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Les Feebles – Peter Jackson

feebles

Meet the Feebles. 1989

Origine : Nouvelle-Zélande 
Genre : Comédie musicale animée et horrifique 
Réalisation : Peter Jackson 
Avec les voix de Danny Mulheron, Donna Akersten, Stuart Devenie, Mark Hadlow…

En 1989 le néo-zélandais Peter Jackson fait déjà office de joyeux trublion, la faute (ou grâce) à un Bad Taste datant de 1987, où il étalait un goût certain pour la provocation, le gore à outrance ainsi que pour un humour absurde assez méchant. De même, son abnégation pour monter son projet et son sens du système D avaient été remarqués. Quand l’on connait ce qu’il est advenu de la carrière du cinéaste, quand l’on sait ce que sa carrière est devenue, on se dit que Jackson appartient à cette race de réalisateur, comme Sam Raimi, qui ont su percer tout simplement grâce à leur énorme volonté…

The Feebles est donc le deuxième film de Jackson. Et encore une fois, il ne verse pas dans la facilité. Toujours doté d’un budget restreint malgré les aides de la commission cinématographique néo-zélandaise, il s’emploie cette fois à faire un film de marrionnettes. Avec les problèmes de réalisations que cela sous-entend.
L’histoire est celle des Feebles, une compagnie théâtrale proche des Muppets (la parodie est évidente) composée de personnages variés, sous la forme d’animaux. Des personnages caricaturaux jusqu’en devenir humoristiques. Ainsi on retrouve entre autre Bletch le morse corrompu qui dirige la compagnie, Trevor le rat-impressario pourri jusqu’à la moëlle, Harry, le lapin-crooner (sorte de Bugs Bunny), Heidi la cochonne, la chanteuse star… toute une large gallerie dont je ne peux parler en entier tant il y a du monde. Bref, il y a aussi Robert, le jeune hérisson timide, un nouveau, qui sera le héros du film. Et Lucille, la belle caniche danseuse. Ces deux là vont petit à petit développer une romance…

Une histoire d’amour un peu semblable à celle que Jackson va nous présenter dans Braindead, finalement. Une histoire qui va grandir dans la douleur. Dans la douleur car la troupe va commencer à se tirer dans les pattes. Puis littéralement dans la gueule, vers la fin. Entre les deux, on assiste à une lente pourriture de l’ambiance au sein de la compagnie. Quand ce n’est pas la pourriture physique de ses membres, à l’image de Harry le lapin qui se croit atteint d’une MST, où du lanceur de couteau, en manque de drogue.

Jackson nous dévoile en effet tout les menus soucis de tous les membres de la troupe, dont la plupart sont soit des crétins patentés, soit des pourris. Rares sont les gens biens et humbles. Car derrière cette façade provoc, Jackson nous parle avec une grande ironie des dessous du milieu du spectacle. En apparence, aux yeux du public, les Feebles sont une troupe respectable composée de gens talentueux. La réalité est donc tout autres. L’humour nait de là : le décalage entre ce qu’on s’attend à y trouver et ce qu’on y trouve réellement. Et pour cela Jackson n’hésite pas à verser dans tout ce qu’il y a de moins grand-public : le sexe (avec notamment l’adultère de Bletch, le tournage des films porno undergound qui se font avec un recrutement de filles plus ou moins consententes, la chanson “Sodomy” du metteur en scène), la scatophilie/urophilie (l’immonde mouche-à-merde papparazi -et pour le coup l’image est extrêmement bien trouvée-, le fakir qui se retrouve la tête coincée dans le cul, le mec qui se fait pisser dessus à la fin), la drogue (le lanceur de couteau, Bletch et son traffic), la violence (le réglement de compte final, les bestioles écrasées…), et pleins d’exemples d’immoralités en tout genre. Bref tout ce que l’on ne s’attend pas à voir dans une troupe respectable. Et Jackson créé l’humour en poussant le bouchon tellement loin que les caricatures deviennent irrésistibles.

Des caricatures sur les personnages, mais aussi sur les genres cinématographiques. Car le film peut aussi être peçu comme une succession de sketchs, représentant chacun divers genres cinématographiques. L’horreur est évidente via la violence. Les films de guerre sont également représentés via le flash-back hilarant du lanceur de couteaux devenus toxico lors de la guerre du Vietnam. Le porno est aussi représenté, via les tournages. Le peplum via la mise en scène du spectacle. Les films policiers via le traffic de drogue. La comédie musicale via toutes les chansons du film. Même le cabaret est représenté… Bref de beaux moment de caricatures cinématographique qui traîtés tels qu’ils le sont donnent au film une identité propre, trash et très drôle. Assurément l’un des meilleurs films de Peter Jackson.

 

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