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Jurassic Park III – Joe Johnston

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Jurassic Park III. 2001

Origine : États-Unis
Genre : Aventures
Réalisation : Joe Johnston
Avec : Sam Neill, William H. Macy, Téa Leoni, Trevor Morgan…

A la suite d’une mésaventure qu’il serait assez vain de raconter tant son statut de prétexte est criant, le professeur Alan Grant (Sam Neill) débarque à Isla Sorna en compagnie d’un couple à la recherche d’un enfant, leur fils disparu sur l’île en compagnie de son beau-père. Mais l’endroit, celui-là même qui servit de base arrière aux créateurs du parc original (et sur lequel le second film se déroulait déjà) reste infesté de dinosaures.

Si Le Monde perdu a rapporté moins d’argent que le premier Jurassic Park, il n’en demeure pas moins qu’il a dégagé des bénéfices. Suffisamment pour motiver une seconde séquelle, qui d’un point de vue purement artistique ne s’imposait guère tant le concept, tentant en 1993, était alors devenu galvaudé par une ribambelle de films à base de monstres géants. Michael Crichton, romancier derrière les deux premiers Jurassic Park, ne prit pas la peine d’écrire un nouveau roman, laissant les scénaristes et producteurs se débrouiller eux-mêmes pour dégoter un alibi justifiant cette nouvelle visite au pays des dinos. Steven Spielberg, réalisateur des deux premiers films, abandonna le poste de réalisateur au docile Joe Johnston (Chérie, j’ai rétréci les gosses, Rocketeer, Jumanji… un vrai Peckinpah !), déjà demandeur du poste à l’époque du Monde perdu. Bref, tous les signes étaient là pour indiquer que Jurassic Park III ne serait qu’une même mouture capitalisant sur les recettes des premiers films. Décevant, mais Le Monde perdu n’avait déjà t-il pas prouvé après tout que l’effet de surprise était passé, que la fascination pour les dinosaures s’était éteinte après le premier film ? Si !

C’est pourquoi un scénariste plein de malice eut une idée de génie : remplacer le tyrannosaure par un spinosaure, c’est à dire un dinosaure amateur de Spinoza, de taille équivalente au T-Rex, mais avec un bec de canard ! Ceci permettait également de faire écho aux théories de la recherche archéologique à l’époque de la réalisation du film, avançant que les T-Rex n’auraient finalement pas été aussi agressifs que cela. Bien entendu, l’objectif du spinosaure reste le même que celui du T-Rex avant lui : traquer le groupe de héros. Pas de caractérisation chez le dinosaure principal, donc… Le changement se fait uniquement au niveau visuel. En revanche, le Professeur Grant (Sam Neill de service, après que Jeff Goldblum se soit coltiné la première séquelle) est là pour dispenser ses théories scientifiques sur les vélociraptors, qu’il pense capables de communiquer entre eux par la parole. Il s’agit de sa nouvelle lubie, succédant à celle du premier film visant à prouver que les raptors ressemblaient plus à des oiseaux qu’à des reptiles. Comme elle, cette nouvelle hypothèse sera validée par le film. Il n’y a donc guère de changements à attendre de ce côté-là non plus. Les vélociraptors n’apparaîtront donc que pour valider la théorie de Grant, confirmant le fait que notre héros est bien un héros de la science et qu’il sait beaucoup de choses. Pour parachever le tout, notons qu’en bonne production Spielberg, Jurassic Park III dispose d’une thématique familiale toute tracée : le couple Kirby, séparé, se retrouve dans l’amour porté à leur enfant, qui comme le chiard du premier film se trouve être un petit génie très au fait du monde jurassique, et de ce fait, pour le spectateur, insupportable de prétention. Quant aux parents, William H. Macy tente de se réapproprier le caractère du personnage qu’il tenait dans Fargo et Téa Leoni se fond dans la végétation.

Rien de neuf sous les lianes, donc, et seul peut subsister le récit d’aventure en lui-même. Il faut bien admettre que le film démarre pas mal, avec l’arrivée de l’expédition sur Isla Sorna. Avion dévié par un dinosaure, carcasse trainée au sol par le spinosaure, quelques personnes boulottées, course-poursuite dans la jungle, puis opposition entre le salutaire T-Rex et le spinosaure (autrement dit la passation de pouvoirs) et enfin, plus de sang que dans les premiers films. Tout ceci enchaîné. Il est légitime de se prendre alors à rêver d’un excellent film d’aventure. Peine perdue. Régulièrement entrecoupée par les atermoiements familiaux des Kirby, par les velléités scientifiques de Grant, par la présence d’un assistant archéologue gentil mais con à en voler des œufs de raptors, l’action sera pour le moins intermittente et de plus en plus mal foutue au fur et à mesure que l’histoire avancera et que les situations se voudront recherchées. C’est que Johnston peine à gérer les attaques de ses dinosaures : cadrages de travers, montage au petit bonheur la chance… Le climax du film, une agression aquatique, devient ainsi illisible, tout comme l’avait précédemment été l’attaque des ptérodactyles dans une volière brumeuse (scène reprise du premier roman de Crichton). A vouloir trop se montrer impressionnant, le réalisateur en perd son latin, et le film de son intérêt. On ne se consolera pas beaucoup avec les effets spéciaux numériques, très criards lors de certaines scènes, ni avec la présence réduite et gratuite de nouveaux dinosaures dans le bestiaire de la trilogie. A moins bien sûr que l’on ne considère que rajouter des plumes sur les vélociraptors soit un nouveau critère déterminant (et retenu en raison des découvertes archéologiques tendant à prouver qu’effectivement, les raptors disposaient de plumes).

En définitive, Jurassic Park III est bien un film totalement inutile, reprenant des pans entiers des scénarios des deux films précédents, et dissimulant son manque d’idées derrière de vagues innovations illusoires (le spinosaure !). Plusieurs clins d’œils sont même faits aux deux premiers épisodes (présence furtive de Laura Dern, évocation du personnage de Goldblum… lequel devait à l’origine également apparaître), histoire de bien afficher la parenté. Peut-être moins propice au ridicule que Le Monde perdu et sa gamine combattant des dinos en faisant de la gymnastique, mais tout aussi dépourvu d’imagination. Les attaques de dinosaures se font machinales, et ayant eu la mauvaise idée de tuer tous les personnages “tuables” (c’est à dire ni la famille, ni Grant) dans la seule scène valable du film (tout au début), Johnston n’arrive même pas à préserver le suspense. Il serait bon d’en rester là et de ne pas s’aventurer dans une troisième séquelle. Mais il semble que cela soit déjà trop tard, et des rumeurs de Jurassic Park IV semblent déjà se profiler à l’horizon…

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