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Futur immédiat, Los Angeles 1991 – Graham Baker

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Alien Nation. 1988

Origine : États-Unis
Genre : Flics inter-espèces
Réalisation : Graham Baker
Avec : James Caan, Mandy Patinkin, Terence Stamp, Kevyn Major Howard…

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Los Angeles – 1991. Cela fait maintenant 2 ans qu’une race d’extraterrestres a débarqué aux Etats-Unis et cohabite avec plus ou moins de bonheur avec les humains. Comme bon nombre de ses contemporains, le Sergent Matthew Sykes (James Caan) les déteste. Sauf que la mort de son coéquipier, tué par des aliens, et sa soif de vengeance le poussent à faire équipe avec le premier policier en civil extraterrestre, le dénommé Sam Francisco (Mandy Patinkin). Entre défiance et respect naissant, les deux flics mettent à jour un trafic qui pourrait remettre en cause la coexistence hommes – extraterrestres.

A force d’user jusqu’à la trame un concept déjà fort mince –le buddy-movie– on en arrive à des extrémités telles qu’un agent de police faisant équipe avec un chien (Chien de flic, Turner et Hooch) ou plus improbable, avec sa mère (Arrête ou ma mère va tirer, ou quand Sylvester Stallone souhaitait investir la comédie, suivant en cela les traces de son compère Arnold Schwarzenegger). Futur immédiat, Los Angeles 1991 découle du même principe, tenter de faire du neuf avec du vieux. En l’occurrence, mêler le buddy-movie à un postulat de science-fiction. Dans ce domaine, Hidden avait déjà essuyé les plâtres –et plutôt bien– l’année précédente. Le film de Graham Baker propose de pousser le bouchon un peu plus loin, osant la légère anticipation, et surtout de visualiser les extraterrestres dans leurs différences, plutôt que de les masquer derrière une enveloppe humaine.

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Comme l’explicite paresseusement le titre français, l’intrigue se déroule en 1991. Un léger saut dans le temps qui permet à la production de ne pas se ruiner en décors fastueux. La vision futuriste du film se résume à un gag, l’affiche de Rambo 6 au frontispice d’un cinéma. Cela pose d’emblée le niveau. Même les aliens n’usent pas d’armes sophistiquées, pour la bonne et simple raison qu’il s’agit d’esclaves rejetés sur Terre sans espoir de retour. Le propos du film se trouve condensé dans ce postulat, qui fait des extraterrestres des réfugiés que le gouvernement américain –car seuls les Etats-Unis sont concernés– a décidé d’intégrer. Futur immédiat repose sur un parallèle évident avec l’histoire du pays, de la longue quarantaine imposée aux réfugiés extraterrestres qui renvoie aux premiers émigrants transitant par Ellis Island à la ghettoïsation de ces mêmes extraterrestres, qui deviennent les nouvelles minorités. De part leur constitution adaptée aux travaux les plus durs, ils exercent en majorité les professions qui se situent au bas de l’échelle sociale. Néanmoins, leur insertion se fait de manière plus rapide, notamment du fait de capacités d’apprentissages nettement plus élevées. Certains humains semblent en prendre ombrage, mais la cohabitation se fait malgré tout sans heurts notables. Ainsi croise-t-on le plus naturellement du monde des extraterrestres tapiner sur les trottoirs, vanter les mérites d’un produit quelconque sur des affiches grands formats, voire fréquenter le gratin de la ville et se faire applaudir en tant que bienfaiteur de sa communauté (William Harcourt, un alien qui a fait fortune dans l’immobilier). Ils ont même intégré les forces de police. Certes, à l’échelon le plus bas, mais cela tend à changer avec l’intronisation de l’agent Sam Francisco (humour) au rang d’inspecteur.

Grâce à ce personnage, Graham Baker fait l’économie d’une description poussée de la société américaine de cette année 1991 fantasmée, qui diffère finalement peu de celle de l’époque. L’inspecteur Francisco joue les candides, s’étonne de certains objets dont il ignore la fonction (un préservatif… Gag), et fait part de ses réflexions à son nouveau partenaire, le blasé Sykes. A ses yeux, les humains –comprendre les Etats-Unis– lui ont offert la liberté inespérée d’avoir le contrôle sur sa propre vie. Et il se désole que seul un petit nombre d’humains soit capable de vivre en plein accord avec les idéaux qu’ils se sont fixés. Futur immédiat se suit alors comme une illustration paresseuse du rêve américain qui ne fait qu’effleurer les sujets qui fâchent. Le récit d’anticipation ne survit pas aux images du journal télévisé, lesquelles nous affranchissent sur les origines de cette situation et les problèmes que cela engendre, pour ne plus y revenir par la suite. Les conflits entre les deux espèces se limitent à l’attitude condescendante de certains inspecteurs de police à l’égard des extraterrestres, dont Sykes qui déclare les détester (en toucher un suffit à le dégoûter). Il n’en faut pas plus pour poser les bases d’une relation électrique avec son nouveau partenaire. Or celle-ci part mal dans le sens où elle n’est pas imposée à Sykes, mais délibérément choisie. Il ne peut donc pas se plaindre de sa situation, et encore moins blâmer son nouveau coéquipier, lequel a pour principal défaut de respecter le règlement à la lettre. Une aberration aux yeux de Sykes, caricature du policier en fin de cycle, divorcé, renfermé et porté sur la bouteille que James Caan incarne avec un je-m’en-foutisme palpable. De fait, les deux flics font très vite la paire au gré d’une enquête sans rebondissement qui tourne autour d’un banal trafic de drogue. Il ressort de tout ça l’idée d’une intégration à ce point réussie que certains extraterrestres nourrissent les mêmes desseins que certains humains, à savoir s’enrichir sur le dos de ses compatriotes. Il y avait sans doute là encore quelque chose à creuser, ne serait-ce que pour mieux utiliser Terence Stamp, ici méchant de pacotille et masqué dont la transformation finale n’offre même pas son lot de scènes spectaculaires.

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Futur immédiat nous offre le bien triste spectacle d’un projet au fond potentiellement ambitieux mais sacrifié sur l’autel de la mode. C’est d’autant plus inexcusable que le côté buddy-movie du film, ce pourquoi il a été entrepris, s’avère totalement raté. Et pourtant le film a su trouver son public. A tel point qu’une série en a découlé –une seule saison– suivie de quelques téléfilms qui en reprennent la distribution. Une idée pas si bête, car la plus à même de traiter en profondeur le sujet. Maintenant, est-ce que cela a vraiment été le cas, ceci est une autre histoire…

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