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Le Voyage fantastique – Richard Fleischer

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Fantastic Voyage. 1966

Origine : États-Unis 
Genre : Aventure / Science-fiction 
Réalisation : Richard Fleischer 
Avec : Stephen Boyd, Raquel Welch, Edmond O’Brien, Donald Pleasance…

Après qu’un savant devant apporter une information vitale au Pentagone ait été blessé dans un attentat, un groupe de scientifiques est miniaturisé et envoyé dans un sous-marin à l’intérieur même du corps de ce savant, pour tenter de l’opérer de l’intérieur, au niveau du cerveau. L’équipage inclura en outre un militaire secrètement chargé de surveiller l’un des scientifiques, suspecté d’être un saboteur à la solde de l’ennemi.

Aujourd’hui reconnu comme l’un des films majeurs de la science-fiction en raison de ses effets visuels à l’époque révolutionnaires, pour lequel il reçut d’ailleurs deux Oscars en 1967 (meilleurs décors et meilleurs effets spéciaux), Le Voyage fantastique n’en est pas moins un film relativement moyen. Ses effets spéciaux et ses décors sont effectivement superbes pour l’époque des années 60 (dans laquelle ils s’inscrivent d’ailleurs pleinement, tant les éclairages sont psychédéliques), mais ils sont également à l’origine de la très grande faiblesse scénaristique du film. Étonnant de la part de Jerome Bixby, scénariste à qui l’on doit notamment les histoires de It, The Terror from Beyond Space (1958, Edward L. Cahn) -le film dont Alien est le remake officieux- ou encore de plusieurs épisodes de La Quatrième Dimension, et étonnant que Richard Fleischer, cinéaste méritant à qui l’on doit entre autre Soleil vert en 1973 se soit contenté d’un script aussi plat. Car toutes les péripéties du film se déroulent dans le seul et unique but de faire visiter différentes parties du corps humain à notre bande d’explorateurs miniatures, et ainsi de faire défiler à rythme soutenu différents cadres, et donc différents effets spéciaux. Le cœur, une oreille, le poumon, le cerveau, etc… tout cela aura donc droit à des décors différents, certes très bien conçus, mais qui ne suffisent pas à remplir un film qui évite soigneusement tout développement de ses personnages (Raquel Welsh ou une plante en pot, c’eut été pareil) et toute réflexion intellectuelle au spectateur. Il y a bien une amorce de débat concernant la nature divine de la perfection de l’organisme humain, mais cela occupe en tout à peu près 30 secondes de dialogues, avant que la dure réalité du film d’aventure ne reprenne le dessus.

Car évidemment, il s’agit d’un film d’aventure, et la tâche des scientifiques ne doit pas être trop aisée sous peine de ne pas livrer assez d’action, et donc d’effets spéciaux. Le corps humain sera donc plein de dangers, auxquels devront faire face les héros : les anticorps qui les agresseront, les bruits qui feront vibrer le conduit auditif dans lequel, manque de bol, se trouvait alors le sous-marin, ou encore les battements du cœur dont les secousses risquent bien de détruire l’embarcation. Tout ceci permet de l’action, donc, mais aussi des explications scientifiques sur le fonctionnement du corps humain qui ne sont pas sans rappeler le dessin animé Il était une fois la vie, produit par la télévision française (oui madame !) à la fin des années 80. Ce qui n’est à vrai dire pas très folichon non plus. On suivra donc avec un certain ennui ce qui se passe à l’écran, et qui présente des failles scénaristiques assez énormes, notamment en terme de localisation et de temps de parcours : un coup on nous dit -pour l’épate sans aucun doute- que des pieds à la tête, cela représenterait 160 000 kilomètres de trajet pour le sous-marin, et peu après, on voit que le sous-marin passe pourtant du cou au cœur en très peu de temps. N’abordons pas non plus le sujet du traître dans l’équipage, aisément devinable dès le début malgré la fausse piste que l’on tente de nous imposer à l’entame du film.

Le Voyage fantastique n’est donc qu’un beau film qui aime à se regarder le nombril et qui est très loin d’atteindre la dimension grandiose sur laquelle il cherche parfois à s’orienter. On peut même y voir un signe de la dégénérescence du cinéma qui interviendra dans un futur assez lointain (disons dans les années 80), avec ces blockbusters avant tout visuels. Isaac Asimov, chargé de la novélisation du film (procédé bien mercantile, digne également des années 80), ne s’y trompera pas, et demandera à revoir lui-même toute l’histoire avant d’accepter l’offre des producteurs. Dans le registre exploration du corps humain, L’Aventure intérieure de Joe Dante, c’est-à-dire le remake plus ou moins avoué du film de Fleischer, se révélera bien plus palpitant que ce “classique” de la science-fiction d’aventure.

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