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Scanners 2 : La Nouvelle génération – Christian Duguay

scanners2

Scanners II : The New Order. 1991

Origine : Canada 
Genre : Thriller horrifique 
Réalisation : Christian Duguay 
Avec : David Hewlett, Yvan Ponton, Deborah Raffin, Isabelle Mejias…

Doté du talent propre aux scanners, c’est à dire la télépathie et la capacité de contrôler les humains à la seule force de son esprit, l’étudiant vétérinaire David Kellum (David Hewlett) massacre les deux salopards qui avaient osé s’en prendre à sa petite amie Alice (Isabelle Mejias) au cours du braquage d’une épicerie. Filmé par les caméras de surveillance, il est repéré par l’Inspecteur John Forrester (Yvan Ponton) et le Dr. Morse, qui travaillent main dans la main pour trouver le scanner parfait, celui qui obéira docilement sans avoir à être drogué et ainsi perdre petit à petit ses facultés. Ayant enfin trouvé un sens au don qu’il percevait comme une malédiction, David commence donc à travailler pour Forrester, lequel souhaite instaurer un “nouvel ordre” social pour endiguer le crime dans la ville. Il perdra un peu de son enthousiasme après avoir été contraint de forcer le maire à nommer Forrester comme responsable de la sécurité municipale. Et il sera carrément dépité lorsqu’il sondera l’âme de Forrester, découvrant la crapule qui sommeille en lui. Drak, un scanner psychopathe récemment enrôlé par Forrester avait raison : il n’y a rien de bon chez ce flic qui a déjà relégué pas mal de scanners au rang de légumes entassés dans les sous-sols de la clinique du Dr. Morse.

Il lui en aura fallu, du temps, au père Pierre David pour donner une suite à Scanners, qu’il avait produit en 1981. Dix ans tout rond ! Autant dire qu’il a raté l’occasion de créer une franchise canadienne qui aurait pu s’avérer rentable au moment où les séquelles horrifiques avaient le vent en poupe, c’est à dire quelques années plus tôt. Résultat, arrivé trop tard, Scanners 2 se voit directement relégué aux rayonnages des vidéo clubs, chose somme toute logique compte tenu de l’ambition du produit. Dès la première scène, le réalisateur Christian Duguay, qui connaîtra plus tard une brève renommée avec Planète Hurlante mais qui n’était alors qu’un débutant dans le long-métrage, prend le contrepied du film de David Cronenberg. D’une œuvre froide, minimaliste et confidentielle (du moins dans son atmosphère), on passe à une série B fantastique mâtinée d’action dans laquelle un gaillard en dreadlocks prend le contrôle mental de toutes les machines d’une salle d’arcade et envoie voler les vigiles à travers la pièce, sous le regard médusé de l’assistance et les spotlights rouges orangés du plafond. C’est tout Scanners 2, ça : au diable la retenue, place au spectacle. Sans grande inspiration, Duguay reprend ainsi les quelques pistes laissées par Cronenberg et les développe pour faire du gore un des point central du film. Ainsi, il ne manque pas de montrer non pas une mais deux têtes qui éclatent, en référence à l’instant le plus connu du premier Scanners. Il reprend aussi et surtout les veines qui gonflent et les visages qui se déforment, démultipliant ce genre de scènes et insistant beaucoup sur les déformations, qui aboutissent à diverses défigurations disgracieuses. Les luttes entre scanners sont décidément fort nombreuses et plutôt que d’insister sur le duel psychologique comme le faisait Cronenberg, Duguay ne s’intéresse qu’au spectaculaire, inventant même le contrôle d’un humain “normal” par un scanner pour combattre un autre scanner à distance. Conséquence : banalisés, prévisibles, tous les conflits échouent à créer le choc et finissent par lasser. Bien entendu, cela éloigne également le film du thriller : pendant une bonne partie (disons 45 minutes) il n’y a qu’un empilement de scènes purement fantastiques et l’histoire personnelle de David Kellum progresse à un rythme d’escargot. Il est pourtant évident dès le début que Forrester et Morse n’ont pas de bonnes intentions, mais Duguay se sent bien trop à l’aise en roue libre pour en faire prendre conscience à son héros, ce qui l’aurait obligé à travailler son scénario. Il préfère donc se contenter du minimum, ne donnant même pas de quoi sympathiser avec le personnage de David Kellum, que l’on ne sent pas particulièrement dérangé par ce qu’il considère au début comme des migraines. Le don des scanners ne l’a en tout cas pas empêché de s’intégrer à la société, dans son école de vétérinaire où il devient le petit ami d’Alice, laquelle ne servira en fait qu’à se faire prendre en otage plusieurs fois, histoire de justifier quelques combats télépathiques.

Le grand méchant manipulateur, Forrester, est lui aussi du genre fasciste caricatural, évoquant vaguement le Greg Stillson de Dead Zone sans disposer du charisme de Martin Sheen (c’est pourtant pas faute d’avoir mis au point un projet mégalo). Quant à Drak, le scanner psychopathe, il reste ambigu : il est sous la coupe de Forrester mais sa nature rebelle le rend imprévisible. On s’attend donc logiquement à le voir devenir l’élément décisif dans la rébellion de David, ce qui inquiète par avance compte tenu du jeu d’acteur aussi médiocre qu’expansif de son interprète Raoul Trujillo, qui ne peut s’empêcher de faire les pires grimaces dans les scènes de “scan”. Et bien non : quand vient le moment de passer à la vitesse supérieure, Duguay ne fait pas les choses à moitié et révolutionne carrément son film, qui pendant quelques minutes porteuses d’espoir semble se réorienter vers le thriller froid à la Cronenberg. David se retrouve esseulé, il quitte la ville pour la campagne et ses parents, traqué par Drak et peut-être par Forrester. L’espoir est de courte durée, la faute à la volonté de Duguay de rester toujours “hyperactif”, cette fois à l’aide de rebondissements vaseux pour relancer la machine. On apprend que David est en fait le fils de Cameron Vale et de Kim Obrist, le héros du premier film, qu’il a une soeur prénommée Julie qui elle-même a un petit ami scanner porté disparu qui se trouve en fait dans la clinique du Dr. Morse, puis que Drak a pris le parti de Forrester (pourquoi ? mystère). Tout ceci en très peu de temps, ce qui souligne l’aspect bricolé de tous ces rebondissements en même temps que la futilité de la première partie. Si ce n’est pour quelques banalités puériles (c’est dur pour un scanner d’être amoureux d’un non scanner) Duguay ne se penche jamais sur la différence qu’éprouvent les scanners. David Kellum pourrait aussi bien s’appeler Alex Murphy et être le Robocop que cela ne changerait fondamentalement rien à l’affaire, si ce n’est que nous n’aurions pas droit à l’avalanche d’effets spéciaux gores (plutôt bien faits admettons-le) qui forment le clou du spectacle ni au stupide dénouement qui aurait aussi bien pu intervenir plus tôt.

Scanners 2 est une séquelle typique, tristement prévisible : un scénario plein de clichés (personnages inclus), aucune ambition autre que celle de l’action, un lien ténu avec le premier film (le personnage purement narratif de Julie) histoire de justifier le titre… Duguay a le mérite de ne pas ennuyer, mais ce n’est pas ça qui empêchera son film d’être une série B médiocre.

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