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Les Contes de la crypte 6-12 – Le Docteur de l’horreur – Larry Wilson

Les Contes de la crypte.
Saison 6, épisode 12.

Doctor of Horror. 1995
Origine : Etats-Unis
Réalisation : Larry Wilson
Avec : Hank Azaria, Travis Tritt, Austin Pendleton, Ben Stein…

Richard et Charlie sont deux glandus fraichement embauchés par un entrepreneur de pompes funèbres afin de surveiller les corps la nuit venue. Pour leur toute première veillée, le patron n’est pas parti depuis deux minutes qu’ils surprennent un vieil hurluberlu en train de chaparder un cadavre. Plutôt que de le livrer à la police, ils se laissent séduire par un bakchich et deviennent au passage les petites mains du Dr. Orloff, exclu de la communauté scientifique en raison des entorses qu’il n’hésite par à infliger à l’éthique professionnelle. C’est que son but est rien de moins que de trouver l’emplacement de l’âme ! A charge pour ses nouveaux employés de le débarrasser des corps et éventuellement de lui en fournir. Si Richard ne trouve rien à redire au sujet de ce gagne-pain, Charlie est quant à lui tourmenté non pas par le trafic de corps, mais bien par le trafic des âmes.

La Peinture au sang, Le Tatouage, Soif de pensées. Sans être un collaborateur acharné des Contes de la crypte, le scénariste Larry Wilson ne débarque pas non plus dans cette sixième saison comme un chien dans un jeu de quille. Sa participation à ces trois épisodes issus respectivement des saisons 3, 4 et 5 n’est elle-même pas illogique : avoir participé aux scénarios de Beetlejuice et de La Famille Addams a tôt fait de vous estampiller “comédie horrifique pour toute la famille”. Ce vers quoi s’orientait la série à l’approche de sa fin de vie. Saisissant l’occasion de passer à la réalisation, c’est donc assez logiquement que Wilson fut amené à mettre lui-même en scène sa contribution à cette très inégale sixième saison. Mais, n’étant pas non plus un grand nom hollywoodien comme pouvait l’être certains de ses devanciers apprentis réalisateurs, il ne fallait pas compter sur l’aide de noms ronflants devant la caméra. A ce stade de la série, seuls les producteurs Hill, Zemeckis et Silver pouvaient encore y prétendre. Par contre, dans un grand mouvement de solidarité il contribua à mettre le pied à l’étrier à un apprenti acteur, à savoir le chanteur country Travis Tritt (plutôt bien coté dans le milieu semble-t-il), qui s’immerge dans un nombre très réduit de personnages (4, sans compter les cadavres) pour un épisode qui se veut simple et intimiste. Ou plutôt qu’intimiste, disons que les méfaits du Dr. Orloff et de ses deux ouailles nécessitent une certaine discrétion que rien ne vient troubler, l’épisode se déroulant en vase-clos et le ressort dramatique étant interne au triangle Orloff-Richard-Charlie. Une triplette qui a le mérite d’être hétéroclite : fortement contrastés, et même trop contrastés, les personnages ont combiné une alliance vouée à se casser la gueule. C’est le bon, la brute, le truand en version horrifico-comique, avec respectivement le simplet (Charlie), le savant fou (Orloff) et le vénal (Richard). Dans la mesure de la faible durée de l’épisode, les alliances et trahisons s’enchaînent rapidement, parfois en un claquement de doigt, ce qui rend le tout d’autant plus surprenant que Wilson nous sort un final digne de la grande époque de la série, aussi cruel qu’amusant et venant faire triompher la bonne morale à grand coup d’envolée grand-guignole. Il va sans dire que d’un strict point de vue logique, ce scénario ne fait pas grand sens : tout y va beaucoup trop vite, et le paroxysme de la crétinerie est atteint avec cette histoire de “localisation de l’âme”, finalement découverte grâce au scintillement de ladite âme… plus ou moins prononcé en fonction de sa bonté. Et dire que des millénaires d’études anatomiques sont passées à côté ! Larry Wilson s’amuse avec la haute improbabilité de son histoire, qui vient s’inscrire dans celle des caractérisations de ses personnages. Donnons volontiers un satisfecit au Dr. Orloff, à sa totale absence de scrupule et à son charabia (méta)physique qui n’a de cesse d’entretenir cet aspect absurde et macabre, auquel viennent s’opposer l’angélisme chrétien de ce grand benêt qu’est Charlie.

Profondément sarcastique et légèrement teinté d’un gore plus suggéré que montré, ne prétendant ni à l’intelligence ni à l’exercice de style, Doctor of Horror retourne avec succès aux fondamentaux de la série. Et même au-delà : il s’inscrit à sa manière dans les pas de l’épouvante à l’ancienne, à commencer par ce recours à un savant fou (nommé comme son homologue chez Jess Franco) au projet mégalo, tout droit issu du cinéma des années 30 particulièrement friand de ce genre de choses. Wilson ne rate pas l’occasion de le rattacher à la vieille thématique du scientifique se prenant pour Dieu, avec bien entendu le docteur Frankenstein comme évidente référence. Autre clin d’œil aux classiques de l’horreur : le tandem formé par Richard et Charlie, qui fait écho aux deux larrons pourvoyeurs de cadavres que sont Burke et Hare, dont l’histoire véridique (ils sévirent à Edimbourg en 1827 -1828) inspirèrent plusieurs films à fort penchant gothique : Le Récupérateur de cadavres (Robert Wise, 1945), L’Impasse aux violences (John Gilling, 1959), Burke and Hare (Vernon Sewell, 1972), Le Docteur et les assassins (Freddie Francis, 1985) et plus récemment Cadavres à la pelle (John Landis, 2010). Un penchant qui est ici également de mise : bien que l’histoire se déroule à notre époque, le labo du Dr. Orloff, sis dans une cave aux allures de crypte (également richement pourvue en piquette au grand plaisir de Richard et de Charlie) possède les oripeaux associés aux savants fous, à commencer bien entendu par la noirceur de l’ambiance générale. On la retrouve également dans les scènes d’extérieur, celles où Richard et Charlie se débarrassent des cadavres dans un vieux puits de pierre, au milieu d’un bois brumeux. Bref un petit condensé du cinéma à l’ancienne, qui sous l’angle humoristique choisi et réussi forme un épisode fort bienvenu, maîtrisé dans sa forme et dans son fond et qui ne s’égare pas de la ligne directrice qui aurait toujours dû être celle de la série. D’où la pertinence, pour l’occasion, de la maxime sur les vieux pots et les meilleures confitures.

Une réflexion sur “Les Contes de la crypte 6-12 – Le Docteur de l’horreur – Larry Wilson

  • Je vais être franc, je me souviens que vaguement de cet épisode. Il était dans un lot d’épisodes médiocres, et bien avant les deux autres saisons en Angleterre qui sont un retour au source, puisque c’est là qu’ont commencé les films à sketch. C’était le début de la fin. Ils étaient à bout de souffle et les épisodes qui ne respectaient plus l’esprit de la série commençaient à être trop fréquents. C’était pas plus mal qu’ils se terminent surtout au vu des efforts que j’ai fait pour essayer de les voir avec des sous-titrages mal traduits, et dont on ne comprenait pas l’épisode si on était pas anglophone.

    J’espère redonner une chance à cette saison, en français ou avec un meilleur doublage, il est dommage de terminer comme ça, et pour le dernier épisode des trois petits cochons, si on est fan de la série vaut mieux ne pas le regarder, de même que les saisons anglaises qui faisaient parfois très cheap même si cela m’a permis de voir Daniel Craig avec des longs cheveux.

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