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Deux super flics – Enzo Barboni

deuxsuperflics

I Due superpiedi quasi piatti. 1976

Origine : Italie
Genre : Comédie
Réalisation : Enzo Barboni
Avec : Terence Hill, Bud Spencer, David Huddleston, Laura Gemser…

Alors qu’ils venaient d’avoir maille à partir avec les peu avenants responsables d’un dock de Floride, deux délinquants se rencontrent et sympathisent. Matt Kirby et Wilbur Walsh (Terence Hill et Bud Spencer) projettent alors de dévaliser les locaux administratifs d’un supermarché. Un peu nigauds, ils se trompent de porte et atterrissent dans un commissariat, où deux flics qui les ont a la bonne pensent immédiatement qu’ils sont venus s’engager. Matt et Wilbur se retrouvent donc malgré eux au service de la loi, et ils devront bientôt à pourchasser les dockers du début, très certainement coupables d’avoir assassiné un chinois dont la nièce a tapé dans l’œil de Matt…

Seulement du Terence Hill (Et maintenant, on l’appelle El Magnifico), seulement du Bud Spencer (Les Anges mangent aussi des fayots), les deux ensemble (les Trinita), le réalisateur Enzo Barboni dispose d’une filmographie dominée de la tête et des épaules par les loustics. Avec cinq films du duo à son actif, plus que n’importe quel autre réalisateur les ayant servi, il apparaît comme leur homme providentiel, celui qui les a régulièrement mis en scène pendant près de quinze ans. Ses films comptent parmi les plus appréciés de toute leur carrière commune, et Deux super flics est souvent cité comme étant tout simplement le meilleur. Pour la première fois, Barboni dirige Hill et Spencer en dehors du far west, prenant pour cadre la Floride dont l’ensoleillé climat correspond bien à l’attitude détendue de ceux qui incarnent ici deux petites frappes à la cool. Deux super flics est un film léger, qui n’a pas peur de réduire son scénario au minimum malgré une durée de presque deux heures. A l’image de Bud et Terence, jamais énervés, le film progresse à un rythme pépère très agréable. Il faut une heure pour que le duo intègre la police, et il ne leur faut pas beaucoup de temps non plus pour déjouer une enquête simplissime. L’introduction du film est éloquente, puisque en dix minutes Bud et Terence passent à tabac ceux qu’ils retrouveront plus tard et par hasard au cours de leurs investigations. Quand l’enquête démarre on ne se fait donc aucun soucis pour sa finalité, et Barboni ne prend même pas la peine de donner une quelconque envergure à ses méchants. Cela contribue à la sensation de liberté dont jouissent Bud et Terence, qu’ils soient flics ou délinquants. Du mauvais côté de la loi, il est particulièrement amusant de voir le duo se former à l’initiative d’un Matt Kirby facétieux qui utilise la police pour faire quelques petites blagues à son pachydermique camarade. La tentative d’approche donne l’impression de voir une mouche persécuter une vache, Hill se montrant particulièrement insistant et Spencer repoussant mollement ses assauts. La nature des relations entre les deux personnages ne varie pas de tous les films dans lesquels ils s’étaient déjà illustrés. L’audace de Hill et la mine renfrognée de Spencer dissimulent une vraie amitié, celle de deux gars qui semblent s’être toujours connus et qui font les 400 coups ensemble, peu chagrinés par les responsabilités qu’ils acquièrent en entrant dans la police.

Finalement, cet emploi fortuit ne change pas grand chose à l’affaire, et leur vie reste indifféremment désinvolte, comme l’illustre une sympathique musique comme seuls les italiens savent en faire. Tout comme le gain n’était pas l’intention première de leurs larcins, faire respecter la loi n’est qu’un moyen de parvenir à vivre la belle vie, qui selon leurs critères doit être forcément mouvementée. Comme le dit Terence Hill à son partenaire, anticipant le titre d’un de leur futur film : “qui trouve un ami trouve un trésor”. Ce qui explique la légèreté du scénario et de la tonalité avec laquelle il est traité. Deux super flics est une ode à l’amitié simple mais virile, avec jolies pépés (dont Laura Gemser) et combats à foison. Jamais violents, ceux-ci se déroulent sur un mode burlesque aux connotations très “cartoon”. Assaillis par des méchants toujours plus nombreux qu’eux, et toujours très stupides (témoin cette bande de jeunes “indiens” qui affronte le fameux tandem dans un stade de foot américain), Bud et Terence répliquent avec humour. Les baffes sont vigoureuses, le gros Bud reste insensible au moindre coup, le longiligne Terence bondit partout et les victoires inévitablement écrasantes s’accompagnent d’une ultime dérision variant selon les circonstances (les voitures détruites pour les vilains dockers, le rackets de vilains racketeurs..). Barboni se permet même quelques plans aux allures de western.

Égaux à eux mêmes, rompus à leurs pitreries habituelles dont ils ne se lassent pas encore, Terence Hill et Bud Spencer forment décidément un bien sympathique tandem. On peut toujours préférer la variante western ou la variante exotique de leurs aventures, mais avec l’urbain Deux super flics, la recette de leurs succès d’estime fonctionne toujours autant. Le côté répétitif est finalement un atout, le spectateur appréciant sans fausse honte de se replonger dans les histoires fumeuses de ces deux loustics qui marchant sur les plates-bandes de Laurel et Hardy.

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