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Assaut – John Carpenter

assaut

Assault on Precint 13. 1976

Origine : États-Unis
Genre : Action
Réalisation : John Carpenter
Avec : Austin Stoker, Darwin Joston, Laurie Zimmer, Martin West…

Pour sa première mission, le Lieutenant Bishop doit assurer la permanence de nuit dans un commissariat de Los Angeles en passe d’être désaffecté, où presque plus rien ne fonctionne et où seuls quelques employés sont encore présents jusqu’au lendemain, date où le bâtiment sera entièrement fermé. Mais rien ne se passe comme prévu, puisque tout d’abord un convoi de trois condamnés à mort sera obligé de faire halte dans l’endroit, avant qu’enfin et surtout le commissariat ne soit assiégé par un groupe de bandits dont le but est de récupérer un homme ayant fraichement débarqué au commissariat pour fuire la vengeance de ces mêmes bandits.

Première réalisation un tant soit peu professionnelle pour John Carpenter, après un Dark Star dont le tournage, étalé sur 5 ans, constituait avant tout un film de fin d’études. Avec peu de moyens (100 000 dollars) et une durée de tournage limitée à 20 jours, le réalisateur pu tout de même goûter aux joies de la vraie liberté créatrice, puisque carte blanche lui fut laissée par ses producteurs, même si le budget réduit le contraignit à abandonner sa première intentation, c’est à dire celle de faire un western. Contournant l’obstacle (comme il le fera souvent dans sa carrière), le réalisateur fit donc Assaut, remake urbain d’un de ses films fétiches : le Rio Bravo de Howard Hawks, duquel il reprit son pseudonyme en tant que monteur, John T. Chance. La démarche de Carpenter est à n’en pas douter à mettre en relation avec les émeutes de Watts, qui eurent lieu dix ans avant Assaut et qui marquèrent certainement l’esprit de John Carpenter, particulièrement attaché à la ville de Los Angeles. Malgré tout, il ne faut pas tellement chercher de propos sociaux dans Assaut, même si le film fut un peu à tort considéré comme réactionnaire, quand bien même l’un de ses héros est un hors la loi condamné à mort. Bref, l’objectif principal est le remake de Rio Bravo. Tout est avant tout porté sur l’incroyable sens du rythme du cinéaste, qui après avoir pris le temps de poser son exposition, se lâche pour livrer un film nerveux, au montage sec et à la mise en scène déjà exemplaire. Carpenter joue beaucoup également sur sa bande-son, dont il fut lui-même le compositeur, influencé par la partition de Lalo Schiffrin sur L’Inspecteur Harry de Don Siegel. Cette musique, très pure et très froide, est alternée avec des plages de silence pesantes, les deux s’interrompant brusquement au gré des violents assauts menés par les gangsters. Ceux-si sont d’ailleurs très en phase avec la musique qui les accompagne : froids et brutaux, ils ne parlent pas et ne sont jamais perçus comme des individus, mais bel et bien comme une masse criminelle prête à tout. C’est d’ailleurs ce qui a peut-être géné les critiques, qui se retrouvèrent choqués par ce manque d’identité des criminels, tandis que les héros ont eu droit à leur personnification et à leur part d’héroïsme. Quoi qu’il en soit, Carpenter avait déjà préparé son coup à merveille dans l’exposition, qui nous montre un petit groupe représentatif de ces gangsters (groupe multi-ethnique : un blanc, un noir, un hispanique) qui abbat froidement une enfant prêt d’un camion à glace. Une scène inimaginable aujourd’hui, très cruelle et même sanglante qui déjà à l’époque avait dérangé la censure, qui demanda fissa à Carpenter de la modifier. Ce qu’il fit pour obtenir une classification “R”, mais qui ne l’empêcha pas, sur les conseils de ses producteurs roublards, de la réintégrer pour la sortie du film en salles.

Parlons maintenant un peu des héros, ceux qui se retrouvent assiégés dans le commissariat. Les faibles périssent (là encore, la critique trouva certainement matière à discuter) et les forts subsistent. C’est d’ailleurs ce qui donne au film son côté si brutal : les héros, si ils sont parfois héroïques, ne font jamais preuve d’un étalage de sentiments, que ce soit la peur ou l’amour (car une relation se créé de toute évidence entre Napoléon Wilson, le plus charismatique des forçats, et la femme flic). Ils gardent la tête haute, et ils se révèlent aussi aussi peu disserts. La femme flic est remarquable, son actrice affichant un sévère visage renfrogné tout au long du film, à mille lieux d’être la princesse à sauver pour ses camarades de lutte. Quant à Napoléon Wilson, on y trouve déjà les germes du personne de Snake Plissken, qui apparaîtra dans la filmographie de Carpenter quelques années plus tard. S’il est moins égoïste, il fait en revanche preuve d’un constant recul sur les évènements, son côté libertaire saute aux yeux et son passé est brièvement évoqué, suffisament en tout cas pour se poser des questions à son sujet et le rendre ainsi très intrigant. En comparaison, le responsable du commissariat au cours de cette nuit agitée, le Lieutenant Bishop, apparaîtra beaucoup moins intéressant, tout comme l’autre forçat, un peu trop conventionnel.

Assaut n’est donc pas un film parfait, et quelques incohérences peuvent d’ailleurs se trouver ici ou là (les cadavres qui disparaissent en un rien de temps), tout comme quelques facilités (la fin). Mais globalement, c’est un film très solide, très dur, très sec, qui s’inscrit parfaitement dans la tradition des films policiers et d’action des années 70. Le film d’un débutant très prometteur.

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