CinémaHorreur

Innocent Blood – John Landis

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Innocent Blood. 1992

Origine : États-Unis 
Genre : Fantastique 
Réalisation : John Landis 
Avec : Anne Parillaud, Anthony LaPaglia, Robert Loggia, Chazz Palminteri…

Les premières secondes d’Innocent Blood sont trompeuses : dans son appartement new-yorkais décoré de façon gothique, la gentille vampirette Marie (Anne Parillaud) se promène entièrement nue en nous faisant part en voix off de ses états d’âme. On pense alors se diriger vers un film de vampires romantiques, d’autant plus que le Dracula de Coppola, produit la même année, allait inaugurer cette nouvelle mode, appelée à se prolonger deux ans plus tard par l’Entretien avec un vampire de Neil Jordan. Mais que nenni : à la fin de cette scène, Marie nous annonce que ce soir, elle mange italien, et qu’elle va donc aller s’approvisionner chez les mafieux italiens. L’orientation du film est donnée : ce sera une oeuvre fantastique, aussi bien qu’un film de gangster et qu’une comédie. Un mélange plutôt difficile à réussir quand l’on regarde les intentions de Landis, qui cherche à la fois à ne pas livrer une grosse parodie, ni un film trop ouvertement horrifique, ni un polar qui se voudrait aussi subtil que Le Parrain. Innocent Blood est un film bizarre, décalé, qui se déroule souvent de nuit, dans une New York à l’ambiance jazzy assez rétro. Il n’y a pas vraiment de personnage central : ils sont trois à se partager cette tâche. Marie, comme annoncé, part donc mordre un mafieux, entretenant la pagaille au sein du clan mené par Salli Macelli (Robert Loggia), récemment trahi par Joe Gennaro (Anthony LaPaglia), en réalité un flic infiltré. Ca pourrait en rester là pour Marie si elle ne décidait pas de continuer à manger italien et de s’attaquer directement à Macelli. Mais les choses ne se passeront pas comme elle le souhaite : déjà elle ne parviendra pas à tuer le parrain local, qui va devenir à son tour un vampire, et ensuite elle va se faire surprendre par Gennaro, qui tente de coffrer son ancien boss. Marie et Gennaro vont donc faire équipe pour empêcher un Macelli devenu vampire de faire main basse sur la ville en mordant à son tour tous les membres de son clan…

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Beaucoup de choses à signaler, ici : déjà, Marie n’est pas une vampire classique. Elle répond plus ou moins à tous les codes du genre, mais elle ne se distingue pas par sa personnalité. C’est juste une femme normale, un peu taciturne sur les bords, qui se nourrie comme elle peu, sans trop de complaisance ni de remors. Elle sera en tout cas bien plus interessante pour l’énorme touche sexy qu’elle apporte au film : la très belle Anne Parillaud n’est pas avare de ses charmes, et son jeu tout de fausse naïveté et d’ironie mordante s’intégre très bien dans cette intrigue, la dotant d’une femme fatale venant affoler les mafieux puis Gennaro, l’ancien flic infiltré, et clairement le point faible du trio de personnages principaux. Un peu dépassé par les événements, il ne sera qu’une aide providentielle et qu’un amant pour Marie, notamment dans une scène très réussie, à la fois chaude et comique. Le troisième est Macelli, vieux parrain qui profitera de son vampirisme pour prendre totalement son pied dans son boulot, alors qu’il était sur le point de se faire arrêter. Robert Loggia est excellent, et sa résurrection à la morgue sous le regard étonné du médecin légiste vaut son pesant de cacahuètes, tout comme ses nouvelles relations avec les membres de sa famille, médusés par le regain de vie de celui qu’ils pensaient clamsé…
Landis ne verse jamais totalement dans les trois genres qu’il illustre à l’écran : l’intrigue policière (également à tendance film noir) est simpliste et le fantastique n’est que l’élément venant détourner les codes du genre pour aboutir à une comédie assez subtile, sans énorme gag. Tout réside en réalité dans le détournement des stéréotypes, chose qui n’empêche pourtant pas Landis de connaître et d’apprécier le cinéma de genre auquel il s’attaque ici, comme le prouvent par exemple les très nombreuses télévisions intégrées dans le récit, et qui montrent bien souvent des classiques de l’épouvante (le Dracula de Browning, Le Cauchemar de Dracula de Terence Fisher), ou du policier (L’Inconnu du Nord-Express de Hitchcock, Le Fantôme de la rue Morgue de Roy Del Ruth). Bref, l’équilibre entre ces trois genres cinématographiques est permanent : le réalisateur ne fait jamais passer l’un au dessus des autres, et il n’en oublie jamais au passage. Une fusion subtile et réussie, qui remplit aisément les cotas demandés (de l’action, du gore, des situations impensables…), avec un léger bémol pour des effets spéciaux parfois assez ratés, principalement lorsque la face vampirique de Marie se manifeste à travers des yeux colorés et une voix grave façon travesti.
Nous avons là un film assez humble, assez référentiel, et donc typique du style de John Landis, qui par ailleurs en profite pour offrir quelques jolis caméos à des gens comme Tom Savini, Sam Raimi, Linnea Quigley, Frank Oz (le ponte derrière les Muppets), Forrest J. Ackerman (qui est à John Landis ce que Dick Miller est à Joe Dante). Hautement réjouissant.

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