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Les Contes de la crypte 2-08 : Hurlement nocturne – Jeffrey Price

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Les Contes de la crypte. Saison 2, épisode 08.
For cryin’ out loud. 1990

Origine : États-Unis 
Réalisation : Jeffrey Price 
Avec : Lee Arenberg, Katey Sagal, Iggy Pop, Sam Kinison…

Propriétaire d’une petite salle de concerts, Marty Slash a organisé un festival caritatif pour un fond de sauvegarde de l’Amazonie. Avec en tête de proue nul autre que Iggy Pop, la manifestation lui a permis de réunir la rondelette somme de 1 million de dollars. Sauf que ladite somme n’ira jamais à ses bénéficiaires. Agacé d’avoir toutes ces années durant été au service du moindre caprice de stars de la musique pour pas un radis (ou presque), il a décidé d’engranger le pactole et de filer en douce à l’étranger. Manque de bol, sa banquière, qui a constaté qu’il avait retiré le fameux million, lui rend visite. En échange de son silence, elle réclame la moitié du pactole.

Sous leurs airs bête et méchant, Les Contes de la crypte se révèlent au fond très moraux, même si ladite morale peut prêter à caution au regard de certains chemins sinueux qu’elle emprunte. Co-scénariste de Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, Jeffrey Price a la bonne idée de placer le conflit moral au cœur de son intrigue. Davantage que l’employée de banque, « l’ennemi » de Marty n’est autre que cette petite voix qui résonne dans sa tête, la voix de sa conscience.

L’épisode s’ouvre sur un spectacle pour le moins inattendu : l’empressement d’un condamné à mort pour aller rôtir sur la chaise électrique. Serions-nous en présence d’une campagne visant à promouvoir la peine de mort ? Bien évidemment non, la série se refusant à pousser le bouchon du mauvais goût aussi loin. Cet empressement cache en réalité la détresse d’un homme qui ne peut plus vivre avec ses torts. Seule la mort est en mesure de le libérer de ses tourments. Au-delà du côté décalé que la scène instaure immédiatement, celle-ci laisse en suspend deux interrogations, à savoir comment cet individu en est arrivé là, et pourquoi est-il si pressé d’en finir ? L’épisode repose donc sur un long flash-back qui illustre l’adage selon lequel le plus important n’est pas la destination mais le chemin qui y mène. Et effectivement, le voyage de Marty Slash vaut le détour.
Malicieux, Jeffrey Price ne se contente pas d’orchestrer –brillamment– le cauchemar qu’est en train de vivre Marty, dont le patronyme renvoie au célèbre guitariste des Guns N’ Roses. Il profite de l’occasion pour s’amuser du milieu dans lequel gravite le personnage principal, à commencer par ce concert caritatif dont Marty détourne l’argent. L’histoire du rock est parsemée de ces grands raouts de bienfaisance, lors desquels de grandes stars de la musique s’asseyent sur leur ego (en principe) le temps d’une soirée où priment solidarité et générosité. Deux qualités que Marty n’a plus (si tant est qu’il les ait eues), rincé par 15 années à jouer les larbins pour des stars peu reconnaissantes, mais qu’il sait exploiter pour son propre compte (bancaire). La crédulité des gens est sans limite, et que ne feraient-ils pas pour se donner bonne conscience tout en profitant d’un grand spectacle serti de stars. La série bénéficiant de budgets confortables, l’épisode peut se targuer de la présence d’une vraie star du rock, en l’occurrence Iggy Pop, ici parfaitement dans son élément. Si l’iguane déçoit en usant du playback, il colore l’épisode d’une litanie de « fuck » prompte à faire se dresser les cheveux sur la tête de plus d’un patron de chaîne. Et à quelques reprises, Jeffrey Price s’amuse à mettre en parallèle les attitudes de Marty à celle du chanteur lors de jolis pas de deux. Hurlement nocturne se révèle un épisode parfois proche du burlesque, auquel Lee Arenberg (Marty) apporte une belle énergie comique. Et le bougre ne ménage pas sa peine offrant les plus folles expressions à son personnage, tout en étant toujours dans le ton d’une histoire à la fois sordide et grotesque. La paranoïa qui s’empare peu à peu de son personnage prend alors une tournure spectaculaire jusqu’à son issue dérisoire. Cette nuit devait marquer le début d’une nouvelle vie, et en un sens, c’est ce qui s’est passé. Sauf qu’au lieu de lendemains paradisiaques sous le soleil du Portugal, Marty s’est offert un long séjour à l’ombre avant le feu d’artifice final. Pas vraiment l’avenir dont il rêvait.

Il est beaucoup question d’amour depuis le début de cette seconde saison. Cet épisode ne déroge pas à la règle, enfin pas vraiment même si l’amour dont il est question est celui de l’argent. Marty tient à son million de dollars comme à la prunelle de ses yeux, au point de commettre l’irréparable et de s’opposer à sa conscience (au passage, excellent travail de Sam Kinison, taquin et sentencieux à souhait) dans un combat perdu d’avance. La morale est donc sauve, mais que le spectacle de cette vaine transgression fut plaisant. Hurlement nocturne s’impose d’ores et déjà comme l’un des sommets de cette saison.

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