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Galaxina – William Sachs

galaxina

Galaxina. 1980

Origine : Etats-Unis 
Genre : Parodie d’humour 
Réalisation : William Sachs 
Avec : Dorothy Stratten, Stephen Macht, Avery Schreiber, J.D. Hinton…

Au XXXie siècle, la conquête de l’espace est non seulement devenue une réalité, mais elle s’est prolongée d’une fédération galactique unissant les mondes habités. Pour assurer la sécurité de ce vaste territoire interstellaire, des vaisseaux de police patrouillent. Parmi eux l’Infinity, avec à son bord le capitaine Cornelius Butt, ses seconds Thor et Buzz, les deux techniciens Maurice et Sam, ainsi que Galaxina, l’androïde humanoïde multitâches. Après qu’un bandit soit parvenu à s’échapper, l’équipage de l’Infinity reçoit l’ordre de se rendre sur Altair One, une planète pénitentiaire, pour retrouver une pierre magique appelée “Blue Star”. Le bandit qui leur a échappé était également à sa recherche.

Le Capitain Butt, que l’on peut traduire en français par le capitaine Cul ! Voilà qui est à se tordre de rire ! Bien qu’il puisse de loin ressembler à un démarquage du Barbarella de Vadim en cela qu’il vend son intrigue de space opera sur une héroïne féminine plantureuse, et de près à son contemporain Flash Gordon rapport à sa généreuse contribution au kitsch volontaire, Galaxina n’est en fait qu’une fumeuse comédie se voulant une parodie de science-fiction mais ne rechignant pas à balancer le moindre gag passé par la tête du réalisateur et scénariste William Sachs, à qui l’ont doit ce mélange premier degré de gore et de science-fiction qu’est Le Monstre qui vient de l’espace. A l’inverse de John Carpenter dans son excellent et trop méconnu Dark Star, Sachs ne donne jamais l’impression d’avoir réfléchi à son film autrement que comme un fourre-tout de gags éléphantesques. Était-il en rupture d’idées ou a-t-il tout simplement un sens de l’humour que je ne partage pas, impossible à dire… Toujours est-il que plutôt qu’au raffiné Barbarella, au serial megalo Flash Gordon ou au sarcastique Dark Star, Galaxina ressemble plutôt à la fort médiocre Folle histoire de l’espace que Mel Brooks signera quelques années plus tard. Au-delà, on peut même le rapprocher d’un style Zucker-Abrahams-Zucker (les Y a-t-il un pilote…) voire même des Scary Movie. Encore que les ZAZ faisaient parfois mouche grâce à leur sens de l’absurde et que la série créée par Keenan Ivory Wayans (et poursuivie par David Zucker) savait s’en tenir à son fil directeur parodique.

On ne trouve rien de tout cela dans le film de Sachs. Les évocations de classiques de science-fiction ne vont pas chercher très loin. Parfois même, comme pour la reprise d’Ainsi parlait Zarathoustra de Strauss associée à 2001, l’Odyssée de l’espace, il ne s’agit que de reprendre un élément associé à un film célèbre, sans que ce dernier ne soit pour autant parodié comme il se doit. Même chose pour le principe du journal de bord de Star Trek, le générique défilant de Star Wars et la Cantina du film de Lucas : il ne suffit pas de reprendre le principe et de le détourner avec des bêtises du cru pour que cela soit drôle (la Cantina devient un bordel galactique…). A moins que lesdites bêtises le soient, ou au moins qu’elles entretiennent un lien un peu plus développé avec l’œuvre dont elles sont issues. Ce n’est pas le cas. Et pour ce qui est de faire apparaître Mr. Spock et d’en faire un simple barman, n’en parlons pas : cela n’est tout au plus qu’un clin d’œil. La plupart du temps, Sachs évoque plus qu’il ne détourne, et il semble croire que voir des références reconnues au sein d’un film aussi lourd que le sien suffit à faire rire. Il y a toutefois une scène un peu plus élaborée : celle reprenant la célèbre scène du repas de Alien. En lieu et place de l’accouchement gore, nous avons le vomissement du capitaine relâchant un petit monstre qui dès lors, pour les quelques scènes le mettant en scène, prend le contre-pied de la créature de Giger. C’est à dire que le “huitième passager” devient un gentil monstre considérant son ex-hôte comme sa maman. Non pas que cela soit fort drôle (Sachs se fait encore une fois trop insistant), mais au moins le principe ressemble davantage à la démarche que l’on attend d’une parodie. C’est à dire de coller au modèle -ce qui implique de s’y intéresser- pour mieux le pervertir.

Mais non. Tout ce qui compte pour Sachs, c’est l’instant immédiat. Passe encore que son scénario soit inepte, et il aurait même peut-être pu faire oublier les fausses parodies si ses propres gags avaient été au niveau. Or, comme ce n’est pas le cas, il tente de se raccrocher aux branches qu’il trouve parfois sur d’autres arbres (La Guerre des étoiles, Alien, Star Trek…), sans même parvenir à les attraper. C’est une désespérante fuite en avant, ou plutôt vers le bas, vers un humour se voulant absurde mais n’étant que puéril, ou même inexistant. Aucune logique interne, aucun attachement au sujet de la science-fiction, juste des gags pas drôles, et qui méritent d’ailleurs parfois peu ce titre de gags. A titre d’exemple, citons la planète Altair. Planète pénitentiaire, elle est censée évoquer le western et ses brigands. Bon. Il y a des extra-terrestres au look bizarre, qui se rendent dans un restaurant (dont le propriétaire est Spock) proposant de la viande humaine. D’accord. Et ? Et rien. Ah si : la luminosité diurne de la planète est en infra-rouge. Ce qui laisse l’occasion à Sachs de montrer d’immondes images saturées. Voilà voilà… Que se passe-t-il sur cette planète, sinon ? Pas grand chose : un duel entre le grand méchant et Galaxina. Zoomer sur le visage en métal du méchant tient lieu de paroxysme de l’humour de la scène. Comme souvent dans le film, c’est en vain que l’on attend un moment où l’humour et le surréalisme décolleront vraiment. Sur la même planète, un gang de biker vénérant le dieu Harley Davidson kidnappe Galaxina. Et ? Rien d’autre. Que des prémices, rien de plus. Non seulement l’humour est absent, mais le tout est frustrant. Voire même irritant lorsque Sachs abuse d’un running gag (la chorale envoyée à chaque évocation de la “Blue Star” provocant l’incompréhension des personnages ahuris).

Par conséquent, tout repose en fait sur les personnages, guère mieux lotis : ou bien ils sont d’une lourdeur horripilante (le capitaine Butt), ou bien ils sont inexistants. D’autres -comme un prisonnier extra-terrestre mangeur de cailloux- n’existent que pour leur allure saugrenue. Sachs n’en fait rien de plus. Galaxina elle-même est aussi vide que le blanc uniforme de sa robe. L’androïde femelle n’est rien de plus que ce que cette appellation indique : un robot sans personnalité. Écrasée par les personnages au contraire exubérants, c’est un véritable fantôme. Même lorsqu’elle occupe le devant de la scène (sur Altair) Sachs ne cherche pas à jouer sur ses formes pour en faire une icône sexy. Les mâles de l’équipage n’en ont cure, à l’exception de Thor… mais parce qu’il est amoureux. Un amour platonique, puisque chaque contact avec l’androïde se traduit par une décharge électrique. Jusqu’à ce que 26 ans se passent en cryogénie, temps pendant lequel Galaxina change sa programmation pour devenir plus humaine, mais certainement pas pour affirmer son charisme tombant à plat lorsque Thor et elle se mettent à roucouler comme des adolescents (avec elle promettant l’achat d’un vagin sur catalogue… très amusant). La playmette Dorothy Stratten n’était peut-être pas faite pour le cinéma, ou en tous cas le réalisateur ne s’occupe pas de la diriger. La seule chose que Sachs nous épargne est encore la vulgarité. Ford Fairlane, rock’n’roll detective reste pour moi ce qui s’est fait de pire au niveau des comédies massives : vulgaire et qui plus est prétentieux. Galaxina est insupportablement ennuyeux, diablement moche (les scènes dans l’espace sont minimalistes, ni classieusse ni spécialement fauchées) mais au-moins le film n’a pas la prétention de devenir “culte”. Il s’apparente plus à une réunion de potaches se croyant drôles.

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