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Zebraman – Takashi Miike

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Zebraman. 2003.

Origine : Japon
Genre : Action héroïque
Réalisation : Takashi Miike
Avec : Sho Aikawa, Kyoko Suzuki, Teruyoshi Uchimura, Yui Ichikawa…

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Shinichi, homme sans relief, aimerait mener la vie aventureuse d’un superhéros, en réaction à sa morne existence. A défaut de bénéficier de pouvoirs hors du commun, il se confectionne le costume de son héros d’enfance : Zebraman. Alors que de nombreux crimes sont perpétrés dans son quartier, il tombe par hasard sur une agression en cours, affublé de son costume… Et là, le miracle se produit, il se découvre doté de supers pouvoirs.

Né avec les années 80, j’ai connu une enfance bercée par les exploits de divers superhéros originaires d’Asie, bien avant la vague actuelle en provenance des Etats-Unis. Qu’il soit seul (X-Or) ou en bande (Bioman), le superhéros de l’époque se débattait, épisode après épisode, dans un schéma immuable à bases d’invasions sournoises altérant la personnalité des habitants de leur ville d’adoption, et d’un combat final en deux temps. Dans leur confection, ces séries étaient dans la droite lignée de Godzilla et consorts avec des acteurs dans les costumes de monstres et des maquettes pour illustrer les destructions à grande échelle. Un petit côté kitsch qui n’amoindrissait nullement le plaisir que je prenais devant ces folles aventures. Aujourd’hui, reprendre ces éléments tels quels paraîtrait suicidaires. C’est pourtant le pari que Takashi Miike a tenté de relever avec Zebraman, redonner vie à ces superhéros d’un autre temps.

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D’ailleurs, Zebraman est issu de cet autre temps puisqu’il s’agit du nom de la série éponyme dont Shinichi, alors enfant, se délectait. Il était bien le seul, la série ayant connu un flop retentissant et s’arrêtant au bout de sept malheureux épisodes. Shinichi a grandi, s’est marié et a eu deux enfants. Néanmoins, il n’a jamais oublié le héros de son enfance. Tant et si bien que pour lutter contre la morosité de son existence, il se confectionne à l’identique le costume de son héros. Lorsqu’il l’enfile, il oublie tout : que sa femme le trompe, que ses enfants ne le respectent pas, ainsi que l’inanité de son existence. Takashi Miike nous dépeint un immature chronique dont l’emploi, responsable des CE2, renvoie à son incapacité de se départir du monde de l’enfance. Sa fille a grandi trop vite pour lui, elle fréquente des hommes d’âge mûr pas toujours très recommandables, et,lorsqu’il s’adresse à elle, on le sent aussi gêné que s’il s’adressait à une femme de son âge pour la séduire. Dans ces conditions, une relation de couple devient problématique, et on comprend aisément que sa femme soit allée chercher ailleurs ce qu’elle ne possédait pas sous son toit. Quant à son jeune fils, souffre-douleur de sa classe à cause de la mollesse de son père, il n’a que dédain pour lui. Voici posé l’univers de Shinichi dans un monde légèrement futuriste, nous sommes en 2010, et que la venue d’un nouvel élève dans son école va bouleverser. Asano, c’est son nom, mène lui aussi une vie un peu à l’écart du fait de son handicap. Et cerise sur le gâteau, il connaît Zebraman. Il n’en fallait pas plus pour que Shinichi se lie d’amitié avec lui. Il trouve enfin en Asano quelqu’un à qui parler, avec qui partager sa passion pour Zebraman. Cela ne change pas fondamentalement sa vie, mais cela lui permet de l’aborder désormais avec le sourire.
Avec Zebraman, Takashi Mike ne paie pas seulement son tribut à toutes les séries de superhéros nées au Japon, mais aussi à ceux issus des comics américains. A ces derniers, il emprunte le côté reclus du personnage destiné à devenir héroique. La découverte des supers pouvoirs prend alors l’aspect d’une revanche sur la société, l’homme insignifiant devenant subitement quelqu’un d’important. Dans le film, Zebraman provoque l’hystérie de la foule telle une vedette de la pop locale. Shinichi ne joue plus au superhéros devant sa glace, il en est devenu un aux yeux du monde. Oublié son piètre costume aux coutures fragiles, place à une vraie tenue, robuste et bien dessinée qui lui apparaît comme par enchantement. En cours de route, Takashi Miike oublie la simplicité et le bricolage du début à grand renfort d’effets spéciaux numériques. Ce qui apparaissait de prime abord comme un hommage à tout un pan de la culture japonaise, se transforme en film de superhéros classique. Les monstres caoutchouteux sont laissés aux oubliettes au profit d’extraterrestres en images de synthèse d’un goût douteux, et qui ôtent tout charme à un film qui aurait gagné à conserver le ton mélancolique des premières scènes. A mesure que Shinichi prend conscience de ses supers pouvoirs, il devient moins attachant et ses aventures perdent en intérêt. On se fiche par exemple comme d’une guigne de ses difficultés à voler, difficultés qui nourrissent le faible suspense du combat final.

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En choisissant de ne raconter que l’avènement d’un superhéros de plus, Takashi Mike s’est rapproché du modèle américain au détriment d’une approche plus personnelle. Sous cette forme, Zebraman s’apparente à la concrétisation d’un rêve. Par sa volonté, et la foi de Asano, le rêve de Shinichi est devenu réalité. Désormais, il lit de l’admiration dans les yeux de son fils, et du respect dans ceux de la population. Il s’est réalisé, et toutes ses déconvenues passées sont oubliées. Un vrai plaidoyer pour les geeks, en somme. Ca tombe bien, ils sont à la mode en ce moment.

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