Jurassic World – Colin Trevorrow
Mettons les pieds dans le plat sans plus attendre : j’aime les dinosaures. C’est con, j’en suis conscient, parce qu’il n’y en a plus depuis longtemps… Cela étant dit, dès que j’en vois un plus ou moins bien animé à la télévision ou au cinéma, j’ai le cœur qui s’emballe. J’aime ces grosses bêtes !
Mes préférés restent néanmoins les gentils dinosaures. Les stégosaures ont ma préférence depuis longtemps. Alors vous imaginez bien que j’ai scruté chaque scène de Jurassic World à la recherche de mes dinosaures préférés. Si j’ai pu les apercevoir, ils n’ont véritablement aucun rôle dans le film, sinon d’illustrer les images qu’on nous balance en pleine poire. Car, vous allez être servis, soyez rassurés, vous allez en voir des dinosaures ! Des gentils, des pas beaux, des qui volent, des qui nagent, des qui crient fort, des qui font trembler la terre, et j’en passe…
Jurassic World, c’est la suite des Jurassic Park. On n’efface pas le passé, ce n’est pas un reboot, presque un remake. On met des dinosaures dans un parc, le parc tourne depuis longtemps déjà. Les gens viennent voir des bêtes géantes, carnivores, herbivores, mais bien entendu, comme d’habitude, il faut proposer au public toujours plus. Alors on va non pas mettre au monde un tyrannosaure, parce que c’est déjà fait, et franchement, ça fait peur à qui ? Non, on va créer un dinosaure de toute pièce, hyper génétiquement modifié, qui sera grand, méchant, et qui bien entendu, s’avérera être un foutu psychopathe doublé d’un serial killer.
Pour que le tout fonctionne, on va mettre deux enfants en danger (Ty Simpkins et Nick Robinson), le plus jeune est un génie, l’autre un ado qui ne pense qu’aux filles, une directrice super belle qui pense plus à ses chiffres qu’à ses animaux (Bryce Dallas Howard), et un beau mâle alpha (Chris Pratt) qui prendra les choses en main pour sauver tout le monde. Et puis comme ça suffit pas, on va faire intervenir l’armée qui a pour projet de dresser des vélociraptors pour les envoyer sur les champs de bataille. Alors ? C’est pas un beau pitch ça ? Ah oui, comme ça manquait de noirs, ils ont donné un rôle insipide à Omar Sy pour se donner bonne conscience.
Bon, soyons honnête, Jurassic World est plutôt un chouette spectacle. C’est vraiment bien foutu, les dinosaures sont très réalistes et bien animés. Mais pour le reste, c’est mauvais. C’est un véritable blockbuster qui respecte un cahier des charges dont la thématique centrale est la surenchère. Il faut plus de dinosaures, il faut plus de morts, et comme il faut plus de spectateurs, il ne faut pas que ça soit violent ou gore. Et puis comme on aime les films de monstres géants, on va faire une petite surprise aux gens, ça va les épater! Je n’en dirai pas plus.
Jurassic World est un blockbuster qui respecte sa cible : un public moyen qui veut voir des films qui ne prennent pas de risques. Du coup, il n’y a pas grand chose à dire, l’analyse est très faible, à moins d’analyser les politiques de productions des blockbusters des dix dernières années… Jurassic World est un film calibré pour ne rien faire vivre à son spectateur. Il fait ainsi pâle figure à côté d’un Jurassic Park, qui, même si l’on peut regretter que Spielberg n’ait pas choisi d’aller loin dans la terreur façon les Dents de la mer, avait le mérite de proposer une lecture dynamique de son sujet avec quelques moments de tensions saisissants et quelques moments où la mise en scène du réalisateur transcendait son sujet.
Vous l’aurez compris, je suis énervé… Car après avoir supporté Le Monde Perdu (Jurassic Park 2) et Jurassic Park 3, j’étais en droit d’espérer un film mieux écrit et surtout mieux pensé. Alors certes, le film a eu du mal à se faire, l’écriture du scénario a été catastrophique, mais rassurez-vous chers producteurs, ça se voit…
Bref, avec Jurassic World, il n’y a rien d’original… et ça fait mal.