La Colline a des yeux 2 – Wes Craven
The Hills Have Eyes 2. 1985Origine : États-Unis
|
Devant l’insistance des éditeurs de VHS britanniques, motivés par l’énorme carton que constitua la sortie vidéo de La Colline a des yeux premier du nom dans leur pays, Wes Craven accepta de tourner une séquelle. Petit budget, tournage de 24 jours. Mais ça ne lui faisait pas peur, au Wes, lui qui depuis la fin des années 70 alternait avec régularité les tournages, perdant au passage son style pourtant attractif de La Dernière maison sur la gauche et de La Colline a des yeux. Au milieu des années 80, le voilà donc qui signe quatre films consécutivement : Invitation pour l’enfer, Chiller (en réalité des téléfilms), La Colline a des yeux 2 et, loin au-dessus de tout ça, Les Griffes de la nuit. Bien entendu, il n’est pas surprenant que ce soit ce dernier projet qui ait retenu toute l’attention du réalisateur, qui cherchait à le monter depuis quelques années. Les téléfilms étant ce qu’ils sont, Craven s’est contenté d’y gagner son pain, tandis que La Colline a des yeux 2, en dépit de l’attente que certains pouvaient ressentir envers lui, présente tout bonnement tout de l’abandon pur et simple, du produit vite fait mal fait. Si Craven marcha dans les années 70 sur les pas des précédents survivals, il verse ici dans un autre genre horrifique : le slasher, mis au goût du jour par les récents succès de Halloween et de Vendredi 13. Et La Colline a des yeux 2 est très loin de s’approcher de ses modèles, contrairement à ce qu’avait fait le premier film. Craven y abandonne totalement toute velleité sociale et se contente de livrer un slasher passe-partout, aussi débile que chiant. Pour ce faire, il emprunte le compositeur attitré de la série des Vendredi 13, Harry Manfredini, et lui demande de donner aux cannibales du désert le même genre de musique que celle qui accompagne Jason Voorhees. Le total manque d’idées de cette séquelle est palpable. Craven va jusqu’à piquer de nombreux extraits du premier film pour les placer avec peu de bonheur dans son film (les flash-backs du chien !), les vidant de toute substance, ne retenant que les effets chocs et leur ajoutant la nouvelle partition de Manfredini. Le premier quart d’heure est rempli de ce genre de choses, allant même jusqu’à repiquer les images du générique de début en remplaçant le nom des acteurs et des techniciens. Voilà comment détruire un film entier dans l’exposition de sa séquelle.
Car le réalisateur tente coûte que coûte de lier le second film au premier, et reprend même plusieurs personnages : Bobby, traumatisé, qui refuse d’aller avec ses petits camarades dans le désert où il fut victime de l’agression de la famille “Mie-de-Pain”. Bien lui en prend, puisqu’ils tomberont en panne au beau milieu d’un racourci qu’ils n’auraient jamais dû prendre. Il y a aussi Ruby, dissidente de la famille de sauvages dans le premier film, qui depuis a épousé Bobby (les psychiatres ont du s’arracher les cheveux en voyant ça), et qui elle est de l’escursion dans le désert. Et enfin, comble de la bêtise, le chien de la famille Carver du premier film, qui lui aussi est du voyage ! Le reste du casting ne se compose que de jeunes motards sportifs débiles, y compris pour le couple de héros : elle est aveugle (et se comporte tantôt comme Daredevil, tantôt comme un légume), lui est un blagueur, comme tous ses amis. Car contrairement aux autres slashers qui en général ne fournissent qu’un ou deux humoristes, celui-ci fait dans le comique troupier, et tout le monde affiche un net penchant à la blague. Seau au dessus d’une porte entrebaillée, masques pour faire peur, imitations pourries, blagues lamentables, tel sera le consternant programme… Là où entre chaque interventions de Jupiter et de ses accolytes Craven jouait la carte de la tension dans le premier film, le même Craven joue ici la dédramatisation. Prétexte fumeux pour filmer des jeunes en train de faire les cons, tandis que certains membres du casting ont disparus depuis des plombes, dessoudés par ce qui reste de la famille “Mie-de-Pain”. A savoir Pluton (Michael Berryman), qui finalement n’est pas mort, ainsi que Le Boucher, frère du Jupiter du premier film, sorti d’on ne sait trop où. Tous deux n’ont plus rien des prédateurs rusés du premier film : ce sont des crétins finis, qui entre deux meurtres passent leur temps à rire grassement et à se contorsionner dans tous les sens. Leur premier méfait se résumera à un vol de motos… C’est dire si nous nageons ici en pleine bêtise. Les espaces entre chaque meurtres sont longs et pénibles, et lorsque ces meurtres interviendront, ils se révèleront chiche en gore et en imagination.
La Colline a des yeux 2 n’est pas un film : c’est une farce. Tous les stéréotypes des mauvais slashers y sont repris à la lettre et appliqués avec une insistance à la limite du supportable. Il n’est plus question ici d’opposer deux civilisations et de les faire se rejoindre dans la sauvagerie. Il est question d’opposer des jeunes débiles parfois roublards à deux tueurs stupides et vaguement cannibales (l’une des scènes nous montre l’antre de ces vilains pas beaux, cherchant à faire songer à Massacre à la tronçonneuse). C’est nul de bout en bout.