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Halloween III, le sang du sorcier – Tommy Lee Wallace

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Halloween III : Season of the Witch. 1982

Origine : Etats-Unis
Genre : Suite dissidente
Réalisation : Tommy Lee Wallace
Avec : Tom Atkins, Stacy Nelkin, Dan O’Herlihy, Michael Currie…

En écrivant et en réalisant Halloween, John Carpenter et Debra Hill, sa compagne de l’époque, ont donné naissance à l’une des figures les plus emblématiques du cinéma horrifique de ces trente dernières années. Le succès alors obtenu ne pouvait rester sans suite. Contre un gros chèque, et aussi parce qu’il ne souhaitait pas que les destinées de Laurie Strode et de Michael Myers passent entre les mains d’un autre, John Carpenter s’attelle, toujours en compagnie de Debra Hill, à la rédaction du scénario de Halloween II, film qu’il produit également et dont il tourne quelques scènes (de manière officieuse). A l’époque, les succédanés de Halloween sont légions. Un an plus tard, leur nombre n’a pas décru, la vague de psycho-killers déferlant avec toujours plus de force sur les écrans. La saga des Vendredi 13 compte déjà quatre chapitres, et on ne dénombre plus les autres films qui surfent sur le succès du film de John Carpenter ou de celui de Sean Cunningham tel Carnage ou Cauchemars à Daytona Beach.

Dans ce climat, la saga Halloween n’est pas en reste avec un troisième épisode au programme que John Carpenter se charge une nouvelle fois de produire. Sauf que cette fois-ci, il en a marre de ce canevas unique répété jusqu’à la nausée, et par conséquent, il veut donner une orientation nouvelle au projet. Pour cela, il fait appel aux services de Nigel Kneale, scénariste britannique (pour Le Monstre, notamment) avec pour ambition de développer une anthologie de films se déroulant lors de la fameuse fête. Et pour l’occasion, John Carpenter confie la réalisation à l’un de ses fidèles, Tommy Lee Wallace.

Dans Halloween III, on n’y voit pas l’ombre d’un Michael Myers, d’un docteur Loomis ni même d’une Laurie Strode. Ici, le héros se nomme Daniel Challis (Tom Atkins). Docteur de profession, son hôpital accueille un homme épuisé, et qui tient désespérément entre ses mains un masque à l’effigie d’une citrouille. Ce qui aurait pu apparaître incongru en temps normal, l’est beaucoup moins à une semaine de Halloween. Ce qui suit interpelle davantage. Durant la nuit, ce patient se fait assassiner par un homme impassible qui une fois le crime commis, s’immole dans sa voiture sous les yeux éberlués de Challis.
Le lendemain matin, la fille du défunt débarque à l’hôpital pour identifier le corps. Effondrée puis intriguée, elle décide de mener son enquête. Accompagnée de Challis, elle se rend dans la petite bourgade qui abrite l’usine de confection de masques “Silver Shamrock”, dernier endroit où son père est allé. Ce qu’ils vont y découvrir ne va pas les enchanter…

John Carpenter a pour l’occasion offert un véritable cadeau empoisonné à Tommy Lee Wallace. Peu importe la qualité intrinsèque du film, celui-ci était voué à l’échec, et à s’attirer les foudres des fans de Michael Myers. En guise de filiation, Halloween III se contente d’un bref clin d’œil via le passage de Halloween à la télévision au lieu d’enrichir l’histoire originale.
Et bien tant pis pour les esprits chagrins ! Halloween III possède d’indéniables qualités dont l’originalité, en comparaison de l’ordinaire de l’époque, n’est pas la plus négligeable. Les envahissants adolescents laissent place à un homme d’âge mûr et à une jeune femme peu farouche (sans aucun doute l’élément le plus fantastique du film). Il n’est alors plus question d’un jeu de massacre redondant, l’intrigue prenant davantage des allures de film policier. Que ceux qui souhaitent assister à une ribambelle de meurtres bien gores, passent leur chemin. Tommy Lee Wallace n’œuvre pas dans la surenchère et ne préfère pas s’attarder de trop sur les quelques morts qui émaillent le récit (on assiste toutefois à une décapitation du plus bel effet). L’intrigue avance au rythme de l’enquête menée par Challis et Ellie Grimbridge (c’est le nom de la jeune femme), et celle-ci réserve son lot de surprises. L’ambiance du film se nimbe d’une aura fantastique à la limite de la science fiction. Ce qui est somme toute normale puisque le film de Tommy Lee Wallace remonte aux sources celtiques de la fête de Halloween. Le but n’est alors plus de créer une incarnation de ladite fête mais d’en retranscrire le caractère mystérieux et légendaire.

Si Halloween III ne restera pas dans les mémoires comme étant une date dans l’histoire du cinéma horrifique, il n’en demeure pas moins un film efficace, et qui ose -de façon audacieuse- s’attaquer à ceux qui font de Halloween une fête aussi populaire : les enfants. Dans un genre généralement frileux dès qu’il s’agit de s’attaquer aux chères têtes blondes, cela nous change agréablement. Et la fin prouve que face à un plan machiavélique et bien conçu, même les meilleures intentions ne peuvent rien.

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