CinémaHorreur

Prison – Renny Harlin

prison

Prison. 1988

Origine : États-Unis 
Genre : Horreur 
Réalisation : Renny Harlin 
Avec : Viggo Mortensen, Lane Smith, Chelsea Field, Lincoln Kilpatrick…

Puisqu’il n’y a ni le temps ni l’argent pour construire une nouvelle prison, les autorités décident d’en réouvrir une qui avait été fermée voici 20 ans. Eaton Sharpe (Lane Smith), ancien maton ayant sévit dans cet endroit, est nommé directeur. Tout ceci scandalise Katherine Walker (Chelsea Field), gentille employée d’un quelconque organisme de surveillance pour laquelle il est intolérable qu’un sadique comme Sharpe puisse diriger une prison aussi vétuste. Et pourtant si. Et encore, elle ne sait pas tout : l’esprit du dernier condamné à mort, inculpé à tort par Sharpe, rôde encore entre les murs.

Débarqué de sa Finlande natale, Renny Harlin trouve refuge dans la série B américaine grâce à l’Empire de Charles Band, noble compagnie de production et distribution si il en est. Et pour son premier film en territoire Yankee, on peut dire que le réalisateur a déjà trouvé son style, tout en subtilité et en pensum humaniste. Ainsi Prison développe un propos politique tricoté de dentelles : la prison est une ruine, le directeur Sharpe et ses matons sont tous des pourris, et les prisonniers sur lequel s’attarde Harlin sont tous bien braves. On remarque la présence d’un jeune Viggo Mortensen au physique de minet et au regard de tueur qui lui valent de décrocher son premier rôle principal, celui de Burke, un taciturne prisonnier plein d’abnégation. C’est le chef spirituel des taulards résistants, celui qui n’hésite pas à risquer sa peau pour sauver ses camarades, qui ne baisse pas la tête devant les matons et qui bien entendu est l’auteur de l’héroïque geste final. Tous ses camarades sont au moins aussi peu crédibles que lui : le débrouillard toujours prêt à tenter une évasion forcément condamnée à l’échec (sinon ce serait lui le héros !), le vieux noir plein de sagesse, le jeune noir qui fait de la magie noire dans sa chambre, le latino débrouillard, et puis bien sûr, cerise périmée sur le gâteau confit, le jeune éphèbe traumatisé par la grosse brute qui lui sert de compagnon de cellule. Bon nombre de scènes sont également directement issues des plus plats stéréotypes des films de prison : le mitard, l’évasion, les fouilles de fond en comble, le maton désarmé, la démonstration de force du directeur, la révolte des prisonniers… Prison est aussi simple que son titre l’indique. Quand à Katherine Walker, la femme bien intentionnée, il est bien difficile de lui trouver une quelconque utilité : non seulement elle ne se rebelle pas contre Sharpe (si ce n’est dans sa chambre, quand elle est toute seule face à son ordinateur) mais en plus elle ne met pratiquement jamais les pieds dans la prison. Tout juste peut-on signaler le regard attendri qu’elle porte à Viggo Mortensen, lequel n’en a cure et va manger sa bouillie sans rien remarquer. Entre ses personnages idiots et son évolution allant de balise en balise, le premier film de Renny Harlin aurait largement pu être ennuyeux comme la pluie. Il ne l’est en fait pas autant que ça.

Sa qualité première est d’avoir été tourné dans une véritable prison désaffectée, sale, étroite et pleine de couloirs sombres. Le sous-sol du mitard fut effectivement inondé, et Mortensen se porta volontaire pour tourner dans ces conditions, ce qui lui permet de jouer les frigorifiés le plus naturellement du monde. Par ses éclairages sombre, le chef opérateur Mac Ahlberg parvint à capter la nature claustrophobique du lieu, la densité de figurants se marchant dessus faisant le reste. Renny Harlin se distingue également par sa mise en scène inspirée, principalement dans les scènes de couloir, pleines de tuyaux humides, de chaudières brutalement mises en marches et d’ennemi imperceptibles qui le mèneront tout droit vers la réalisation du Cauchemar de Freddy. Le fantôme du condamné, plutôt que d’agir selon les traditionnelles méthodes des poltergeists, s’apparente en effet davantage à Freddy Krueger, dont les recettes étaient à l’époque suffisamment imposantes pour attirer l’attention. Harlin s’en inspire, mais ne se perd pas dans la même gaudriole qu’au moment de réaliser la quatrième aventure du grand brûlé. Il ne montre jamais son fantôme, mais en revanche il s’attarde beaucoup sur ses meurtres inspirés par la chaise électrique, impressionnants de cruauté. Le meilleur est atteint lorsqu’un maton est saigné à mort par les barbelés qui l’enserrent sur une chaise. Prison est assez gore, bien plus que ne l’étaient les Freddy de l’époque, ce qui avec le climat poisseux de la prison contribue à donner du style à un film dont le scénario n’est pourtant vraiment pas épais. La seule chose à retenir de l’histoire en elle-même tourne en fait autour de Sharpe, le directeur dont le passé trouble de maton ne laisse que peu de place à la surprise mais permet à Lane Smith de faire valoir son jeu d’acteur à plusieurs facettes, capable de se montrer à la fois dictatorial, terrorisé et physiquement affaibli. Son méchant est autrement plus convaincant que le gentil d’opérette joué par Mortensen.

Renny Harlin oblige, Prison se termine malgré tout bien mal, entre des explosions, la matérialisation du fantôme (joué par Kane Hodder), des coups de théâtres, des éclairs bleus assez mal incrustés à l’écran et des coups de feu en rafale. Film d’horreur, film de prison, film d’action, tout n’est pas réussi, l’application de Harlin ne parvient pas à sauver l’intégralité, mais le spectacle se laisse suivre sans déplaisir.

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