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La Variété Andromède – Michael Crichton

The Andromeda Strain. 1969.

Origine : États-Unis
Genre : Fumisterie
Auteur : Michael Crichton
Éditeur : Pocket

Le village de Piedmont en Arizona ne répond plus. Un mal étrange et inconnu n’a eu besoin que de quelques minutes pour décimer toute sa population, à l’exception d’un bébé de 2 mois et d’un vieil homme. L’origine du drame pourrait provenir de ce satellite Scoop, lancé dans l’espace afin de collecter des échantillons de corps étrangers, et retombé non loin de la bourgade. Après avoir récupéré la capsule et les deux survivants, quatre scientifiques triés sur le volet s’enferment dans le centre scientifique ultrasecret conçu à cet effet pour mener l’opération sous le nom de code de Wildfire. Ils n’ont que quelques jours pour trouver un moyen de contrer ce virus intersidéral aussi virulent que mortel.

Lorsque paraît La Variété Andromède, Michael Crichton est un illustre inconnu… pourtant déjà auteur de 6 romans. C’est qu’étudier la médecine à Harvard coûte cher, alors pour financer ses études il écrit des romans sous pseudonymes. Cinq sous le nom de John Lange, dont Agent trouble en 1967 et La Dernière tombe en 1968 et un sous le nom de Jeffery Hudson, Extrême urgence en 1968 également. Qu’il signe enfin un roman de son vrai nom indique qu’il est désormais prêt à assumer pleinement son statut d’écrivain. Et accessoirement, qu’il s’estime fier de son travail. Cependant, il ne renonce pas au simulacre puisqu’il présente La Variété Andromède comme le récit composé d’un fait réel, remerciant en avant-propos tout un panel de chercheurs et de militaires (certains à la retraite, d’autres toujours en activité) qui l’aurait aidé dans son travail. Certains poussant le bouchon jusqu’à lui donner l’accès à des dossiers classés secret-défense. Un procédé un peu gros qui rétrospectivement tente de masquer les manquements de Michael Crichton dans la construction d’une quelconque tension. Bien qu’il s’en excuse – mais comment ne pas y voir là encore une astuce d’écrivaillon -, il parsème son récit de digressions scientifiques visant à nous expliquer dans le détail les moindres actions des membres de l’équipe scientifique ainsi que les modes d’emploi des divers appareils utilisés. Tout cela au détriment des personnages, tous interchangeables, et qui ne font jamais rien d’autre que ce que l’on attend d’eux. On ressent alors la fascination de Michael Crichton pour les avancées scientifiques et technologiques de son époque. C’est d’ailleurs dans leur extrapolation qu’il construira son œuvre et connaîtra le succès. Ces scientifiques en combinaisons renvoient aux astronautes, quand la base secrète de Flatrock et la prépondérance de l’intelligence artificielle dans son fonctionnement convoquent le souvenir récent du vaisseau spatial Discovery One sous l’emprise de H.A.L. 9000, son ordinateur de bord, dans 2001, l’odyssée de l’espace de Arthur C. Clarke. Des influences claires qui ne jouent pas en faveur d’un roman par ailleurs particulièrement défaillant sur le plan dramaturgique.

Compte tenu du parti pris d’un récit basé sur des rapports militaires et scientifiques, La Variété Andromède se déploie dans un style factuel et didactique qui interdit tout sentiment. Seulement Michael Crichton n’assume pas totalement son choix et tente d’insuffler un peu vie dans sa narration à l’aide de subterfuges. Il aère régulièrement le huis-clos promis, pas tant pour rendre compte de la réception extérieure du drame qui se joue – aux abonnés absents – que pour s’attarder sur les états d’âme de personnages annexes (l’ennui qui gagne le lieutenant Edgar Comroe, chargé de suivre la récupération des satellites Scoop ou l’ingénieur Arthur Manchek qui se questionne au sujet de son avenir à cause de ses problèmes de poids et d’hypertension). Il introduit également des éléments de discorde entre les membres du quatuor d’experts, notamment quant à la légitimité du docteur en médecine et chirurgien Mark Hall à faire partie de la mission, qu’il n’exploite jamais. Leurs rapports restent désespérément cordiaux jusque dans leurs moindres désaccords, lesquels ne le restent jamais bien longtemps. Il devient donc difficile de ressentir le caractère vital de leur action ni l’incidence que peuvent avoir quelques désagréments comme la rupture des communications avec l’extérieur suite à un incident technique. Michael Crichton prend malgré tout le parti de clore régulièrement les chapitres de la troisième partie par une phrase sibylline appuyant le tragique de telle décision et/ou tel événement sans que le drame en cours ne gagne en consistance. Et ce n’est pas le dénouement, qui fonctionne selon le principe dramaturgique du fusil de Tchekov, qui parvient à donner de l’allant à un récit trop technique. Il ne suffit pas de mettre – théoriquement – l’humanité en péril pour rendre son récit palpitant et anxiogène.

A une époque où le monde avait les yeux rivés sur les étoiles à la faveur de la spectaculaire course à l’espace que menaient l’URSS et les États-Unis, Michael Crichton joue la carte de la menace d’origine extraterrestre. Une menace désincarnée, en cela bien différente de celle des films de science-fiction qui pullulaient sur les écrans durant les années 50, mais potentiellement tout aussi létale. Et bien sûr à la résolution 100% américaine alors que la crise récente du COVID a montré que les scientifiques américains n’étaient pas les moins démunis face à une attaque virale d’ampleur. Ne surnagent au milieu de ce marasme d’informations techniques assommantes les chapitres relatifs à la découverte de la population décimée de la ville de Piedmont et au témoignage de Peter Jackson, l’unique survivant en âge de parler. C’est à la fois peu et suffisant pour titiller l’imaginaire de producteurs de cinéma puisqu’une adaptation verra le jour en 1971 sous la direction de Robert Wise et qui en France prendra le titre de Le Mystère Andromède. Les débuts d’une longue et sinueuse relation entre l’écrivain et le 7e Art jusqu’à la déferlante Jurassic Park.

Une réflexion sur “La Variété Andromède – Michael Crichton

  • Geoffrey

    Oui, fumisterie. Mais que dire de Urgences ou Jurassic Park voire de Mondwest ou Looker ? Crichton était un visionnaire. Regardons aujourd’hui, on y est .

    Répondre

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