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Le Signe des renégats – Hugo Fregonese

 

signe-renegats-affiche

The Mark of the renegade. 1951

Origine : Etats-Unis
Genre : Aventure
Réalisation : Hugo Fregonese
Avec : Ricardo Montalban, Cyd Charisse, J.Carrol Naish, Gilbert Roland…

En l’an 1825, alors que l’avènement de la République du Mexique approche, les sombres magouilles d’un vil comploteur souhaitant devenir empereur tendent à tout remettre en question. Ce dernier charge Marcos Zappa de séduire Manuela de Vasquez, promise à un autre, et de l’épouser. Marqué du signe des renégats, son union avec Manuela jetterait l’opprobre sur le père de la jeune femme et chef du parti républicain, Don José de Vasquez. Le chantage que Don Pedro Garcia exerce sur lui, le dénoncer aux autorités, le contraint à agir contre son gré.

Ricardo Montalban doit essentiellement sa renommée dans nos contrées à L’Ile fantastique, série qui occulte les trois-quarts de sa filmographie. Démarrée dans les années 40, sa carrière l’amène à tutoyer le vedettariat dans de petits films de studio qui en font un jeune premier prometteur. Faute de rôles et de titres marquants, le cinéma lui a petit à petit tourné le dos jusqu’à ses prestations télévisuelles. A l’instar d’un William Shatner, avec lequel il tourna dans Star Trek 2, la colère de Khân, il arrive qu’aujourd’hui, quelques réalisateurs lui proposent des petits rôles, qui relèvent plus du caméo que d’une seconde carrière cinématographique.
Dans Le Signe des renégats, Ricardo Montalban marche sur les traces de Errol Flynn, faisant étalage de ses talents de bretteur. Dans la peau de Marcos Zappa, il fait preuve d’une belle arrogance qui rend les premières minutes du film insupportables. Il se donne outrageusement en spectacle, la ramène pour un oui ou pour un non, tout cela dans un but bien précis dont nous ne découvrirons la teneur qu’en toute fin de récit. Il nous apparaît tout de même qu’il dispose de multiples facettes, dont la moins avouable nous est révélée par le manipulateur Don Pedro Garcia. Ce dernier nous apprend le passé révolutionnaire de Marcos Zappa, et son bannissement à cause de ses actes. Depuis lors, son corps porte à jamais les stigmates de sa rébellion sous la forme d’un “r” marqué au fer rouge sur son front. Cette marque infamante l’oblige à recourir à divers subterfuges pour ne pas la dévoiler aux yeux des autres. En position de faiblesse, il subit le chantage de Don Pedro et doit oeuvrer pour lui, sous peine de se voir emprisonner à vie. La mission que Don Pedro lui alloue est parfaitement dans ses cordes puisque celle-ci consiste à séduire Manuela de Vasquez, ce qui ne devrait pas lui causer trop de difficultés, d’autant plus qu’il bénéficie de l’aide non négligeable de la magie hollywoodienne. Celle-ci se révèle épatante et d’une puissance inouie. Il suffit d’un regard pour que Manuela tombe sous le charme de Marcos, et en oublie tous ses devoirs envers son futur époux, le naif et stupide Miguel de Grandera, et son père, José de Vasquez, qui s’est porté garant. Grâce à la magie hollywoodienne, toute séduction devient superflue, et rencontrer le grand amour devient aussi aisé que d’enfiler ses chaussettes. Devant tant de facilités, Marcos Zappa s’éteint peu à peu. S’il demeure toujours cet homme à l’incroyable confiance en lui et à qui tout réussit, cette insolente réussite ne l’en mine pas moins. S’étant épris de la ravissante Manuela, il ne peut que se satisfaire qu’elle partage ses sentiments, sauf qu’en homme d’honneur, il ne consentira jamais à piquer la femme d’un autre. Monsieur a des principes.

Le Signe des renégats vaut moins pour ses personnages principaux que pour ses personnages secondaires. Tout ce qui a trait au complot, à la romance et à l’action qui en découle ne sort jamais des sentiers battus. Le vaillant Marcos Zappa n’est jamais mis en péril -même si on le fait chanter, il garde toujours un coup d’avance- et la mise en échec du machiavélique plan de Don Pedro ne fait aucun doute. Les scénaristes sortent bien un rebondissement de leurs manches en toute fin de film, mais ledit rebondissement n’a pour unique but que d’avaliser le happy end de rigueur, en sauvegardant la morale. Heureusement, donc, que ce divertissement calibré abrite quelques personnages hauts en couleurs. En premier lieu, Luis, homme à tout faire de Don Pedro, qui doit se mettre au service de Marcos Zappa tout en épiant ses moindre faits et gestes. Homme dévoué, il met son ego de côté pour servir au mieux les intérêts de son patron. C’est un homme calme, étranger à toutes méchancetés gratuites dont le seul tort est de ne jamais chercher à se révolter. Ce n’est tout simplement pas dans ses gênes. J. Carrol Naish campe avec malice ce personnage touchant et responsable de quelques éclats de rire. Après lui, nous avons le capitaine Bardoso, pirate sans éducation et grand amateur de pieds dans le plat. Alors que tous les personnages jouent sur le registre de la préciosité, lui apporte une touche de rusticité à ce film apprêté. Leur rôle de trublions apparaît évident. Malgré tout, ces deux personnages parviennent à exister au-delà de leur simple fonction comique, grâce à l’implication et au réel talent des deux acteurs qui les incarnent.

Le Signe des renégats n’est pas déplaisant à suivre mais se révèle trop balisé pour susciter un fort engouement. Les quelques combats à l’épée qui parsèment le film sont correctement orchestrés, bien que ne sortant pas des normes hollywoodiennes (nous retrouverons les mêmes dans la série Zorro, produite par Disney). Les corps à corps sont gentillets, dépourvus du moindre vice et de toute brutalité. On sent que le vainqueur doit en ressortir aussi beau et propre qu’au début. Le plus beau moment du film ne réside pas dans ces combats plutôt insipides, mais dans les quelques pas de danse dont nous gratifie Cyd Charisse. Danseuse avant d’être comédienne, elle s’adonne à un véritable ballet à elle toute seule, embrasant la piste de danse ainsi que nos coeurs. Un pur moment de grâce dans un film qui en manque de trop.

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