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Hair – Milos Forman

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Hair. 1979

Origine : Etats-Unis 
Genre : Comédie musicale 
Réalisation : Milos Forman 
Avec : Treat Williams, John Savage, Beverly D’Angelo, Annie Golden…

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Étrange idée que d’adapter la fameuse comédie musicale Hair en 1979, deux ans après qu’un “revival” ait échoué sur les planches de Broadway, là où la pièce avait cartonné de 1967 à 1968 avant de s’exporter avec succès de par le monde jusqu’à à peu près 1973, année à partir de laquelle la plupart des représentations cessèrent. Pas étonnant : les thèmes de Hair étaient bel et bien enterrés, la guerre au Vietnam était finie et la culture hippie également. Mais depuis cette extinction, peu d’années ont passées : Hair le film semblait donc arriver trop tard pour surfer sur une mode et trop tôt pour jouer la nostalgie. Peut-être est-ce à cela que l’on doit le look du film, qui ne joue pas exagérément sur les couleurs et qui demeure visuellement assez sobre. L’année de sa réalisation, 1979, se fait sentir (en d’autres termes, cet Hair n’est pas très frais)… Problématique, surtout pour un film voulant retranscrire l’esprit de lutte d’une époque. Le sujet du film, lui, ne change pas en profondeur mais demeure tout de même décrié par les fans de la pièce de Broadway : Claude (John Savage), un jeune homme d’Oklahoma, profite de ses derniers jours dans le civil pour visiter New York avant de rejoindre un camp d’entraînement de l’armée précédant son envoi au Vietnam. Dans la Grosse Pomme, il rencontrera un groupe hippies menés par Berger (Treat Williams) auquel il se joindra… Dans l’évolution du film, de nombreuses libertés sont prises avec l’œuvre originale, dont le dénouement. Les chansons elles-mêmes sont triées, toutes ne figurant pas dans le film, et celles qui y figurent subissent un lifting plus ou moins profond (y compris pour la plus connue, “Let the sun shine in”). C’est également là que se ressentent les effets d’une production de la fin des années 70 : certains arrangements fleurent un peu trop le funk et le disco pour être honnêtes (malgré la présence d’un des membres du groupe Chicago au casting ainsi que d’autres personnalités musicale de groupes de la fin des années 60 assez peu connus). Avouons le : la plupart des chansons sont moches, et c’est un grand inconvénient dans une comédie musicale. Les chorégraphies le sont tout autant, malgré qu’elles soient signées Twyla Tharp, un homme réputé dans le milieu de la chorégraphie. Avec tout ceci, il va sans dire que la majorité des interludes musicaux sont pénibles, voire carrément ridicules.

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Pour ne rien arranger, le scénario de l’ensemble fait preuve d’une incroyable insipidité, se contentant de dresser un catalogue des clichés sur la vie hippie. Aucun approfondissement, aucune question posée. Le film renvoie une image très quelconque de la communauté hippie, échouant à inscrire le groupe de Berger dans un mouvement d’ampleur (ce sont les seuls hippies du film, à l’exception d’une scène située à Central Park) et transformant ainsi ses personnages principaux en simples fils à papa vaguement rebelles (c’est avec bien peu de questionnements que Claude intègre le mode de vie hippie, tout comme le fera sa future copine, débauchée chez ses riches parents après que Berger ait dansé sur une table…). Dans le fond, c’était peut-être bien ce qu’étaient les hippies. Mais cela n’était probablement pas la vision recherchée par Forman. Et n’empêche que quoi que l’on pense d’eux, on ne peut que reconnaître que les hippies ont poussé avec plus ou moins de succès (cela dépend des domaines) l’évolution des mœurs de la société occidentale. Et là aussi, Forman peine à retranscrire tous leurs apports, se contentant donc de reproduire des clichés : le conflit générationnel, l’amour libre, le pacifisme, les drogues, les cheveux longs, l’entraide, l’amitié, le sentiment anti-bourgeois… Des ingrédients certes incontournables, mais il aurait malgré tout été préférable que le réalisateur fasse l’impasse sur certains d’entre eux pour mieux développer les autres. L’ensemble est en l’état beaucoup trop superficiel, pour être honnête, d’autant plus que le film est construit de façon assez simpliste : une partie pour un thème, illustré par une chanson, puis on passe à autre chose. Bien longues sont ces deux heures, et c’est avec bien du mal que l’on s’intéressera à l’histoire racontée par ce scénario inconsistant avec ses longs morceaux musicaux. Il faudra attendre la fin du film pour retrouver un récit cohérent tout juste potable. A cette occasion, le film affichera même une gravité venant trancher radicalement avec ce qui a précédé. Cet ultime soubresaut ne fera qu’affirmer que décidément, le film de Milos Forman était décidément futile et au lieu de la vision d’un mode de vie devenu légendaire, nous n’avons eu droit qu’à une description en surface des passes-temps de quelques glandus à la cool. Pas de quoi réveiller Jimi Hendrix.

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