CinémaPolar

City of Crime – John Irvin

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City of Industry. 1997

Origine : Etats-Unis
Genre : Polar
Réalisation : John Irvin
Avec : Harvey Keitel, Stephen Dorff, Famke Janssen, Timothy Hutton…

Quatre petites frappes des bas quartiers de Los Angeles préparent et réussissent un casse dans une bijouterie. Mais l’un d’eux, Skip (Stephen Dorff), ne peut se résoudre à voir le butin partagé en quatre et parvient à assassiner deux de ses trois complices. Seul reste en vie Roy (Harvey Keitel), le plus sage des quatre ex-associés, qui avec l’aide de la veuve d’un de ses anciens partenaires (Famke Janssen) va entammer une chasse à l’homme avec un Skip s’étant entre-temps assuré ses arrières en ayant recours à des gangs reconnus.

Très beau petit film que ce City of Crime qui opte pour une tonalité résolumment mélancolique et qui fait de ses héros des hommes avec des principes, réduits au banditisme par la nécessité d’entretenir leurs familles, sans pourtant que le film ne verse une seule seconde dans le misérabilisme. Nous sommes ici fort loin des gangsters machistes, et c’est à la fois très étonnamment et très agréablement que l’on découvrira que l’attention et la solidarité que chacun porte pour son compagnon dans le crime ne se dément jamais. Y compris lorsque Roy, le dernier “intègre” de la bande des quatre depuis la trahison de Skip aura joint ses forces à celle de Rachel Montana, jeune veuve désemparée, qui après quelques hésitations l’aidera donc à trouver l’assassin de son mari. Pas de romance ni de consonnances sexuelles malvenues, mais pas non plus de tension d’égo ni de méfiance excessive. Juste deux citoyens en pleine difficulté économique qui essayent ensemble de se faire justice dans une amitié naissante caractérisée avant tout par l’honnêteté et le respect. Sans que pourtant tout cela ne donne lieu à des scènes excessives : comme dans tout le film, peu de paroles sont prononcées et le réalisateur britannique John Irvin parvient à instaurer un climat à la fois calme (grâce au caractère de ses personnages) et pesant (la décrépitude de l’environnement, avec ces industries crasseuses, ces locaux délabrés et ces night-clubs mal famés). A cela précèdent les recherches d’un Roy encore esseulé, qui a bien du mal à se faire respecter de ceux desquels il attend des révélations conçernant l’actuelle planque de Skip. Un avocat véreux, un tenancier de bar et même une strip-teaseuse asiatique (Lucy Liu) ne seront guère impressionnés par lui, même quand il emploie la manière forte. C’est que pour paraphraser une phrase du personnage de Famke Janssen, il “ne ressemble pas à un tueur”. C’est encore une fois un bandit profondément humain, un exclu de la société qui n’est pas près à abandonner sa fierté ni pour respecter un système qui l’a réduit au crime, ni pour se soumettre aux vrais bandits, ceux qui donnent désormais leur protection au jeune et ambitieux Skip, à savoir les gangs organisés.

A l’instar de Roy, de son alliée Rachel (Famke Janssen incarne encore une fois ici une femme forte, sans jamais oublier sa féminité en chemin) et des deux morts (en réalité le frère de l’un et le mari de l’autre), tout le film sera marqué par un sens de la dignité qui aboutira à insuffler une forte dose de noirceur dans le propos pourtant propice à la pleurnicherie. Il n’y aura guère de scènes d’action, le film continuera en permanence à jouer la carte de la retenue à tous les niveaux, mais lorsque celles-ci éclateront, elles seront aussi justifiées que violentes (une tête qui explose en gros plan après un coup de fusil à pompe, ou encore le duel final entre Skip et Roy). On regrettera une fin tout de même trop optimiste, et qui d’ailleurs sortira du cadre de l’industrie qui donne son nom au titre original du film. Mais dans l’ensemble, tout est solide et homogène : le casting (même Stephen Dorff, très bon en jeune bandit arriviste, c’est dire !), le propos et le ton mélancolique. Décidemment, un très bon petit film, pas aussi connu qu’il devrait l’être.

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