CinémaScience-Fiction

Soleil vert – Richard Fleischer

soleilvert

Soylent Green. 1973

Origine : États-Unis 
Genre : Anticipation 
Réalisation : Richard Fleischer 
Avec : Charlton Heston, Edward G. Robinson, Leigh Taylor-Young, Joseph Cotten…

Voilà l’un de ces films de science-fiction dont la révélation finale est devenue aujourd’hui extrêmement connue, peut-être presque autant que celle d’un autre film avec Charlton Heston, La Planète des singes, en 1968. A ceci près que la fin de Soleil vert n’est finalement que la logique même, dans cette société dystopique qui nous a été montrée pendant l’heure et demie qui précéde.
New York en 2022 est devenue une mégalopole surpeuplée, hyper-polluée et brûlante, culturellement à l’abandon, dépourvue comme tout le pays de faune et de flore, incapable de répondre au besoins en logement et en nourriture d’une foule qui se marche dessus, qui s’amasse dans les églises, dans les cages d’escaliers, bref partout sauf dans des logements décents. La nourriture est, elle, contrôlée par un gigantesque cartel nommé “Soylent”, dont le produit-vedette se nomme “Soleil Vert”, une espèce de biscuit sans saveur produit soit-disant avec du plancton. Seuls quelques privilégiés peuvent se procurer de la vraie bouffe, à prix exorbitant. C’est sur le meurtre de l’un de ces privilégiés, membre du conseil d’administration de Soylent, que va enquêter le policier Thorn (Charlton Heston), un dur à cuire vivant en compagnie de son documentaliste, le vieux Sol Roth…

Un film à base de dystopie, donc, et à ce titre, les scénaristes, adaptant très librement une nouvelle de Harry Harrison (déjà à l’origine de Rollerball), n’y va pas avec le dos de la cuillère. Problème de la surpopulation, du logement, problèmes de l’effet de serre, corruption du gouvernement et de ses puissants alliés industriels, déshumanisation des individus et notamment des femmes (réduites dans le film à l’état de “mobilier”), état policier contre les révoltes légitimes, problèmes du logement, du droit à certaines denrées considérées comme “de luxe”, désagrégation de la culture et du savoir… Tout ça se retrouve dans le film de Fleischer, à des degrés de développement divers, sans que jamais aucun ne prenne véritablement le dessus. La fin bien entendu vient fusionner plusieurs problèmes dans un même complot, mais le reste du temps, tout reste soulevé de façon artificielle : une scène de répression policière pour montrer le fascisme, un personnage de femme “mobilier” pour l’exploitation des individus, plein de figurants allongés partout pour bien montrer la surpopulation, filtre verdâtre utilisé dans les scènes d’extérieur pour rendre compte de la pollution… Heureusement, si tout ça ne creuse pas vraiment les thèmes en détails, de même que ça ne fait que soulever des problèmes sans jamais les argumenter (on ne trouvera ainsi guère de références concrètes au contexte de réalisation du film), beaucoup de choses se révèlent bien conçues et restent mémorables dans le jusqu’au-boutisme de la dystopie, qui trouvent encore un grand écho à notre époque.

Le moment phare à ce titre ne sera pour moi certainement pas la célèbre révélation finale, mais la visite dans ce qui est un centre de suicide géré par le gouvernement. Une scène qui rend l’inhumain humain, qui exploite la détresse humaine avec un enrobage sentimental extrêmement cruel, et qui prend des allures d’autant plus poignantes quand l’on sait qu’il s’agit de l’ultime scène de la carrière de Edward G. Robinson, alors en phase terminale de cancer et qui garda sa maladie secrète si ce n’est pour son collègue Charlton Heston (dont les émotions lors de cette scène où son personnage s’en va sauver son ami ne furent visiblement pas simulées). D’ailleurs à un titre plus général, Robinson est le seul élément humaniste du film, un petit vieux qui ne fait que rêver au monde qu’il a perdu, répétant inlassablement son histoire à un Thorn qui n’y attache aucun intérêt. Le film à ce titre ne possède pas un héros foncièrement attachant : s’il n’est pas vraiment corrompu, il n’hésite cependant pas à s’approprier ce qui lui passe sous la main, femme incluse. Il n’est pourtant pas non plus un anti-héros, puisqu’il ne remet jamais en cause le système, pas plus qu’il ne s’intéresse au peuple. Seuls son boulot et son ami Sol l’interessent. C’est peut-être un défaut du film, puisqu’à part les éléments de dystopie qui nous sont présentés, rien ne sera véritablement intéressant. L’enquête de Thorn en elle-même n’est pas très brillante, et apparait davantage comme un fil conducteur permettant de dénoncer des choses plutôt que comme une vraie histoire réfléchie.
Bilan de tout ça : peut-être légèrement au dessus de la moyenne, grâce à certaines excellentes scènes. Le film manque tout de même de consistance et de développement sur certains thèmes, qui auraient mérités plus que quelques moments de bravoure, quitte à empiéter sur certaines choses finalement assez peu utiles (notamment le personnage de Shirl, copine de Thorn, qui occupe plusieurs scènes assez répétitives).

Une réflexion sur “Soleil vert – Richard Fleischer

  • Un chef d’oeuvre qui a anticipé ce qui nous attendait, une surpopulation doublée d’une pauvreté et d’une canicule avec lesquelles doit vivre le peuple. L’enquête sert de prétexte pour nous montrer jusqu’à quel point les gouvernements sont prêt à aller dans son objectif macabre, et qui nous rappelle la situation que l’on vit actuellement.

    Un film qui mérite d’être vu aujourd’hui, plus que des Star Wars, surtout les derniers films sortis ses dix dernières années.

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