CinémaHorreur

Piranhas – Joe Dante

piranhas-affiche

Piranha. 1978

Origine : États-Unis
Genre : Film de (petits) monstres
Réalisation : Joe Dante
Avec : Bradford Dillman, Heather Menzies, Kevin McCarthy, Dick Miller…

Au cours d’une promenade nocturne, un jeune couple tombe nez à nez avec la clôture d’une base militaire à priori abandonnée. Leur curiosité les amène à y pénétrer et à se baigner dans un bassin à l’eau étonnamment chaude. Mal leur en prend puisqu’ils se font dévorer par des piranhas. Quelques jours après, Maggie McKeown parcourt la région pour les retrouver. Guidée à contre cœur par Paul Grogan, un gars du cru, elle parvient à la base en question et y commet l’irréparable en libérant les poissons carnassiers dans les eaux de la rivière voisine.

Vendu comme un ersatz des Dents de la mer (n’oublions pas que c’est ce petit malin de Roger Corman qui est à la production), Piranhas se démarque très vite de son aîné (via un petit clin d’œil au passage, lorsque l’héroïne joue sur un jeu d’arcade inspiré de Jaws) pour coller davantage à la personnalité de son réalisateur, Joe Dante. Son enfance a été bercée par les films de monstres des années 50-60 et c’est de ce genre dont se réclame avant tout Piranhas. Les poissons carnivores qui vont semer la terreur dans toute la région sont le fruit d’expériences scientifiques entreprises à des fins militaires. Ce sont des mutants capables de s’adapter tout aussi bien à la fraîcheur des rivières qu’aux eaux salées des océans, et dont les capacités de reproduction ont été accélérées.

Joe Dante et son scénariste John Sayles fustigent une grande muette pétrie de certitudes mais incapable de détruire les monstres qu’elle a engendrée. Le colonel Waxman qui se charge du problème, est d’ailleurs plus prompt à étouffer l’affaire qu’à s’assurer que toute menace est définitivement écartée. Ce haut gradé a injecté des fonds personnels dans la création d’un parc aquatique dont l’inauguration est imminente et il n’est donc pas question pour lui que la presse mette son nez dans cette affaire. Joe Dante reprend à son compte ce stupide aveuglement mercantile déjà à l’œuvre dans Les Dents de la mer. Au passage, il offre à son acteur fétiche Dick Miller le plaisir de camper avec toute la mauvaise foi imaginable le directeur dudit parc aquatique.
A l’aune de ces personnages peu engageants et égoïstes, les monstres ne sont plus forcément les piranhas, poissons victimes des manipulations génétiques de scientifiques peu scrupuleux, mais plus simplement les autorités, non seulement instigatrices du projet mais en plus complices consentantes du massacre à venir. Plutôt que de tout mettre en œuvre à la résolution du problème, l’armée et la police du coin s’associent uniquement dans le but de maintenir au silence McKeown et Grogan, occultant les nombreuses vies qui sont en jeu. Ces derniers mènent alors une véritable course contre la montre lors du final, durant lequel Joe Dante n’y va pas avec le dos de la cuillère en enchaînant l’attaque d’un camp de vacances pour gamins et celle du parc aquatique, toutes deux faisant leurs lots de victimes innocentes. Il ne s’impose aucune limite, jouant allégrement avec les clichés. Ainsi, si le scientifique à l’origine des piranhas mutants aura droit à se rédemption et le colonel à une mort empreinte de lâcheté, les héros du film n’en sortent pas magnifiés. Ce carnage n’aurait pas eu lieu sans l’empressement de Maggie McKeown à vider le bassin, faisant fi de la mise en garde du docteur Hoak. Avec un peu plus de jugeote, le drame aurait pu être évité. Joe Dante aime bien faire de ses “héros” les auteurs du chaos dans lequel ils devront se débattre. Gremlins en est l’exemple le plus fameux.

Avec Piranhas, Joe Dante nous gratifie d’un amour de série B, débordante d’énergie et à bien des égards irrévérencieuse. Il n’a que faire du politiquement correct. Dès lors, faire de la pollution la seule solution possible pour éradiquer le fléau ne lui pose aucun problème moral. Au contraire, je pense que ça l’amuse follement. Et c’est cet esprit iconoclaste et gentiment rentre-dedans qui fait tout le sel de son cinéma. A noter que Roger Corman, dénué de scrupules, a produit un remake du film de Joe Dante en 1995. Toujours par soucis d’économie, le film réutilise la quasi totalité des scènes d’attaques des piranhas. La version de Scott Levy est donc à réserver avant tout aux inconditionnels des productions Corman et/ou aux admirateurs de Alexandra “Alerte à Malibu” Paul et Soleil Moon “Punky Brewster” Frye. Et pour la nouvelle génération, Alexandre Aja, en passe de devenir un spécialiste es remake, s’est chargé de la réactualisation du film de Joe Dante, avec force effets spéciaux numériques et 3-D à l’appui. Une débauche de moyens qui doit bien faire rigoler Roger Corman.

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