CinémaErotique / XScience-Fiction

Robotrix – Jamie Luk

robotrix

Robotrix. 1991

Origine : Hong Kong 
Genre : Catégorie 3 / Érotique / Action / Comédie 
Réalisation : Jamie Luk 
Avec : Amy Yip, Chikako Aoyama, Hsu Hsiao Dan, David Wu…

Robotrix, késako ? Des robots tristes ? Des robots qui ont la trique ? Pas du tout ! Quoique, avec son cyborg violeur et bourrineur à mort de prostituées, on n’en est pas si loin. Mais en fait, la tendance serait plutôt aux gynoïdes, à savoir le pendant femelle de l’androïde, du genre jolie robote à gros seins, pour tout dire. Ce qui n’est pas plus mal. En lorgnant un peu du côté de Robocop pour ses dames et un peu du côté de Terminator pour monsieur, on pouvait facilement espérer, il y a 20 ans, accrocher un large public. Quelques scènes olé-olé là-dessus et hop ! Le tour était joué ! Pour satisfaire tout le monde, on finissait même par voir le zguègue très humain du zigue artificiel, qui aimait bien le tremper, son terrible engin, et pas dans un baquet d’huile de vidange mais plutôt dans des toisons ardentes, et fourailler jusqu’à la mort, et défourailler aussi d’ailleurs, pour un résultat similaire. Vous connaissiez Queue de béton ? Je vous présente Bite d’acier ! Trempé, forcément, à force de se planter dans toutes les miss qui passent et, hélas, trépassent.

Mais reprenons au début, avec cette grande foire aux androïdes attirant un roi du pétrole désireux de fonder une armée docile et sans peur. Tandis qu’il assiste à un combat homérique (une grosse baston, quoi) entre deux androïdes concurrents (l’Allemand contre l’Américain, tous deux aussi costauds que limités des neurones électroniques), son fils se prélasse en charmante compagnie dans une petite piscine, sous l’œil égrillard de quelques flics du cru et le regard mauvais de Sélina, inspectrice de choc chargée de sa protection, outrée par ses manières exhibitionnistes et sans vergognes.
Les androïdes disjonctent et deviennent sots, l’émir se retrouve en danger mais sauvé par… par quoi d’ailleurs ? Une gymnaste pratiquant les arts martiaux et le bondage sportif dans un costume évoquant vaguement celui que portait Peter Weller chez Paul Verhoeven ? Oui, quelque chose du genre ; une “robote”, tout simplement, conçue par une femme, Docteur Sara, qui espère pouvoir se lancer dans une production plus importante avec les brouzoufes du cheikh à moustache.

Sélina, de son côté, est tuée par une brute venue enlever le prince batifoleur. Et voilà que l’idée germe dans l’esprit de Sara, suivie par le chef de la police locale : transférer l’esprit de Sélina dans une gynoïde à son image, tout comme le savant fou japonais Sakamoto avait implanté le sien, après un seppuku en bonne et due forme, dans celui de la brute, androïde plus jeune, plus beau et beaucoup plus costaud que lui. Un criminel robotique d’un côté, une flic “robote” de l’autre, le duel peut commencer, d’abord à distance puis de plus en plus près…
Pour vaincre Sakamoto, Sélina n’est pas seule. Outre Docteur Sara et Ann, son assistante mécanique à gros roploplos, elle bénéficie de l’aide de son amoureux transi, l’inspecteur Joe, et de son équipe bavant comme des clébards devant un os de dinosaure à la vue de la plastique de ces drôles de dames. S’ensuit une scène de pure comédie légère où les flics en pâmoison s’accrochent au corps d’Ann et se collent à elle, impassible, et d’autres séquences encore où ces mâles visiblement frustrés joueront les voyeurs rendus tout foufous par la vidéo-surveillance d’une alcôve tarifée. Cet humour un peu pouêt-pouêt de sexy-comédie vient contrebalancer une action pas toujours très réaliste mais souvent assez spectaculaire, à l’instar de cette décapitation à la valisette en osier, qui sort un peu de l’ordinaire.

Du sang, donc, du sexe aussi, de l’action, de l’humour, bref, le cocktail idéal pour passer une soirée typiquement hong-kongaise pour un public pas trop difficile. L’affiche évoque même James Bond et ferait bientôt passer le brave Joe pour le héros dominateur régnant sur ses escort-girls. Il n’en est rien : Joe est du genre dépassé par les événements, meilleur amant que flic apparemment, s’adonnant aux vertiges de l’amour robotique (le post-amour ?) tout comme au vertige pur et simple lorsque, du haut d’une carrière ou d’une grue, il guette le méchant…
Il y a donc du bon dans ce film. Dans le rythme d’abord, assez soutenu, et dans les séquences d’action, ne cherchant ni la fioriture ni trop de justifications. Le quota de baston est rempli. Du bon, aussi, dans l’humour, avec le personnage de Chiot (sic), le petit gros de la bande de poulets, prêt à se déguiser pour se payer une soi-disant prostituée, en fait la belle Ann… Du bon, encore, dans certains décors, comme le laboratoire de Docteur Sara, son lieu de travail devenant la scène d’un viol technotronique (si cela a une quelconque signification…).
L’érotisme n’est pas à proprement parler très érotisant, plutôt brutal même, puisqu’à part la scène de bain du début et celle de la nuit de Joe et Sélina, les autres séquences offrant un peu de sexe s’apparentent plus à des scènes de viol, pas franchement ce qu’on a fait de plus excitant donc (mais pas non plus très réalistes, ceci dit, avec ce Sakamoto sacrément secoué s’accouplant sauvagement et multipliant les positions, histoire de montrer qu’il a lu le Kamasutra pour les nuls…).

L’atout de Robotrix réside dans cet aspect très premier degré et son caractère d’exploitation pure et simple : l’action commence dès les premières minutes et ponctuera le film en crescendo, parfois bien sanglante et crapoteuse, comme lorsque Sakamoto s’empare d’une énorme perceuse-foreuse ; l’humour fera de même, aux dépens de ses personnages masculins le plus souvent, caricatures de mâles en rut, n’ayant pas peur de sombrer dans le lourdaud pour mieux préparer le terrain au drame ; le sexe offrira même du poil ! (assez rares à l’écran dans ces contrées), mais aussi de la volupté et du romantisme cliché, avec appartement aux murs tendus de tentures blanches et musique sirupeuse de circonstance ; quelques combats spectaculaires bien sûr, avec voltigeurs et valdingueurs que les coups de pied ou de poing envoient à 10 mètres de là (sans que l’on ne voie trop souvent les câbles…).

Mais cet atout est aussi son principal défaut ; tout est calibré pour que le cahier des charges soit bel et bien rempli : Pif ! Paf ! Tchac ! Han han han ! Oh ouiiiiii ! Sblam ! Sblam ! Scrouitch ! Schlicka, schlicka ! Pan ! Crac ! Fsssssssss ! Kiaiiiiiiiiiii ! Ou, en version française : de la baston, des coups de rein, des coups de feu, du sexe brutal, des côtes cassées, une bielle coulée, et un cri qui tue (d’ailleurs absent mais je le trouvais joli et j’avais envie de le rajouter). Rien de bien transcendant, donc, mais un spectacle sympathique nous faisant profiter des charmes de la belle Amy Yip (Sex and Zen, Erotic Ghost Story), de la dégaine un peu paumée de David Wu (Le Sens du devoir 5), de celle, beaucoup plus brutale et impassible, de Billy Chow (Her vengeance), le tout sur fond de science-fiction du pauvre non dénuée d’auto-dérision (comme dans cette scène où Ann ouvre la bouche pour montrer son intérieur mécanique plus bricolo que techno). C’est à la fois gentillet et violent, dramatique et humoristique, érotique et vaguement malsain, c’est un peu tout ça sans être beaucoup plus. On regrettera quand même que le scénario, comme souvent, soit un tantinet léger et pas vraiment tiré au cordeau. Mais bon, c’est une petite curiosité qui se laisse facilement regarder et apprécier pour ce qu’elle est : une petite curiosité.

 

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