CinémaScience-Fiction

Le Monstre magnétique – Curt Siodmak, Herbert L. Strock

monstremagnetique The Magnetic Monster. 1953

Origine : Etats-Unis 
Genre : Science-fiction 
Réalisation : Curt Siodmak, Herbert L. Strock 
Avec : Richard Carlson, King Donovan, Jean Byron, Harry Ellerbe…

Les docteurs J.Stewart et Dan Frobes, agents du bureau des enquêtes scientifiques, suivent les traces d’un élément grandement radioactif. Los Angeles devient dès-lors leur terrain d’investigation, tout commençant dans une petite boutique ou un aimant semble avoir arrêté le temps et détraqué une tondeuse…

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D’un côté, l’allemand Curt Siodmak, écrivain de romans de genre (Le Cerveau du Nabab, La Mémoire de la mort) et scénariste plutôt reconnu de la branche horrifique des studios Universal (The Ape, The Wolfman, The Invisible Man returns ou encore Son of Dracula) ; il est venu au cinéma en participant au tournage de Metropolis en tant que figurant. De l’autre, Herbert L. Strock, monteur pour la MGM de 1914 à 1947 et l’un des premiers réalisateurs de la télévision américaine. Il toucha à la 3D avec son second long-métrage, Gog, mais l’appel de la table de montage se faisant plus fort, c’est vers elle qu’il termina sa carrière, de nouveau à la télévision, fidèle à ses premiers amours. Deux hommes donc, pas forcément voués à la réalisation mais plutôt réputés pour leur talent respectif de scénariste et monteur. Ainsi, on raconte qu’Ivan Tors, produisant avec Le Monstre magnétique son second film, recruta Herbert L. Strock pour ses dites qualités afin qu’il puisse intégrer au film de nombreux stock shots issus d’un film allemand âgé de presque 20 ans à l’époque, L’Or. On spécule également sur la paternité plus importante qu’aurait eu ce dernier face à Siodmak dans la mise en scène de ce Monstre magnétique.

Côté acteurs, on retrouve dans le rôle titre Richard Carlson (le sympathique docteur Reed de L’Étrange créature du lac noir de Jack Arnold) dans la peau du Dr. J. Stewart, King Donovan (L’Invasion des profanateurs de sépultures) qui était en train de réaliser là une année très prolifique (1953 = 13 tournages) en Dr. Dan Forbes, la ravissante Jean Byron qui trouve ici son second rôle après s’être lancée l’année précédente aux côtés de Johnny Weissmuller dans Voodoo Tiger de Spencer Gordon Bennet, et, Harry Ellerbe, acteur que l’on connait que très peu si ce n’est pour avoir incarné Bristol dans La Chute de la Maison Usher de Corman ou encore quelques rôles avec Clint Eastwood dans la série Rawhide.

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Série B de la grande époque, Le Monstre magnétique fait de son propre monstre la peur de la course au nucléaire, celle-là même étant définie comme une spirale infernale qui, une fois amorcée, n’a que pour seule et unique fin l’auto-destruction : fait traduisible ici par l’annonce du potentiel renversement sur elle-même de la planète Terre. Triste vérité qui n’en gâchera tout de même pas la vision puisque ce Magnetic Monster s’avère être un divertissement assez habile, gagnant le pari de terroriser sans le moindre effet spécial, le monstre en question n’existant physiquement pas. Idée intelligente mais risquée qui trouve son éclat dans un rythme franchement bien dosé – le monteur Herbert L. Strock étant un homme au ciseau bien aiguisé – où les stock shots, visibles c’est certain, demeurent bien combinés à l’ensemble. Pour le reste, on se serait bien passé des trois passages romantico-romancés, là pour répondre aux exigences d’une production désireuse de satisfaire le public le plus large. Si ils ne sont pas réellement mauvais, concluons que leur place est douteuse et que seule Jean Byron risque de nous les faire apprécier. Ou, d’un point de vu éminemment plus objectif, disons que l’aspect réaliste et quasi documentaire du film est contre-balancé par une romance que l’on croirait tout droit issue d’un comic américain.

Le Monstre magnétique, avec ses brouillages intempestifs et sa propension invisible, garde une force intéressante à l’aube de la deuxième décennie des années 2000 : époque pleine d’ondes, d’éléments peu ou mal maitrisés qui passent dans l’air. Finalement, de la peur du communisme jusqu’au facile parallèle avec nos soucis contemporains, le film a peut-être plus muri que régressé. Et pour une fois notre regard sera point-être moins changé, moins accusateur – “le film a vieilli !” – au profit d’une douce-amer surprise. Le Monstre magnétique est un film à voir sérieusement et avec de grands yeux, l’invisible prenant aisément le pied sur le bricolage apparent.

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