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Halloween 5 – Dominique Othenin-Girard

halloween5

Halloween 5. 1989

Origine : Etats-Unis 
Genre : Slasher 
Réalisation : Dominique Othenin-Girard 
Avec : Donald Pleasence, Danielle Harris, Wendy Kaplan, Don Shanks…

Malgré sa nullité, Halloween 4 a rapporté de l’argent. Il faut croire que les admirateurs de Michael Myers avaient vraiment à cœur de revoir leur chouchou. Cependant, les heures du slasher sont comptées, et même le gros Voorhees ne fait plus autant recette qu’à la belle époque. Moustapha Akkad ne perd donc pas de temps et met en chantier un Halloween 5 qu’il confie au Suisse Dominique Othenin-Girard, fraichement débarqué de son Europe natale où il avait notamment participé à la Série noire de la télévision française. Pour Halloween 5, l’helvète décide de faire table rase du passé. Halloween 4 laissait Michael Myers dans de sales draps : bardé de plomb par la police de Haddonfield et le FBI, on le croyait mort et son cadavre six pieds sous terre, enfoui dans une galerie de mine effondrée. Le film s’achevait sur une bonne idée (la seule du film) : la petite Jamie, après avoir miraculeusement échappé à son oncle, finissait par mettre un masque d’Halloween pour poignarder sa tante, dans une scène conçue de la même manière que l’ouverture du film de John Carpenter. Le Dr. Loomis hurlait alors de dépit. Point final.

La suite démarre sur l’image de Myers en train de choir dans son puits, les autorités courageuses mais pas téméraires croyant pouvoir finir le travail à coup d’explosif. Les sots ne se doutaient pas que le croque-mitaine parviendrait à sortir, à échouer dans le fleuve et être récupéré par un ermite qui allait lui prêter un lit pour faire un petit somme d’un an, jusqu’à la fête d’Halloween 1989. A cette date, le tueur sort de son sommeil, dézingue son hôte et retourne à Haddonfield assassiner sa nièce Jamie (toujours Danielle Harris). Celle-ci n’a en fait pas tué sa tante, juste blessée. La gamine n’a pas suivi les pas de Michael Myers, mais elle est traumatisée par ce qui lui est arrivé. Sa cousine Rachel, les amis de celles-ci et le Dr. Loomis viennent régulièrement la voir. Au réveil de Myers, Jamie commence à être en lien télépathique avec le tueur, et Loomis va chercher à faire collaborer la morveuse.

Le sursaut d’orgueil de Dwight Little pour Halloween 4 n’aura donc pas passé le stade de la séquelle. Et c’est tant mieux, car si c’était pour se retrouver avec un Halloween 4 bis, autant ne rien faire. Dominique Othenin-Girard résista aux pressions de Moustapha Akkad et de Donald Pleasence, tous deux désireux de continuer dans la veine de Dwight Little sous prétexte de maintenir une vague ressemblance avec le Halloween de John Carpenter. Le réalisateur se pose en fossoyeur d’une série déjà morte et donne enfin le repos au MAL ABSOLU cher au Dr. Loomis, qui du coup arrête enfin de rabâcher ses hyperboles. Le médecin de Myers est désormais un Van Helsing fanatique, qui n’hésite pas à se montrer méchant avec Jamie pour qu’elle mette à son service le lien télépathique qui l’unit avec Myers. Loomis ne croit plus que Myers soit le mal absolu : il pense même qu’une rencontre avec Jamie peut l’aider à se débarrasser de sa folie psychopathe. Et le réalisateur de finir par faire verser une larme à celui qui n’avait en principe plus rien d’humain. Effectivement, il y avait bien de quoi scandaliser les gardiens du temple s’illusionnant encore des lendemains qui chantent. Ce qu’Othenin-Girard leur offre, ce n’est qu’un slasher quelconque construit autour d’un Michael Myers se croyant dans un Vendredi 13 peri-urbain au point d’aller massacrer un couple qui baisouille dans le foin d’une étable. Le réalisateur a dû également batailler pour que son tueur puisse exercer sa profession avec la rudesse qu’elle implique. En d’autres termes, pour que Myers puisse enfin se montrer violent, ce qu’il ne manque pas de faire par le biais d’une fourche qu’il semble bien apprécier (autant que la conduite d’une voiture, d’ailleurs, puisqu’il prend le volant à plusieurs reprises, dont une pour faire une blague -c’est facile, avec son masque-).

Sans être gore, le film se laisse donc aller à plus de folie que ses prédécesseurs, ce qui témoigne de la volonté de ne plus faire passer des vessies pour des lanternes. Le même sort est réservé aux personnages d’adolescents, qui deviennent les abrutis légèrement obsédés habituels, à ceci près qu’aucun d’entre eux ne fait office de survivant potentiel. La cousine Rachel, qui avait survécu au film précédent, est l’une des toutes premières victimes du film, et son amie Tina, proche de Jamie, ne semble pas taillée pour survivre au tueur. Trop délurée. A l’instar de Jason, Myers planque ses victimes jusque dans la dernière partie du film, où leurs cadavres sont révélés pour terroriser le ou les dernier(s) survivant(s), à savoir ici la petite Jamie, vraie tête d’affiche du film. Horripilante dans Halloween 4, elle apparaît comme le jouet défectueux du Dr. Loomis. Muette depuis l’année précédente, elle ne peut pousser que des râles incompréhensibles. On se dit qu’elle finira bien par retrouver la parole à la fin du film lors d’un moment clef. Même pas. Lassé et guère retenu par la crédibilité d’un scénario à la Vendredi 13, Othenin-Girard lui ouvre le bec à mi-film, lui permettant de devenir une version “light” des adolescents parvenant généralement à survivre dans les slashers. Effrayée mais courageuse, épaulée par un petit ami de cour d’école pétri de bonnes intentions (il lui offre des fleurs, comme c’est touchant !), elle n’est en tout cas plus la pleurnicharde en manque d’amour qu’elle fut dans l’opus précédent.

Bien que n’étant qu’un slasher moyen et un peu chiant, Halloween 5 parvient à faire oublier les dérives de Halloween 4. En raison du courage qu’il lui fallut pour mettre un terme aux prétentions de Moustapha Akkad, Dominique Othenin-Girard mérite tout de même un bon point.

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