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Le Flic de Beverly Hills – Martin Brest

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Beverly Hills Cop. 1984

Origine : Etats-Unis
Genre : Comédie policière
Réalisation : Martin Brest
Avec : Eddie Murphy, Judge Reinhold, Steven Berkoff, Lisa Eilbacher…

Pour venger son ami assassiné à Detroit, l’agent Axel Foley (Eddie Murphy) se rend à Beverly Hills, là où travaillait son défunt pote avant sa venue dans la “ville des moteurs”. Foley met très peu de temps à découvrir qui se cache derrière le meurtre : Victor Maitland (Steven Berkoff), ancien patron de la victime, dont la galerie d’art qui a fait sa renommée ne semble être qu’une façade pour des trafics en tout genre. Problème : Foley a les mains liées par son propre patron, qui a averti la police de Beverly Hills de la présence de leur agité collègue, et qui a demandé à ce qu’il soit surveillé.

Si le tandem Jerry Bruckheimer / Don Simpson a atteint la renommé qu’il possède aujourd’hui (quoique plutôt Bruckheimer que Simpson), c’est en partie au Flic de Beverly Hills qu’il le doit. Un très gros succès, et l’un des films symboliques du cinéma hollywoodien des années 80. Pourtant, à l’origine, Le Flic de Beverly Hills se présentait davantage comme un film assez sombre, dans la lignée de ceux de la décennie précédente tels Un justicier dans la ville. Le très froid David Cronenberg fut même contacté pour tenir le poste de réalisateur, ce qu’il refusa pour le plus grand bonheur du plus docile Martin Brest. Quant à l’acteur principal, les choix se portèrent successivement sur Mickey Rourke puis Sylvester Stallone. Ce dernier tenta d’imposer son propre scénario, qui fut rejeté, conduisant l’acteur à quitter le navire (et à réutiliser sa bafouille dans Cobra). C’est alors qu’Eddie Murphy fut débauché, ce qui entraîna des ré-écritures du scénario dans le sens de la comédie, l’acteur rôdé au Saturday Night Live comblant même les déficits humoristiques par ses improvisations.

Et c’est ainsi que l’on se retrouve avec un film de vendetta donnant dans le comique grand-public. Typiquement dans la maladresse politique de l’Hollywood des années 80, Le Flic de Beverly Hills nous montre donc un policier s’amuser à transgresser les règles pour s’en aller venger son ami… tout en riant comme un bossu dès que la situation se présente. Évidemment, il devient difficile de croire que le brave Foley est si chagriné que cela de la mort de son meilleur ami. Sa vengeance ne semble être qu’un fait insignifiant, dépassé en importance par la véritable leçon qu’il transmet à ses collègues de Beverly Hills. Respectueux des règlements, ceux-ci considèrent Axel comme un fou… Pourtant, l’homme en lui-même est sympathique : rigolard, honnête vis-à-vis des collègues, il ne les gêne en rien. Au contraire, l’efficacité de ses méthodes contre le crime tendent à glorifier sa décomplexion vis-à-vis des règlements et des attitudes. Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! Mine de rien, ce discours s’inscrit tout à fait dans la pensée néo-conservatrice américaine.

Là où les films de vendetta des années 70 étaient immédiatement suspectés de dérives fascisantes (toujours les grands mots !), Le Flic de Beverly Hills se paye le luxe de reprendre le même discours qu’eux, mais de l’enrober d’un humour très démagogique (le flic gentil foufou qui convainc ses collègues au grand cœur de se décoincer et de lutter contre les vilains mafieux) et de l’ensoleiller dans le cadre très clinquant des villas de Beverly Hills et de l’Amérique cinématographique des années 80. La musique pop électronique surabondante (d’autant plus insupportable qu’elle est répétitive) achève d’inscrire le film de Martin Brest dans le monde un peu gerbant des yuppies californiens. Il serait difficile de faire passer Axel Foley pour un petit flic conduit au désespoir pour des raisons sociales… Pourtant, l’opposition entre sa position de flic des bas quartiers de Detroit et celle du riche Victor Maitland aurait très bien pu amener le film sur cette piste qui aurait certainement amoindri son côté néo-conservateur. Mais l’oubli total de la victime initiale (et vas-y que je te bute du mafieux parce que c’est rigolo) couplée avec cette nonchalance amenant entre autre Foley à séjourner dans un hôtel de luxe (où y’a de la gêne y’a pas de plaisir) coupe toute racine sociale à la quête d’Axel Foley. Celle-ci se résume donc au dévergondage de flics trop sérieux et trop à cheval sur leurs réglements pourtant inefficaces. Et pour parachever le tout, notons la présence d’un personnage féminin (l’amie d’Axel) dont les apparitions à l’écran se font aussi inutiles qu’aléatoires…

Évidemment, les amateurs du cinéma-pour-se-divertir pourront toujours prétexter qu’un film comme Le Flic de Beverly Hills s’est fait sans arrière pensée politique. N’empêche que cette vengeance personnelle accomplie dans le luxe et la rigolade est un monument du cinéma américain des années 80, et par extension un portrait du versant souriant (Beverly Hills et humour oblige) de l’Amérique reaganienne de la même époque… Et puis en plus d’être laid, c’est pas drôle.

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