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Les Contes de la crypte 2-16 : Terreur en direct – Charles Picerni

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Les Contes de la crypte. Saison 2, épisode 16.
Television Terror. 1990

Origine : États-Unis 
Réalisation : Charles Picerni 
Avec : Morton Downey Jr, Dorothy Parke, Peter Von Norden, Michael Harris…

Ce soir, le Harry Rivers Live retransmet en direct de l’ancienne pension Ritter, vieille bâtisse où la propriétaire des lieux s’est rendue coupable du meurtre d’une douzaine de ses pensionnaires afin de leur soutirer leur retraite. Depuis ce sordide fait divers, les supputations vont bon train concernant cette maison, réputée pour être hantée. Toujours à l’affût des histoires les plus abracadabrantes, Harry Rivers a bien l’intention d’exploiter ce filon pour faire exploser l’audimat.

Produire une série comme Les Contes de la crypte peut être l’occasion idéale de récompenser certaines petites mains du métier pour service rendu. Il en va ainsi de Charles Picerni, cascadeur ou coordinateur de cascades pour bon nombre de séries qui ont constitué notre quotidien de téléspectateur durant les années 80 (Starsky et Hutch, Vegas, Magnum, Matt Houston, L’Agence tous risques etc…), mais également sur de gros films d’action dont Piège de cristal ou L’Arme fatale 2. Producteur de ces derniers, Joel Silver ne pouvait pas ignorer Charles Picerni, d’autant que pour avoir déjà tâté de la réalisation pour les diverses séries précitées, il est parfaitement rompu au rythme télévisuel. Le voici donc à la tête d’un épisode qui joue la carte de l’horreur traditionnelle à base de maison hantée mais saupoudrée d’une attaque en règle de la télé-poubelle.

Corollaire de la course à l’audimat, la télé-poubelle engendre des émissions racoleuses en diable qui cherchent le sensationnel à tout prix en flattant les plus bas instincts des téléspectateurs. Harry Rivers l’a bien compris, lui qui en a fait son cheval de bataille, non sans oublier de se mettre en vedette. Le titre de son émission – le Harry Rivers Live – ne ment pas sur la marchandise. Peu importe le sujet abordé, qu’il soit question de travestis impuissants ou de stripteaseuses issues du même couvent, la seule vedette est et doit rester Harry Rivers. Par essence, Les Contes de la crypte n’hésitent jamais à grossir le trait, mais dans ce cas précis, cela colle d’assez près à la réalité. Seule la conclusion, tributaire du cahier des charges de la série, amène cet épisode à outrepasser ouvertement les limites. Néanmoins, l’outrance revendiquée n’interdit pas un semblant de nuance. Ainsi en cours de récit affleure une sourde blessure dont Harry a bien du mal à se défaire. Il n’a pas toujours été ce bonimenteur cathodique bouffi de suffisance. Sous la carapace du présentateur détestable et sans scrupule se cache un ex grand reporter, donc plus porté sur le monde que sur sa misérable petite personne. Le poste qu’il occupe désormais n’est qu’un pis-aller, une mise au rencard qu’il a transformé en tour d’ivoire du haut de laquelle il toise ses collaborateurs, à ses yeux tous indignes de son talent. Des collaborateurs qui le détestent dans une belle unanimité mais qui se gardent bien de le lui dire en face. L’hypocrisie règne en maître… tant que le dieu audimat est au rendez-vous.

Le récit se développe sur deux niveaux : sur le terrain, autrement dit la demeure prétendument hantée ; et en car régie, derrière les moniteurs. Les deux niveaux étant bien entendu en contact permanent. Rien ne nous est caché de la popote télévisuelle, jusqu’aux moindres coupures publicitaires précédées d’une ultime accroche du présentateur pour maintenir l’intérêt des téléspectateurs et les inciter à rester. De fait, Harry Rivers est informé quasiment en temps réel du taux d’audience, pour le moins catastrophique. Pour violent et sordide qu’il soit, le fait divers qui a endeuillé cette maison n’en demeure pas moins peu télégénique. Des intérieurs poussiéreux, un trou dans le mur de la cave, des meubles recouverts d’un linceul, voilà tout ce qu’Harry Rivers a à proposer à ses téléspectateurs. C’est plutôt maigre, sauf pour les téléspectateurs dudit épisode, pour lesquels ce portrait au vitriol du monde télévisuel incarné avec toute la fatuité requise par Morton Downey Jr s’avère savoureux. Les noms d’oiseaux pleuvent, la mauvaise foi explose et les égos s’affrontent. Et au milieu de ce ramdam, Trip, le caméraman, impose son professionnalisme décontracté – short en jean et casquette vissée sur la crâne, côte ouest oblige – comme hermétique à ces enfantillages. Même au plus fort des émanations spectrales (portes qui claquent, lustre et table qui bougent, sang qui coule), il reste l’œil droit vissé à sa caméra, ne perdant jamais de vue ce pourquoi il est là, quand bien même son œil gauche témoigne d’une angoisse grandissante. Car le récit finit bien sûr par basculer dans l’horreur mais une horreur cartoonesque qui vise avant tout à effriter le piédestal qu’Harry Rivers s’était lui-même érigé. Un basculement aussi soudain que bref qui laisse comme un léger goût d’inachevé, non pas que l’épisode se devait absolument de verser dans l’horreur mais lesdites scènes apportent une telle folie qu’un peu de rab n’aurait pas été de refus. Ce qui en soi constitue un beau compliment.

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