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Chasseurs de tornades – Noel Nosseck

projettornado

Tornado !. 1996

Origine : Etats-Unis
Genre : Film catastrophe
Réalisation : Noel Nosseck
Avec : Bruce Campbell, Shannon Sturges, Ernie Hudson, L.Q. Jones…

Sam Callen (Shannon Sturges, petite-fille de Preston) débarque dans un patelin au nord du Texas pour faire son travail. Elle bosse pour le gouvernement, et elle doit vérifier que les fonds attribués à la recherche ne sont pas dépensés en vain. Sa mission au Texas est de contrôler les travaux du Dr. Branson (Ernie Hudson), qui tente de mettre au point une machine (la PATTI) capable entre autres de prévoir les tornades et d’en anticiper la direction. Officieusement, elle a reçu ordre de trouver une excuse pour mettre fin au financement de Branson. Mais sur place, confrontée aux effets désastreux des tornades et sous le charme de Jake Thorne le chasseur de tornades (Bruce Campbell), elle doit bien vite se raviser.

Twister n’était pas encore sorti qu’il s’était déjà fait griller la politesse par deux fois, avec Night of the Twisters et Chasseurs de tornades. C’est que le film catastrophe faisait son grand retour sur les grands et les petits écrans, et que les producteurs de tous poils étaient au taquet. Pas question de manquer l’évènement ! Il faut profiter de la révolution numérique pour concurrencer les grosses cylindrées ! Diffusé 10 jours avant la sortie du film de Jan de Bont, Chasseurs de tornades est celui qui lui ressemble le plus. Déjà, le film s’ouvre sur une maison et une famille détruites par une tornade (ça, je leur aurais bien dit… fallait pas habiter “Tornado Alley” !). Ensuite, nous y trouvons le même genre de machine qui était au cœur de Twister, et qui est par ailleurs basée sur une véritable expérimentation des États-Unis. Enfin, il y a la figure de l’homme marqué à vie par la mort d’un de ses parents, enlevé par une tornade, et qui cherche vengeance. Voilà les principales resucées… Le reste n’en est pas exactement, puisque c’est le genre de choses que l’on trouve dans d’innombrables films catastrophes, voire au-delà. Chasseurs de tornades ne brille pas par son originalité, mais il l’a bien cherché. C’est ce qui arrive quand on essaye de copier sur ses camarades sans pouvoir ni vouloir aller au-delà. Noel Nosseck, le réalisateur, ne sait de toute évidence pas quoi faire de ses tornades et de ses chasseurs de tornades. Réussir à placer une machine sur le chemin de l’une d’entre elles est un objectif franchement trop dérisoire pour intéresser quelqu’un, surtout que le docteur Branson demeure un personnage transparent, dont la principale occupation au long du film est de visser et dévisser son engin. Doté d’un stagiaire informaticien encore moins étoffé que lui, il ruine complètement les velléités scientifiques d’un film qui affiche pourtant des ambitions écologiques énoncées clairement avec des avertissements écrits (un en guise d’introduction et l’autre au générique de fin) signalant l’importance des recherches sur les tornades en ces temps de troubles climatiques. Ce procédé ne vient pas en complément du film : il y ajoute un sous-texte qui n’y est pas soulevé du tout. Le pourquoi du réchauffement climatique est une question bien trop large pour être abordée, sans parler de son lien avec l’apparition des tornades. C’est tout juste si l’on a droit à une explication extrêmement vulgarisée -donc à vérifier- du phénomène des tornades (de l’air chaud venu du Canada, de l’air froid en provenance du Golfe du Mexique, du vent pour secouer bien fort, et vous avez de quoi souffler une ville). En revanche, Nosseck s’engouffre dans la brèche ouverte par le personnage de l’envoyée gouvernementale… Le gouvernement veut nous mentir ! Il cherche à dissimuler le réchauffement climatique, dont les solutions coûtent trop cher ! C’est pas bien !

En 1996, nous sommes en plein dans la vague X-Files, et dénoncer des complots gouvernementaux, également souvent de mise dans les films catastrophes, ne mange pas de pain. Ça permet surtout à Chasseurs de tornades de meubler un peu son scénario tout plat… Il le fait bien entendu par l’intermédiaire de Sam, la fameuse agente, qui révèle assez vite son bon fond. Sans surprise, elle s’amourache du personnage de Bruce Campbell, de son authenticité texane, de son courage, de sa bonne morale, qui lui transpercent une carapace de bureaucrate étatique bornée et guindée qu’elle n’avait revêtue que pour réussir sa carrière. Mais avec le chasseur de tornades, elle se décide enfin à redevenir elle-même et à finalement passer outre les véritables objectifs de sa mission sur place. Symbole de ce qu’elle rejette, le présentateur météo du coin est un petit con propre sur lui, prétentieux et carriériste qui n’hésite pas à tourner les dommages humains et matériels en sensationnalisme racoleur. Et en plus il a l’audace de la draguer sans délicatesse. C’est un vilain concret qui s’ajoute au vilain gouvernement, présent uniquement par les révélations faites par Sam. Aussi simplistes et stéréotypées soient ces relations entre les personnages, elles constituent le véritable enjeu du film, les tornades étant réduites à une toile de fond permettant aux gentils de montrer leur gentillesse et aux méchants leur méchanceté. Et bien entendu aux personnages secondaires d’être des victimes collatérales, histoire de faire semblant qu’il se passe quelque chose. C’est le cas d’un couple d’amis de Jake Thorne, et ça le sera aussi pour grand-père Thorne, celui qui recherche la vengeance sans trop savoir comment s’y prendre, et qui par dépit passe son temps à l’écran à considérer les tornades comme des monstres géants humanisés. Très solennel, le papy. Dommage que ses grandes phrases ne soient pas suivies par des faits.

Mettre l’accent sur des choses dont tout le monde se fout, insipides et à la place disproportionnée est bien le propre des mauvais films catastrophes incapables de s’en tenir à leur sujet. Puisque tous ces défauts répondent ici présents, il ne faut dès lors plus s’attendre à ce que les scènes de tornades soient majestueuses. Mais on pouvait en douter compte tenu que nous avons affaire à un téléfilm dont les moyens mis en œuvre sont loin de ceux de Jan de Bont… Dans le meilleur des cas, nous passons donc d’un stock shot de tornade à la conséquence de son passage, sans passer par la case “destruction massive” mais en passant par la case “écran noir” trahissant la place réservée aux pages de pub. La plupart du temps, Nosseck se contente d’envoyer ses personnages au milieu du vent, sous un ciel menaçant, où ils croisent la route de divers objets plus ou moins gros emportés par les prémices de la tempête. De la poudre aux yeux qui ne vaut pas mieux que les avertissements écrits ou les leçons de morales pseudo humanistes déjà évoquées.
Avec ses gros effets spéciaux permettant des scènes d’action un peu plus dynamiques, Twister était déjà mauvais… Alors en tant que repompe tournée dans l’urgence et sans ambition, Chasseurs de tornades ne vaut pas mieux. On lui reconnaîtra par contre la présence de quelques sympathiques acteurs sur le déclin mais toujours mieux que les stars de de Bont, tels que Bruce Campbell (trop sérieux, ça ne lui va pas), Ernie Hudson (le Winston de SOS Fantômes où il était déjà la cinquième roue du carrosse) et L.Q. Jones (un régulier des westerns de Peckinpah qui joue le papy revanchard).

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