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Larry le dingue, Mary la garce – John Hough

larryledingue

Dirty Mary, Crazy Larry. 1974

Origine : États-Unis 
Genre : Road Movie 
Réalisation : John Hough 
Avec : Peter Fonda, Susan George, Adam Roarke, Vic Morrow…

L’anglais John Hough est un réalisateur injustement méconnu. Ne serait-ce parce qu’il est le responsable de cette magnifique production Hammer qu’est Les Sévices de Dracula, de ce très bon film de maison hantée qu’est La Maison des Damnés, de ce très plaisant simili-slasher qu’est American Gothic et de ce road movie allumé qu’est Larry le dingue, Mary la garce. Un film venant s’inscrire dans la tradition des œuvres d’action routière démarrée véritablement dans les années 60 (le film est d’ailleurs l’adaptation d’un roman de 1963) et trouvant ses racines dans les années 50 auprès de James Dean et de Marlon Brando. Mais ici, rompant quelque peu avec cette même tradition, John Hough ne réalise pas un manifeste libertaire, se contentant de jouer à fond la carte du film d’action sans pour autant entretenir un quelconque lien de filiation avec ces Fast and Furious ou autres Torque, films beaufs d’une époque où l’action se doit d’être un long clip reposant sur des personnages dégénérés.

Autant qu’un film d’action à coup de poursuites automobiles sur des routes désertiques, Larry le dingue, Mary la garce est un film d’action au niveau des relations entre ses personnages. Pour être moins vague, disons que tous ses personnages, les hors-la-loi comme les policiers qui les poursuivent, sont de véritables têtes brûlées, des cinglés qui prennent visiblement leur pied à employer des manières fortes. Le film commence lorsque Larry (Peter Fonda) et Deke (Adam Roarke) mettent à exécution leur plan de simuler la prise en otage de la famille d’un patron de supermarché (joué par Roddy McDowall, vu dans plusieurs films de Hough), afin d’extorquer à celui-ci de quoi les lancer tous les deux dans le monde de la course professionnelle, en nascar : Larry comme pilote et Deke comme mécanicien. Au moment de leur fuite, Mary, l’aventure d’un soir de Larry, va les rejoindre et ne lâchera pas le morceau : elle veut rester avec eux.

Que cela soit la fausse prise d’otages avec demande de rançon ou l’envie de devenir des professionnels de la compétition automobile, aucun des “piliers” du scénario n’a d’importance. L’histoire, maigrelette, n’est qu’une justification pour l’escapade motorisée vécue par nos personnages qui eux-mêmes n’évoquent que très rarement leurs motivations. En revanche, les liens qui les unissent sont eux au cœur du film et contribuent certainement à en faire un film assez gratiné, non dépourvu d’un humour vachard, à l’image de Mary, vraie garce sexy qui s’incruste littéralement dans cette échappée sauvage. Laissée au lit après la nuit passée avec Larry, elle retrouve celui ci, qui tentera de se débarrasser d’elle à plusieurs reprises sans y parvenir, contraint de la réinviter à grand renfort d’amabilités faux-cul qui ne trompent personne. Larry est en effet un salopard égoïste, un conducteur lunatique qui s’amuse à mettre sa vie et celle des autres en danger. Il ne faudrait pourtant pas croire que le troisième de la bande, Deke, n’est qu’un faire-valoir tout juste bon à tenir la chandelle à ses deux compères. Si il n’a pas le droit de citer dans le titre, il n’en est pas pour autant réduit aux fonctionnalités. Capable de s’engueuler avec Larry aussi bien que Mary, il semble même être le plus intelligent du lot, assumant pleinement le fait d’être hors la loi tout en sachant gérer aux mieux toutes les situations difficiles.

Ce trio n’agit donc que pour l’adrénaline. Il est en cela complété par les escouades de flics à leurs trousses, eux aussi des tarés qui sans se l’avouer relèvent avec plaisir le défi lancé. Vic Morrow est Franklin, flic fort en gueule qui au grand dam de son supérieur tout aussi borné (Kenneth Tobey, vu dans La Chose d’un autre monde et dans quelques films de Joe Dante dans des seconds rôles) lance toutes ses patrouilles sur le bitume, dont un ancêtre de Mad Max avec sa bagnole trafiquée. Quand viendra l’occasion d’appréhender lui-même Larry et ses deux complices, c’est à coup d’hélicoptère qu’il s’en chargera. Au milieu de tout cela, les civils et honnêtes conducteurs qui ont la malchance de passer au milieu d’un carrefour au mauvais moment apparaissent comme des dommages collatéraux.
Évidemment, les cascades sont nombreuses, et si le film n’est pas forcément aussi violent qu’un Mad Max 2, il n’en reste pas moins un excellent moment d’action, tourné avec talent dans un joli décor propice aux frasques de nos personnages, et réservant une dernière ligne droite très bien menée, au milieu d’un véritable dédale de routes au milieu d’un paysage boisé, et s’achevant de la seule manière possible : brutalement.

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