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Jack le tueur de géants – Nathan Juran

jacktueurgeants

Jack the Giant Killer. 1962

Origine : Etats-Unis 
Genre : Aventures fantastiques 
Réalisation : Nathan Juran 
Avec : Kerwin Mathews, Judi Meredith, Torin Thatcher, Roger Mobley…

Le sorcier Pendragon fait enlever la princesse du royaume de Cornwall – dont il fut chassé – avec l’aide d’une dame de compagnie, d’un nain démoniaque et d’un géant. Il exige comme rançon l’abdication du roi et même son trône. Jack a tué le premier géant et est anobli par le roi pour ce fait d’arme. Et il se retrouve chargé d’aller délivrer la princesse qui se trouve dans une forteresse maritime peuplée de créatures monstrueuses. Un voyage périlleux commence…

Difficile de se montrer indulgent avec le scénario qui reste on ne peut plus mince et auquel a pourtant collaboré son metteur en scène. Il reprend finalement à tout point de vue les grands points de sa plus grande réussite, l’épatant 7eme voyage de Sinbad. Jack se retrouve à partir à la recherche de sa princesse bien aimée, enlevée par l’horrible Pendragon, et ça ne va pas plus loin. Il fera des rencontres, comme d’habitude oserais-je dire, et notamment ici celle d’un lutin irlandais coincé dans une bouteille qui l’aidera ensuite (renvoi au petit génie de son best précédent). Les forces maléfiques aux mains de Pendragon feront tout pour l’en empêcher et même le tuer pour la menace qu’il représente, notamment ces horribles sorcières qui l’attaqueront avec vigueur et sans relâche. Pas de doute me concernant, avec moins de moyens, ce qui est louable, Juran retente le coup de son 7eme voyage de Sinbad, s’entourant ici de personnalités à priori de moins grand talent que les illustres prédécesseurs.
Avant de rentrer de plein pied dans ces considérations, je tiens à dire que malgré ses défauts, ses manques, Jack le tueur de géants possède un charme incontestable et les aventures ô combien téléphonées assurent le spectacle avec un charme tout enfantin mais très agréable.

Pas de Ray Harryhausen ici vous l’aurez compris, mais c’est bien ce dernier qui hante pourtant le film de sa présence tant la galerie de monstres lui ressemble. On la doit à des gens plutôt talentueux comme Gene Warren (La Machine à explorer le temps / Un vampire à Brooklyn pour Wes Craven plus tard), Tim Barr (Le Fantôme de l’opéra version Arthur Lubin, mais aussi Dinosaurus et Les 10 commandements de De Mille), ou encore Wah Chang (lui aussi présent comme les deux autres sur Dinosaurus et le classique de George Pal cité ci-avant). Leur talent n’est pas à remettre en cause, toujours est-il que leur travaille non seulement s’inspire de trop près de celui du grand Harryhausen, mais pâtit de la comparaison d’autant que tourné quatre ans après le Le 7eme voyage de Sinbad, il semble malgré tout, plus daté.
Dommage finalement que le travail d’ensemble n’eut été plus personnel car de fait la comparaison s’établit d’elle-même et pas forcément à l’honneur de ce Jack là. Ceci étant dit, le bestiaire ici proposé reste néanmoins sympathique, tout comme la mise en scène de Nathan Juran n’a rien de honteuse et reste même assez solide. Le rythme est soutenu, les scènes s’enchaînent sans temps mort et reste au final le sentiment d’un film très agréable.

Passons sur le côté ‘exploitation’ du film et disons qu’il recèle quelques gros défauts. D’abord les effets spéciaux ne sont pas toujours visuellement inspirés, comme en témoignent ces inserts en dessins animés cernant les attaques à coup de chaîne du géant. De même ce corbeau trop grossièrement dessiné n’est pas ce qu’il y a de mieux au sein du film. Le meilleur moment reste l’attaque des sorcières sur le bateau, pourtant teinté d’effets phosphorescents pas loin d’être affreux mais qui renforcent l’atmosphère inquiétante de leur présence spectrale. On pourra alors au choix leur trouver du charme, mais on aura aussi le droit de les trouver « kitchs » pour ne pas dire grotesques. En même temps ce genre d’effets fit long feu puisqu’on les retrouvera par exemple au sein de la production hong-kongaise à la fin des années 70, notamment dans certains films les plus célèbres de Tsui Hark (Zu, les guerriers de la montagne magique en est le meilleur exemple). De fait, ils parviennent à conserver un charme paradoxal, et demeurent toujours meilleurs à prendre qu’une numérisation approximative et encore moins jolie. Bref cela fonctionne donc pas trop mal. Notons qu’ailleurs le lutin irlandais s’en va trotter sur un arc en ciel ce qui au choix, comblera sans fin de façon malicieuse ou bien ne génèrera que consternation. Question de disposition sans doute.

Une fois de plus on est bien contents de retrouver le méchant de service, à nouveau campé par Torin Thatcher (Le 7eme voyage de Sinbad et oui, encore !) dont la composition reste délectable. Ce n’est hélas toujours pas le cas du très fade Kerwin Mathews qui se fait une fois de plus voler la vedette par à peu près tout le monde, gros monstres compris. Heureusement que Judi Meredith (Queen of Blood) dans le rôle de la princesse se montre également transparente. A eux deux, ils parviennent à laisser toute la place à ce qui nous intéresse finalement, à savoir les morceaux de bravoures inter-monstres ou d’autres attaques encore de forces maléfiques. A cet égard la galerie de ghoules délabrées ressemblant à des anthropophages campant autour de Pendragon fait aussi parti de ce qu’il y a de plus beau dans le film. En grand enfants que nous aimons rester parfois, il est clair qu’on aime à se faire peur, aussi on ne va pas trop reprocher à ce Jack d’être plus efficace dans sa peinture des forces du mal que dans la psychologie trop mièvre de ses héros. Pour finir, l’une des choses qui manque cruellement ici reste un compositeur de génie comme Bernard Herrmann ou Miklos Rozsa (Le Voyage fantastique de Sinbad), la composition restant honorable mais trop classique encore. A l’instar de la mise en scène de Nathan H. Juran, elle demeure trop impersonnelle et ne parvient totalement à insuffler de la puissance au spectacle. Ce qu’avait su faire Herrmann avec Le 7eme voyage de Sinbad, le relevant même d’un cran.

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