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Mondo Cannibale – Jess Franco

mondocannibale

Mondo Cannibale. 1980

Origine : Espagne / France / R.F.A.
Genre : Mondo et cannibale
Réalisation : Jess Franco
Avec : Al Cliver, Sabrina Siani, Jérôme Foulon, Shirley Knight…

Réédité dans une copie dégueulasse (transfert de VHS stockée dans une bassine remplie d’eau au fond d’une cave et cadrée par un aveugle parkinsonien) mais très bon marché chez Eurociné Paris, ce film de Jess Franco surfe sur la vague tsunamiesque des mondos et autres films de cannibales de la belle époque.

Il est ici question d’une petite famille naviguant sur les rives dangereuses d’une contrée inhospitalière. Sauf que manque de pot, au moment où on commençait à apprécier les images de vacances de Franco sur son voilier, de méchants cannibales débarquent avec une discrétion des plus fourbes et, non contents de trucider l’équipage, ils entreprennent de manger vivante et donc crue la femme de notre bien imprudent héro. Celui-ci sera enlevé, dépossédé de son bras gauche jugé inutile et s’échappera pour être retrouvé et soigné en zone plus civilisée (entendez là où on coupe et cuit la viande avant de la manger).
Traumatisé par la mort de sa femme et la disparition de sa fille, il n’aura de cesse de repartir sur les lieux du drame pour retrouver sa progéniture.

Jusque là rien de bien choquant, un scénario classique assez intéressant dans ses aspects dramatiques, mais là où ça se dégrade sérieusement c’est au niveau de la mise en scène.
Il ne faut déjà pas être très exigeant au niveau de la cohérence. On passera sur le fait qu’on ne sait pas très bien pourquoi les personnages sont allé se balader dans cette contrée inhospitalière au risque de créer un trouble familial pire qu’un mauvais divorce, mais pourquoi les mécènes originels après l’avoir envoyé chier, se jettent sur lui pour l’accompagner dans la recherche de sa fille est une question à laquelle il nous est difficile de répondre. Pire, pourquoi sa fille, devenue entretemps une incarnation de divinité (blancheur et blondeur obligent) dans la tribu qui l’a recueillie a grandi de 5 ans au bas mot alors que son père ne cultive qu’une barbe de quelques semaines (l’un des personnages, se référant à une séquence datant du retour du père après le drame, dira “l’autre jour”).

Admettons que je sois dans un jour de bonté et que j’oublie ces maladresses et ce montage peu clair sur l’élément temporel, je ne peux me résoudre à supporter ces stocks-shots de serpents, crocodiles, singes, travelling urbains constants; ces cannibales bien souvent trop pâles, maquillés comme des catcheurs et possédant une collection de crânes en plastique qui, s’ils possèdent le volume requis pour loger le cerveau d’un présentateur de télévision, n’en sont pas moins trop petits et trop mous pour être crédibles.
Pourtant le film possède ses bons moments de comédie : une VF assez savoureuse, des explorateurs marchant en rangs serrés qui se retrouvent seuls et isolés sur le plan suivant, des bagarres ridicules et un jeu intéressant consistant à deviner ce qui est filmé pendant les longs et trés gros plans des scènes de cannibalisme.
Car ce qui marque le plus dans ce film, ce sont bien ces gros plans où le cannibalisme est assimilé à un acte quasi-sexuel dans lequel la bestialité est sublimée par des râles et grognements significatifs. Mais pour soutenir ces intentions, encore aurait-il fallu soigner le reste du film qui franchit allègrement le cap de l’ennui et du ridicule sans pour autant mériter l’attention indulgente teintée de bonheur et qui pousse à qualifier un film de nanar… Ici on est dans le mauvais bis, rien à ajouter.
En bref, trop d’ennui et de maladresses pour être crédible ou prenant, un thème déjà abordé avec beaucoup plus de talent (Cannibal Holocaust) ou d’humour (Land of the Dead de Mattei)
Très décevant. Cette sensation étant par ailleurs accentuée par cette copie lamentable qui ne vaut d’ailleurs même pas les quelques dizaines de centimes d’euros avec lesquelles on peut se l’offrir.
En définitive, désastreux.

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