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Masters of Horror 1-12 : Les Amants d’outre-tombe – John McNaughton

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Masters of Horror. Saison 1, épisode 12
Haeckel’s Tale. 2006

Origine : États-Unis
Genre : Horreur
Réalisation : John McNaughton
Avec : Derek Cecil, Leela Savasta, Tom Mc Beath, Micki Maunsell…

Une vieille nécromancienne à la vue basse reçoit la visite d’un veuf de fraîche date. Ce dernier a ouï dire qu’elle possède la capacité de ressusciter les morts, et il souhaiterait qu’elle en fasse usage pour redonner vie à son épouse. La vieille dame le met alors en garde contre les effets pervers d’un tel souhait. Pour étayer son avertissement, elle lui narre l’histoire de Haeckel, un étudiant en médecine obsédé par l’idée de redonner vie à la chair morte. Et son histoire de se dérouler sous nos yeux mi-clos.

Plus les noms des réalisateurs liés aux Masters of horror défilent, plus cette anthologie s’apparente à un asile pour des cinéastes qui, pour la plupart, ne sont plus en odeur de sainteté et éprouvent les pires difficultés pour monter de nouveaux projets cinématographiques. Prenons le cas de John McNaughton, réalisateur de ces Amants d’outre-tombe ici présents. Cet homme croûle sous la malchance. Issu de la télévision, ses débuts cinématographiques se font sous l’égide de la censure. Henry, portrait d’un serial killer souffre de son suffocant réalisme et de l’absence de personnage positif auquel se rattacher. Son premier film se retrouve “placardisé” durant de longues années avant de pouvoir enfin connaître une exploitation en salles. Pas veinard, il vit de nouvelles mésaventures avec The Borrower, son second film, dont la faillite du producteur retarde considérablement la sortie aux États-Unis. Dès lors, sa carrière cinématographique s’écrit en pointillés, alternant le très bon (Mad dog and Glory) et le moyen (Sexcrimes). Redevenu exclusivement un réalisateur de télévision, les Masters of horror n’ont, pour lui, rien d’un dépaysement. Tout au plus cette anthologie constitue t-elle une piqûre de rappel quant à sa renommée passée.

Les Amants d’outre-tombe nous replonge dans l’Angleterre victorienne, si propice aux récits fantastiques depuis les œuvres fameuses de Mary Shelley et Bram Stoker. Cet épisode paie d’ailleurs son tribut aux écrits de Mary Shelley, mais en occultant toute forme de réflexion. Ici, seule l’efficacité prime. Haeckel désire donc redonner vie à la chair morte, dans la droite lignée du baron Frankenstein. Imbu de sa personne et sûr de ses dires, Haeckel convie toute sa classe et son professeur à assister à son triomphe. Las, son triomphe se transforme en échec cuisant lorsque le cadavre à réanimer prend feu sous l’effet d’une trop forte décharge électrique. A l’issu de cet échec, toutes les croyances de Haeckel sont mises à mal. Un nécromancien parvient même à redonner vie à un chien mort sous ses yeux et sans l’appui de la science. Mais ce n’est rien avec ce qui va suivre. Esthétiquement parlant, cet épisode est très soigné. L’immersion dans l’Angleterre victorienne est totale et, mise à part la marionnette proprement bâclée du chien, les effets spéciaux tiennent la route. Une fois encore, c’est le scénario qui fait défaut, ne servant que de prétexte pour aboutir au clou de l’épisode, et donc de la nouvelle, l’orgie dans le cimetière. N’oublions pas que ce qui se déroule sur l’écran n’a d’autre but que de faire réfléchir le veuf éploré quant à la nécessité d’extraire son épouse du monde des morts. Or, qu’arrive t-il au pauvre Haeckel ? Il tombe sous le charme de Elise, une belle jeune femme mariée à un vieil homme, celui-là même qui l’a accueilli de bon cœur dans son humble demeure. Manque de bol, le mari lui apprend qu’aucun homme ne saurait la satisfaire, lui compris. Et pour cause ! La ravissante Elise ne prend son pied que dans les bras de son premier époux, décédé depuis quelques années, mettant ainsi à profit sa rigidité cadavérique. Ces ébats contre nature auraient pu se nimber d’une aura romantique. Or celle-ci est délaissée pour une tonalité plus grotesque, d’autres morts-vivants venant se joindre à la fête. La fin, plus que prévisible, nous montre Haeckel devenir à son tour un mort-vivant. Le bougre y a finalement gagné puisqu’il peut enfin faire l’amour à Elise.

Finalement, l’avertissement de la nécromancienne s’avère un peu léger dans la mesure où Haeckel est bien plus heureux mort que de son vivant. Et puis pourquoi refuser au mari éploré ce qui fait son propre bonheur depuis 50 ans ? Son client aurait pu vivre la même chose, d’autant que les morts-vivants sont consentants et d’agréable compagnie. Louis Creed aurait aimé qu’il en soit ainsi avec sa femme mais le happy end lui a été refusé. L’inégalité des chances n’a pas fini de faire des malheureux.

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