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Inside Man – Spike Lee

insideman

Inside Man. 2006.

Origine : États-Unis
Genre : Policier
Réalisation : Spike Lee
Avec : Denzel Washington, Clive Owen, Jodie Foster, Christopher Plummer…

Premier film de commande du génial réalisateur new-yorkais, Inside Man est une véritable réussite. Ni plus ni moins. Alors quand on lit que Spike Lee va faire un film de commande, on reste pourtant un peu perplexe, parce qu’il représente l’homme libre, que dis-je, le cinéaste libéré, celui qui a su faire carrière loin des grands studios, loin de la grande machine hollywoodienne.

C’était mal connaître notre Spike Lee adoré ! En effet, Inside Man est bel et bien un film grand public, une pure commande des studios, mais la force de Spike Lee, c’est d’avoir su faire de ce film un vrai film d’auteur, dans lequel il peut placer ses sujets de prédilections : New York, racisme, intolérance, etc…, avec en plus des moyens conséquents (45 millions de dollars tout de même !). Et le réalisateur a su profiter de cette opportunité, pour nous servir un vrai film de divertissement, qui nous montre un New York de l’après 11 septembre 2001, toujours en lutte avec ses démons (comme l’avait si bien fait sa magnifique 25ème heure).
Car ce qui fait aussi la force de ce cinéaste c’est de savoir montrer sa ville comme personne, pas même Woody Allen.

Ainsi, fort de l’appui du studio Universal, Spike Lee s’entoure d’un casting prestigieux, et fait d’un film de braquage (de plus ?), un film de braquage pas comme les autres. Énumérons les atouts de ce film, de façon évidemment non exhaustive : première force, je viens d’en parler, son casting donc. Seconde force, son scénario, intelligent, manipulateur, drôle parfois, ne tombant jamais dans la surenchère, toujours juste, toujours au service de l’image. Troisième force, le montage, qui donne au scénario toute sa puissance, mais un montage tout en finesse, sachant jouer sur les flashs back, pour nous manipuler un peu plus. Quatrième force, la réalisation astucieuse et originale, des plans malins, nouveaux, je n’avais pas vu les bâtiments d’une ville aussi bien mis en valeur depuis Les Incorruptibles de Brian de Palma ! C’est dire !

Bref. L’histoire ? Inénarrable ! Mais essayons… Un homme (Clive Owen) imagine le braquage de banque parfait, et va le mettre à exécution. La police (menée par Denzel Washington) va chercher à négocier suite à la prise d’otage dans la banque. Les voleurs habillent tous les otages de la même manière, pour ne pas pouvoir différencier, otages et cambrioleurs. A cela s’ajoute une femme (Jodie Foster) chargée de protéger les intérêts du Président de la banque volée, qui aurait des choses importantes dans son coffre qu’il ne faudrait pas dévoiler à la police et au public. Ainsi se crée une intrigue maligne dont on regrette qu’elle finisse par s’arrêter !

C’est un film très astucieux et très amusant à regarder. On cherche à trouver la solution très vite (comment vont-ils sortir de la banque sans se faire prendre ?), nous, habitués aux films de braquages, genre Ocean’s 11 et 12 (Soderbergh), alliant la manipulation (par le montage) et une intrigue discrète et efficace. On pense aussi à L’Arnaque (de George Roy Hill, avec Paul Newman et Robert Redford), à Bandits (Barry Levinson) ou Les Associés (Ridley Scott). Et c’est là l’intérêt de tous ces films, c’est qu’ils usent et abusent le spectateur pour nous tromper. Et Spike Lee le fait à merveille ! Impossible de deviner la fin !

Mais, et c’est là que le film prend une toute autre dimension, ce n’est pas qu’un film de divertissement. C’est aussi un film engagé, réalisé par un cinéaste engagé. Ainsi, Spike Lee se permet de montrer à travers les différents personnages ce que New York a de plus complexe : un passé trouble et compliqué, parfois pas très glorieux. Ainsi, Spike Lee parle de racisme, mais surtout de l’angoisse qu’a la police face à un Noir, ou un Arabe, confondant souvent un simple Sikh avec un Arabe dans lequel ils voient un terroristes porteur de bombes. Et puis aussi ce flic, effrayé par un enfant noir, qui lui avait tiré dessus à bout portant, un gosse, tout juste un adolescent. Spike Lee nous montre une ville traumatisée par des années de violences aussi diverses et variées, violences sociales ou internationales. Et puis là où on ne l’attendait pas, Spike Lee nous parle de l’héritage des juifs, de ce que la Seconde Guerre Mondiale a laissé comme traces… Mais là, je n’en dirais pas plus. Il faut voir le film !

Au final, un film envoûtant, génial et grandiose ! A voir et à revoir, et à montrer dans les écoles de cinéma !

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