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Les Galettes de Pont-Aven – Joël Séria

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Les Galettes de Pont-Aven. 1975

Origine : France
Genre : Comédie
Réalisation : Joël Séria
Avec : Jean-Pierre Marielle, Claude Piéplu, Jeanne Goupil, Dolors McDonough…

Henri Serin est un voyageur de commerce et un peintre amateur qui, profitant de ses déplacements, se permet de laisser libre cours à sa libido. Il trouve ainsi plaisir et inspiration dans les fesses de ses quelques conquêtes. Ainsi se passait du moins sa vie jusqu’au jour où il tombe amoureux d’une québecoise délurée, ce qui marque le début de sa déchéance personnelle, professionnelle et artistique…

Troisième film de Joël Séria, Les Galettes de Pont-Aven est une comédie cotée, connue avant tout pour son humour polisson et ses répliques tendances paillardes (« Elle n’a jamais vu une bite… Toi je t’aime bien, tu sens la pisse »). Mais par delà cet aspect certes incontournable, Séria illustre encore une fois les thèmes qui lui sont chers : l’intimité sexuelle et les vices cachés des français. Il prend ici pour cadre la Bretagne, région qui sous ses dehors folkloriques, sous son climat venteux et derrière ses côtes escarpées, cache elle aussi ses divers vicieux. On appréciera ainsi une scène où une pute revêtue du costume bigouden local (Dominique Lavanant) s’effarouche en langue bretonne devant les propositions indécentes du héros campé par l’excellent Jean-Pierre Marielle. Dans sa galerie de perversions naturelles, Séria illustrera aussi le voyeurisme d’une mégère maniaque, l’exhibitionnisme d’une québecoise -avec l’accent- qui passe la quasi totalité de son temps d’écran à poil, l’échangisme d’un pervers fêtard, l’adultère d’une épouse a priori coincée… Autant d’éléments traités avec légèreté.

Séria s’en amuse, ne condamne ni n’approuve pas, et peut de ce fait laisser libre cour à l’humour. La seule pique vraiment prononcée du film étant à l’encontre de la religion, avec quelques personnages de prêtres ou de bigots ivrognes totalement à côté de la plaque. Pour en revenir au personnage principal, Henri Serin, cet homme est ici en proie à différentes émotions inhabituelles pour lui : tout d’abord l’amour, puis le désespoir. Se desséchant lorsqu’il n’y a pas de fesses en vue, il plongera dans la décadence, tournant au beauf de la France (ou de la Bretagne) profonde. Comme quoi, son obsession fut salvatrice et c’est grâce à elle que toute sa vie fut bâtie… La fin du film voit cependant arriver l’admirable (dans tous les sens du terme) Jeanne Goupil, égérie du réalisateur qui l’avait fait démarrée dans Mais ne nous délivrez pas du mal. Joël Séria utilise magistralement le côté innocent voire enfantin de l’actrice, ce qui nous amènera vers la fin à une magnifique scène à la fois polissonne et pleine de déférence, alliant à la perfection l’obsession sexuelle et la fougue créatrice, tout ça dans un style comique du plus bel effet. Admirable.

Certes, Les Galettes de Pont-Aven ne détrône pas Mais ne nous délivrez pas du mal dans la filmographie de Joël Séria, mais il n’en demeure pas moins que quelques éléments lui sont repris, notamment cet attachement aux vices cachés de nos contemporains. Le style comique se plie en tout cas très bien à ce genre de thème, et Séria construira donc la quasi totalité de sa carrière dessus. On peut éventuellement le regretter, mais certainement pas après la vision de ces savoureuses galettes qui appellent à la respectabilité des comédies polissonnes françaises.

 

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