahier des charges. Bref, la faune de Robot Holocaust et celle de Mutant Hunt, c’est kif-kif… Elle est peut-être un peu plus nombreuse dans le premier nommé que dans le second, et la méchante en chef joue peut-être encore plus mal (elle n’a qu’un style de jeu : celui de la garce, avec gestuelle précieuse, yeux qui roulent et intonation qui montre que tout la fait chier), mais pas de quoi enfoncer ce qui est déjà au sol. Pour ce qui est de la cohérence, du bon goût et du service technique nous sommes également dans un amateurisme criant. Outre que l’intrigue ne rime à rien et laisse des trous béants (esclaves mis à part on ne sait jamais vraiment qui est capable de supporter les coupures d’oxygène et où ce procédé a vraiment cours) quand elle ne part pas dans des délires pittoresques (cette histoire d’amazone qui se voue au génocide des mâles, mais qui se trouve obligée de combattre en compagnie de plusieurs d’entre eux), elle fait étalage d’un manque de compétence flagrant. Les effets spéciaux sont calamiteux, aussi bien pour les cyborgs en caoutchouc que pour les divers monstres minimalistes croisés en chemin, au nombre desquels figurent une araignée géante dont on ne verra qu’une patte et des vers gloutons animés par des bras humains dans des marionnettes en latex. L’esthétique est épouvantable, entre les extérieurs sonnant faux (les gratte-ciels intacts du New York apocalyptique, la “Power Station” en trompe l’œil) et les intérieurs éclairés avec une rare criardise. Quant au côté “aventureux” de cette mission visant à la libération du genre humain, disons que le manque de budget n’excuse pas tout et que le héros ne fait pas preuve d’un grand héroïsme, se contentant de donner des coups d’épées ici ou là. Son sidekick cyborg a plus de mérite car plus de connaissance des lieux traversés, l’amazone qui l’accompagne fait preuve de plus de caractère à force de râler sur le sexe fort (de son entourage comme en général), et le Tarzan muet qu’il a sauvé attire plus l’attention que lui rapport à son excessive inutilité. En gros, c’est un héros transparent dépassé par ses troupes à tous les niveaux. Kincaid doit en avoir un peu conscience puisqu’il passe une grosse partie de son temps à filmer la vilaine Valaria en train de converser avec le mur dans lequel est encastré sa lumière de chef.

Robot Holocaust est un ratage intégral, digne des deux autres films fournis à Charles Band par Kincaid. Toutefois, je dois avouer sans honte l’avoir trouvé moins mauvais que son Mutant Hunt qui aurait pu en être la réplique “futuriste” s’il n’avait pas ajouté l’ennui d’une dispersion tous azimuts à ses innombrables tares. Car Robot Holocaust, pour épouvantable qu’il soit, se laisse suivre bien qu’il dure plus longtemps que Mutant Hunt. La raison en est sa linéarité. Les scènes durent le temps qu’il faut et son intrigue en haillons avance de façon compréhensible sans que le spectateur ne soit obligé de subir des coupes fréquentes pour suivre tel ou tel personnage secondaire qui brasse du vent dans une sous-intrigue posant de nouveaux contextes. La nuance est subtile mais le résultat est qu’incontestablement il n’y a pas d’ennui, le film pouvant justement reposer sur la fascination exercée par ses errements. Haché comme il l’est, Mutant Hunt ne se savoure même pas. En conséquence, il y a ici un amusement potentiellement supérieur, que Kincaid n’a hélas pas vraiment cherché à développer en adoptant une autodérision contenue, marque de fabrique du studio Empire et qui exige un minimum de savoir-faire que le bougre a été bien incapable d’acquérir.

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