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Les Mercenaires – Val Guest

mercenaires

Killer Force. 1976

Origine : États-Unis / Irlande / Suisse 
Genre : Action 
Réalisation : Val Guest 
Avec : Peter Fonda, Telly Savalas, Hugh O’Brian, Christopher Lee…

Bien étrange casting que celui de ces Mercenaires. L’époque change, le cinéma aussi, et la roue tourne pour les acteurs. D’un côté, nous avons donc des acteurs sur la mauvaise pente, tel Peter Fonda, que la fin de l’ère libertaire a privé de repères, ou encore Christopher Lee, auquel la fin de règne de la Hammer et de l’épouvante britannique ne laisse pas d’autre choix que de se diversifier. Nous trouvons aussi Hugh O’Brian, acteur de série B quinquagénaire n’ayant plus rien à prouver, et dont la carrière était beaucoup plus proche de la fin que du début. Il y a aussi le prolifique Telly Savalas, alors au sommet grâce à son incarnation télévisuelle de Kojak, et qui hérite donc de la tête d’affiche. Enfin, deux jeunes pousses viennent tenter de s’imposer : il s’agit de Maud Adams, ex-mannequin suèdoise dont la destinée au sortir de L’Homme au pistolet d’or (déjà avec Christopher Lee) et Rollerball semblait radieuse, et O.J. Simpson, ex-star du football américain en passe de se faire un nom à Hollywood (où il s’était déjà montré dans La Tour infernale). Pour parachever le tout, le réalisateur n’est autre que le bon vieux Val Guest, l’homme qui lança la Hammer sur de bons rails grâce aux deux aventures de Quatermass dans les années 50. Un vieux de la vieille en fin de carrière placé à la barre d’un film d’action. Et pourtant, il sait toujours y faire, le père Guest, et certains de ses acteurs ont beau être passés de mode, ils n’ont pas pour autant perdu leur talent.

En plein milieu du désert sud-africain se dresse une compagnie diamantaire suscitant habituellement l’envie de bien des voleurs. Mais le calme qui y règne présentement intrigue Webb (Telly Savalas), le chef de la sécurité, persuadé qu’un gros coup est en préparation et que cette tranquillité est dûe aux actions d’une “taupe” à la solde d’un gang. Homme violent n’hésitant pas à remettre en cause sa hiérarchie, Webb n’a pas la confiance des administrateurs. Ceux-ci, pour démasquer la taupe, portent donc leur choix sur l’un des principaux lieutenants de Webb : Bradley (Peter Fonda), petit ami de Clare (Maud Adams), fille d’un des dirigeants. A l’insu de Webb, Bradley a pour charge de dérober un des diamants dans le but d’attirer à lui l’intérêt de la taupe et de son gang, qu’il sera dès lors libre d’infiltrer. Bien entendu, rien ne marchera comme prévu…

Deux parties assez distinctes composent ces Mercenaires : l’espionnage puis l’action. Dans la première, l’accent est mis sur les différentes personnalités et sur leurs relations. Webb et Bradley sont à l’opposé l’un de l’autre. Le personnage de Telly Savalas est un homme zélé, sans scrupule, faisant ouvrir le feu sur tous les intrus sans une once de pitié. Il est également capable d’incendier son patron pour avoir amené sa fille dans l’enceinte de la compagnie, ce qui est rigoureusement interdit, fille du chef ou non. A l’opposé, Bradley aime les bons mots, favorise les relations humaines et bien qu’il ne soit pas laxiste dans son travail, sa tolérance est largement supérieure à celle de Webb. Physiquement, les deux hommes sont également diamétralement opposés : là où Webb est massif et totalement chauve, Bradley est beaucoup plus fin et se cache sous une épaisse barbe et sous une coiffure touffue alourdie par une casquette. Ce n’est pas que ces deux personnalités ne s’entendent pas : elles ne se côtoient pas. Chacun fait son travail comme il l’entend, le dernier mot allant généralement à Webb. Le vol simulé remettra cette fragile organisation en question, d’autant plus qu’à travers Bradley, c’est la fille d’un administrateur qui est menacée. Tout le suspense tiendra donc de savoir si oui ou non Bradley se fera prendre par Webb (auquel cas les administrateurs auront à agir vite), si oui ou non la taupe va se montrer (ce qui nous amène donc à considérer les suspects un à un) et si oui ou non le gang va passer à l’action. Suffisamment d’interrogations restent levées pour que cette première partie se suive aisément. En présentant Webb comme un impulsif et les administrateurs comme des hommes passifs, Val Guest aura préalablement installé le danger sur les épaules de Bradley, sorte de James Bond ne pouvant finalement compter que sur lui-même. Son intégration dans le gang ajoutera un péril supplémentaire à sa mission, et la menace viendra alors des deux côtés. C’est que le gang n’est pas particulièrement pacifiste non plus : les mercenaires qui le composent se vantent d’avoir participé à l’arrestation de Che Guevara et de ses troupes en Bolivie ! En leur sein, on retrouve Hugh O’Brian (le chef), O.J. Simpson (qui n’est pas la taupe mais qui se fait embaucher dans la compagnie le jour J) et Christopher Lee, incarnant un ancien soldat de l’armée britannique adepte de l’arme blanche (notons une giallesque scène de meurtre), hostile à Bradley.

La seconde partie du film, introduite assez finement par une intrusion également très “James-Bondienne”, fait quant à elle la part belle à l’action. C’est une véritable guerre qui nous est montrée : ça canarde dans tous les sens, ça explose, ça se bat… La personnalité des personnages n’a plus vraiment d’importance, et d’ailleurs le personnage de Telly Savalas n’apparaît pratiquement plus. Le point de vue est alors focalisé sur le gang et sur Bradley, au grand dam de Christopher Lee, qui peine quelque peu à suivre le rythme imposé par un Peter Fonda en grande forme. Quelques scories propres aux films d’action viennent parasiter ce déluge mouvementé : tendance des véhicules motorisés à exploser au moindre choc, trouffions s’écroulant raides morts pour un oui ou pour un non (alors que les personnages principaux doivent se prendre au moins trois balles avant de s’effondrer), parachutage improbable de la petite amie (Maud Adams n’est pas apparue dans deux James Bond pour rien)… Quelques scènes en font parfois trop, telle que la traversée des couloirs en jeep sous un feu nourri… Tout ceci n’est cependant pas bien grave, et Val Guest filme le tout sobrement, mais efficacement, aidé par un montage énergique n’en faisant jamais trop (Michael Bay ferait bien d’en prendre de la graine) et par une musique funky typiquement années 70. Avec son désert aride, son script tortueux débouchant sur une conclusion musclée, Les Mercenaires a décidément tout du petit film agréable, ne se prenant pas trop au sérieux mais réalisé et interprété par des gens qui prennent leur travail sérieusement.

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