CinémaHorreur

Vampire… vous avez dit vampire ? 2 – Tommy Lee Wallace

vampirevousavezdit2

Fright Night 2. 1988

Origine : Etats-Unis 
Genre : Horreur / Comédie 
Réalisation : Tommy Lee Wallace 
Avec : William Ragsdale, Roddy McDowall, Julie Carmen, Traci Lind…

Très agréable surprise, le premier Vampire… vous avez dit vampire ?, de Tom Holland, avait su allier avec une harmonie plutôt rare le second degré propre aux films horrifiques des années 80 aux recettes habituelles (voire éculées) des films traitant de vampirisme. Succès commercial aidant, il était logique, au vu de la période propice aux séquelles, qu’un second volet soit mit en chantier peu de temps après. Et c’est ainsi qu’en 1988 déboula Vampire… vous avez dit vampire ? 2, réalisé par Tommy Lee Wallace. Ami et collaborateur régulier de John Carpenter, Wallace s’était déjà vu confier la réalisation d’une séquelle d’un film autrement plus prestigieux, Halloween, avec l’objectif osé et soutenu par John Carpenter lui-même de ne pas utiliser Michael Myers et de tenter de faire bifurquer la saga vers une modeste anthologie horrifique. Peine perdue, mais malgré tout son Halloween 3 ne fut pas si mauvais que ça, n’en déplaise aux grincheux fans de Michael Myers (si ça existe encore). Malgré qu’elle ne soit pas épaulée par Carpenter, l’implication de Wallace à Fright Night 2 (gardons le titre anglais, ça vaudra mieux pour tout le monde) s’annonçait donc plutôt pas mal tant le bonhomme, pouvait-on penser, avait été formé à une école au combien glorieuse, et qu’il s’était de plus aguerri depuis Halloween 3 en tant que réalisateur dans des séries télévisées telles que la nouvelle Quatrième Dimension.

Co-auteur du scénario de Fright Night 2 avec quelques scénaristes débutants, Wallace ne s’embêta pas tellement et repris grossièrement le schéma du premier film, l’exposition en moins. C’est ainsi que le jeune Charley Brewster (William Ragsdale), désormais à l’université, est d’emblée montré dans le cabinet d’un psychiatre qui a réussi à le convaincre que les vampires n’existent pas et que Jerry Dandridge n’était qu’un criminel banal, et non un suceur de sang. Peter Vincent (Roddy MacDowall), lui, ne prend pas ombrage du retournement de veste de son jeune ami avec lequel il continue à entretenir des contacts. Mais justement, au cours d’une visite à l’appartement du célèbre chasseur de vampire, Charley apercevra par la fenêtre l’arrivée de plusieurs cercueils dans l’appartement d’à côté ! Et donc tout va recommencer : la perplexité de Peter Vincent, celle de Alex, la nouvelle petite amie de Charley, et les provocations du vampire en chef, cette fois une jeune femme baptisée Régine, qui n’est autre que la soeur de Jerry Dandridge cherchant à venger son frère.

La recette du premier film est donc respectée, mais bien entendu, Wallace ne peut se contenter de faire un remake direct du film de Tom Holland. C’est pourquoi il introduit quelques points de détails nouveaux, qui malheureusement ne vont pas chercher bien loin. Déjà il cherchera à faire de Charley un personnage plus paranoïaque, qui ne sait plus trop bien si il a effectivement affaire à un vampire ou si il commence à perdre les pédales. Une hésitation qui portera malheureusement atteinte au rythme du film, bien moins prenant que l’histoire directe du premier film, qui transformait un ado en apprenti Van Helsing, tandis que le vrai Van Helsing (ou du moins son fac-assimilé Peter Vincent) continuait pour sa part à hésiter. Ici, Peter Vincent n’hésite qu’un temps, avant d’être pleinement convaincu et motivé au combat via une scène rappelant directement celle du premier film, dans laquelle l’absence de réflexion dans le miroir est utilisée. Wallace, en confortant le Van Helsing de service dans ce qu’on attend de lui et en faisant de Charley un jeune à convaincre, revient à une norme que le premier film avait habilement contourné.

Deuxième élément du premier film à être modifié au désavantage de Fright Night 2 : le coup du personnage mordu qui doit vaincre son ennemi avant le prochain lever du soleil pour ne pas lui-même se transformer en vampire. Dans le premier film, il s’agissait de Amy, la petite amie de Charley, mais ici, il s’agit de Charley lui-même, ce qui du coup rend le personnage blafard pendant une bonne partie du film et qui contribue à lui faire perdre encore un peu plus de toute sa vigueur du premier film. En conséquence, Roddy McDowall se retrouve bien seul du côté des “gentils” : Charley hésitant et mollasson, sa petite amie réduite au rang de personnage utilitaire, le film ne peut en outre pas s’appuyer sur un personnage semblable au “Evil Ed” du premier film, ce personnage moqueur et rigolard qui en passant du camp des gentils à celui des méchants avait vu ses qualités de comique décuplées jusqu’à sa cruelle et spectaculaire mise à mort. Pas de ça ici, ou plutôt, si il y a bien un personnage écrit dans le prolongement du bon vieux “Evil Ed”, il n’est pas du même niveau que son modèle. La faute à un scénario qui le présente d’emblée en vampire toujours prêt à se transformer pour la rigolade et à aligner des répliques plus consensuelles que sarcastiques. On se prend parfois à penser à un épisode de la triste série Buffy (ou du film qui l’annonça, tout aussi minable), d’autant plus que Wallace surcharge son film de monstres en tous genres, là où Holland se contentait de Dandridge, de son serviteur ghoule et, donc, après quelques temps, de Evil Ed. Ici les vampires et les monstres se montrent plus que de raison et relèvent toujours du même style d’humour forcé. Chose d’autant moins appréciable que les effets spéciaux et les maquillages se révèlent assez médiocres.

Mais le ratage le plus notable est certainement celui lié à Regine, la soeur de feu Jerry Dandridge. Là où l’excellent Chris Sarandon campait un vampire aristocratique, lui aussi très sarcastique mais aussi parfois très impressionnant (avec ses différentes transformations, notamment), Julie Carmen, future héroïne de L’Antre de la folie de Carpenter, ne fait que jouer le coup de la vampirette sexy et hypnotique, prenant des poses qui n’impressionnent que le pauvre Charley. Fright Night 2 anticipe quelque peu sur le côté exagérément romantique des films de vampires du début des années 90, et le résultat est franchement médiocre, tant d’une part Julie Carmen se montre piètre actrice et n’est nullement attirante pour le spectateur, et que d’autre part ce style se marie extrêmement mal avec le côté ouvertement comique du film.
Enfin, le dernier gros défaut de Fright Night 2 se situe tout bonnement dans son atmosphère. Là où le premier film prenait comme cadre une maison tendance “manoir hanté” au milieu d’un quartier résolument bourgeois, celui-ci se situe au milieu d’un campus universitaire n’évoquant nullement les classiques de l’horreur, et ne jouant donc pas sur le décalage entre modernisme et classicisme (si ce n’est, donc, lorsqu’il essaie vainement de verser dans le côté romantique). Il perd tout le charme qui caractérisait le premier film, et il verse définitivement dans le style typiquement adolescent de bien des films (et séries télévisées) de la fin des années 80, sans imagination, sans identité, et doté d’un second degré davantage raccoleur que mordant.
Bilan négatif, donc, et c’est sans trop de soucis que l’on oubliera que le méritoire Vampire..vous avez dit vampire ? fut affligé d’une séquelle qui chercha bêtement à le copier tout en lui ajoutant d’autres ingrédients, quasiment tous frelatés.

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