CinémaHorreur

L’invasion des morts-vivants – John Gilling

invasion-des-morts-vivants-affiche

The Plague of the Zombies. 1966

Origine : Royaume-Uni
Genre : Horreur zombiesque
Réalisation : John Gilling
Avec : André Morell, Diane Clare, Brooke Williams, Jacqueline Pearce…

Peter Tompson est médecin dans un petit village des Cornouailles dont le taux de mortalité connaît une forte croissance. Dans l’incapacité d’exercer son métier comme il l’entend, et légèrement dépassé par les événements, il fait appel à son ancien professeur, le docteur Forbes. Ce dernier débarque au village accompagné de sa fille durant un enterrement, ce qui lui permet de prendre rapidement connaissance du profond désarroi dans lequel se trouvent les villageois face à cet énième décès en à peine un an. Tenant à tout prix à procéder à l’autopsie du cadavre alors qu’on le leur interdit, les deux médecins entreprennent de déterrer le corps. A leur grande surprise, le cercueil est vide. De toute évidence, quelque chose de pas très net se trame dans la région.

John Gillling compte parmi les recrues de l’âge d’or de la Hammer. Démarrée en 1949 avec le polar A Matter of Murder, sa carrière oscille entre les genres pendant une douzaine d’années avant de devenir un habitué des productions de la firme britannique avec 6 films en l’espace de 6 ans entre 1962 et 1967. Durant cette parenthèse, l’éclectisme est là encore le maître-mot puisqu’il démarre sa contribution par un film de piraterie (L’Attaque de San Cristobal) puis enchaîne avec un autre de cape et d’épées (L’Épée écarlate), deux genres d’ordinaire plutôt rattachés à Hollywood. L’Invasion des morts-vivants s’inscrit dans la volonté de la firme d’illustrer toutes les créatures horrifiques possibles sans déroger à ce qui compose son Adn. On retrouve ici le thème de la petite bourgade touchée par une terrible malédiction dont l’origine trouve ses fondements dans les pires travers de la personne humaine.

George A.Romero n’ayant pas encore tourné “sa” Nuit des morts-vivants, ceux de John Gilling trouvent tout naturellement leur origine dans les rites vaudous. De ce fait, les morts-vivants font davantage figures de monstres lambdas terrorisant une poignée d’individus, plutôt que la représentation d’une menace sérieuse pour l’avenir de l’humanité. Culte vaudou oblige, les morts-vivants ne sont ici que de simples pantins tout entiers dévoués à leur maître. Ils n’apparaissent que dans le but bien précis d’éliminer les éventuels témoins avant de retourner dans leur repaire afin de rester invisibles aux yeux du plus grand nombre. Ils ne sont que les outils devant servir aux sombres desseins de leur maître. C’est ce dernier qui incarne la véritable menace du film, empruntant même quelques aspects du mythe vampirique : un séduisant châtelain vivant reclus dans sa demeure et qui ne se rend au village que dans le but de se faire inviter chez les gens, et s’arranger pour leur prélever quelques gouttes de leur sang afin de les tenir en son pouvoir. L’Invasion des morts-vivants emprunte des éléments à tous les succès précédents de la firme pour se constituer une identité propre, à base d’un discours plus engagé qui file la métaphore. A l’instar de la série des Frankenstein qui se focalisait davantage sur le baron que sur sa créature, John Gilling ne s’attarde guère sur ses zombies. Il leur consacre néanmoins une superbe scène, visuellement marquante et constitutive du mythe, lors d’une séquence fantasmée du plus bel effet se déroulant dans un cimetière. Si le final les met également à l’honneur, il s’avère bien plus classique dans son approche et finalement peu différent des conclusions d’autres films fameux de la firme. A l’horreur pure, John Gilling préfère l’enquête menée par les deux médecins, d’autant que tous deux auront des raisons personnelles pour la mener à bien le plus rapidement possible.

John Gilling nous offre un film très soigné (la touche Hammer) qui se paie le luxe d’un sous texte politique, préfigurant par la même la future trilogie de George A. Romero. Le châtelain a recours au rite vaudou pour obtenir une main d’œuvre obéissante, et à peu de frais. Même par delà la mort, les basses classes sont exploitées pour enrichir les bourgeois. Toutefois, en retrouvant le feu sacré, elles parviendront à se révolter et à s’affranchir une bonne fois pour toute de leur condition d’esclave. Alors ne vous fiez pas au titre, l’invasion n’a pas encore eu lieu mais elle ne saurait tarder.

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