Destination finale 3 – James Wong
Final Destination 3. 2006.Origine : États-Unis
|
Au cours d’une soirée dans un parc d’attractions, Wendy Christensen est soudain prise d’un funeste pressentiment : le Grand huit à bord duquel elle vient de monter en compagnie de ses amis va connaître une avarie provoquant la mort de tous les passagers. Sous le coup de l’hystérie, elle est évacuée manu-militari par le gérant, ne pouvant empêcher que le train parte avec à son bord les passagers des premiers wagons dont son petit copain et sa meilleure amie. Dévastée, elle retrouve un regain d’énergie lorsqu’elle comprend que la Mort n’en a pas fini avec les rescapés. Aidée de Kevin, elle va tenter de déjouer à nouveau la fatalité.
Loin de la frénésie des producteurs de la série Saw qui depuis le premier film en 2004 tourne à un épisode par an, la New Line prend davantage son temps. Il lui a fallu trois ans pour lancer une suite à Destination finale et il lui en faut trois de plus pour aboutir à cette seconde séquelle. Une suite qui marque le retour du duo James Wong à la réalisation et Glen Morgan au scénario pour un résultat qui lorgne sans vergogne sur leur travail passé. Mauvais camarades, les deux compères balaient d’un revers de main Destination finale 2, lequel est fugacement évoqué au détour d’une photo d’archive, pour s’appesantir davantage sur le crash du vol 180 dont le souvenir – toujours vivace chez certains – sert de point d’ancrage à l’entreprise de sauvetage à laquelle Wendy et Kevin décident de s’atteler.
Davantage encore que pour le premier film, James Wong et Glen Morgan resserrent l’intrigue autour des seuls adolescents. Le récit gagne en simplicité (plus d’agents du FBI sur le dos du donneur d’alerte, ni d’interactions avec les parents), se débarrassant au passage de la visite rébarbative chez le croque-mort. Quelques coupures presses et surtout les photographies prises par Wendy au cours de la soirée, lesquelles se révèlent prophétiques comme une lointaine réminiscence d’une scène clé de La Malédiction, suffisent aux deux héros pour comprendre le modus operandi de la Mort. A charge pour eux de deviner de quelle manière vont mourir les prochaines victimes suivant un jeu mortel dont ils ne peuvent pleinement maîtriser les règles. Un petit jeu qui remplace opportunément les prémonitions même si le souffle de la Mort reste toujours le meilleur moyen d’identifier le moment où le drame va survenir. Une manière de personnaliser la Mort que David R. Ellis avait délaissée et que James Wong reconduit, entretenant une forme de dialogue entre la Grande Faucheuse et la personne douée de visions. On peut aussi voir cela comme une passerelle entre les deux volets qu’il a réalisé, rappelant au passage les ambitions premières qui avaient nourri la conception du premier film.
A l’époque, alors qu’ils étaient les maîtres d’œuvre du premier Destination finale, James Wong et Glen Morgan n’avaient pas hésité à repenser leur fin pour aller dans le sens des résultats des projections-tests, montrant en cela à quel point les deux hommes savaient se montrer conciliants envers leur hiérarchie. Leur retour sur la série s’effectue avec le même souci de ne pas faire de vagues. Il n’est alors plus du tout question de verser dans l’ésotérisme et même si au détour d’un dialogue les trois lois de Newton sont évoquées, il n’est pas plus question de noyer le film sous du verbiage scientifique. Cela participe pour certains personnages d’une volonté de rationaliser ce qui leur arrive sous couvert d’ironie (Ian McKinley) ou de suffisance (Lewis Romero). Destination finale 3 vise avant tout à être un divertissement efficace. A ce titre, le choix du parc d’attractions comme point de départ vaut note d’intention. Il s’agit pour James Wong et Glen Morgan de manier savamment le chaud et l’effroi pour entraîner à leur tour les spectateurs dans des montagnes russes. Un programme pas si aisé à suivre dans la mesure où les recettes qui ont contribué au succès de Destination finale et sa suite peuvent vite tourner au procédé. Plutôt que chercher à innover dans le domaine, les deux compères ont pris le parti de l’exagération, et ce dès l’entame du film. On assiste alors à une véritable multiplication de clins d’œil funèbres avec en exergue le fameux Grand huit à la décoration pour le moins orientée : un démon géant placé à l’entrée invite le public à « un voyage sans retour » quand le décorum du quai se compose de nombreuses têtes de mort et autres squelettes dont l’un muni d’une faux. Par ailleurs, chaque séquence de « mise à mort » se voit considérablement étirée, instaurant pour certaines d’entre elles un jeu avec le spectateur l’invitant à deviner en amont le chemin tortueux que suivra la Mort. Pas la meilleure idée en soi tant lesdites scènes perdent en impact et en spontanéité lorsqu’elles ne trahissent pas un soupçon de manipulation. Ainsi, la scène du fast-food laisse entendre que la Mort peut anticiper l’instinct de survie de certains personnages afin de poursuivre son labeur dans l’ordre souhaité.
De manière générale, on assiste a une surenchère dans le spectaculaire jusqu’à un final aux enjeux et aux fausses pistes multiples, lequel se prolonge le temps d’un épilogue aussi dantesque que vain, ultime concession pour que le film atteigne péniblement sa durée réglementaire d’1h20. Néanmoins, la redondance ne touche pas seulement les scènes d’action (appelons-les comme ça) mais s’étend jusqu’aux personnages, de pauvres caricatures sur lesquelles le réalisateur pose un regard un brin condescendant. Il n’est finalement plus tellement question de s’inquiéter du sort des personnages que de rire de leurs malheurs en un juste retour des choses. Ainsi James Wong se fait-il un plaisir de supplicier deux bimbos adeptes des U.V et des soins esthétiques, de dézinguer un libidineux qui ne sort jamais sans sa caméra nourrissant le secret espoir de filmer les filles dans des postures équivoques et qui profite d’un enterrement pour tenter de rouler une pelle à une nana, ou de moquer un accroc au sport qui croit que sa bonne condition physique le place au-dessus de la mêlée. Toutefois, son regard se fait plus doux à propos de Wendy, l’heureuse élue qui aime tout contrôler. Une manie qui ne s’étend visiblement pas à ses petits hauts, lesquels ont la mauvaise habitude de remonter en permanence, la laissant perpétuellement les reins à l’air. Quant à Kevin, le récit prend soin d’adoucir son image initiale de balourd lorsqu’il apprend à Wendy qu’il s’apprêtait à épouser Carrie. A 18 ans ! Quel romantisme !
L’écart entre chaque épisode ne change rien à l’affaire, la saga tend à s’encroûter. Si le deuxième épisode avait su apporter un souffle nouveau, notamment en diversifiant les victimes, James Wong, pour son retour aux affaires, réduit son film à un banal slasher en milieu estudiantin. Il ne reviendra plus sur la saga, s’essayant par la suite à une périlleuse adaptation d’un manga avec Dragonball Evolution, laquelle connaîtra néanmoins deux nouvelles itérations. Cela atteste de la foi inébranlable – et du manque d’audace – du studio dans un concept pourtant si limité.