CinémaHorreur

Le Monstre du train – Roger Spottiswoode

monstre-du-train-affiche

Terror Train. 1980

Origine : Canada / Etats-Unis
Genre : Slasher ferroviaire
Réalisation : Roger Spottiswoode
Avec : Jamie Lee Curtis, Ben Johnson, Hart Bochner, Derek McKinnon…

monstre-du-train-david-copperfield  monstre-du-train-groucho-le-tueur

A l’occasion d’une soirée de la Saint Sylvestre, des étudiants en médecine font une mauvaise blague qui tourne mal au bizut Kenny, ce dernier sombrant dans la folie. Trois ans plus tard, ces mêmes étudiants fêtent leurs diplômes fraîchement obtenus à bord d’un train qui les emmène on ne sait où. Si tous (ou presque) ont oublié Kenny, lui ne les a pas oubliés et tient tout particulièrement à les féliciter à sa façon.

Ah, les années 80 et sa déferlante de slashers post-Halloween ! A l’époque, il ne faisait pas bon être adolescent, leur taux de mortalité atteignant des sommets astronomiques. Peu importe où ils se trouvaient (camp de vacances, collège), la mort était toujours au rendez-vous. Jamie Lee Curtis était souvent de la partie, elle aussi. Toute auréolée du succès de Halloween (toujours lui !), elle s’est compromise dans une poignée de slashers loin d’égaler le classique de John Carpenter, pour finalement gagner ses galons de “scream-queen” en chef. Entre Halloween et sa suite, elle a tourné dans Le Bal de l’Horreur et le film qui nous intéresse présentement, première réalisation de Roger Spottiswoode.

monstre-du-train-ben-johnson  monstre-du-train-jamie-lee-curtis

Dans Le Monstre du train, Jamie Lee Curtis incarne Alana, l’appât de la mauvaise blague du début. Elle se différencie de ses petits camarades par la culpabilité qu’elle a rapidement éprouvée à l’issue de son acte. Cela ne l’a pourtant pas empêchée de rester amie avec toute la bande de joyeux farceurs. Néanmoins, elle nourrit depuis un fort ressentiment à l’égard de Doc, le maître es-farces. Cependant, il faut bien que jeunesse se passe, et comme la vie continue, autant que cela soit en s’amusant le plus possible. Cette folle soirée, qui se déroule dans un cadre original, doit clore leurs années fac sur une note exceptionnelle, pour ce qui représente leur dernière occasion de se retrouver tous ensemble. La venue d’un invité surprise, habité de mauvaises intentions, ajoute une touche d’ironie à cette ultime soirée, qui pour certains convives va se transformer en l’enterrement de leurs espoirs d’une vie bien remplie. 

Sous couvert d’une certaine violence, le slasher est sans nul doute le genre cinématographique le plus moralisateur. Toujours y sont punis les inconséquents, les assoiffés de sexe et les mauvais plaisantins. Quelque soit son masque et sa raison d’être, le tueur prend avant tout l’allure d’un père fouettard un peu radical, mais efficace. Ici, les actes du tueur serviraient à dénoncer les séances de bizutage beaucoup trop fréquentes dans les écoles américaines. Enfin, seulement si on cherche à trouver un sens à tout cela. Le slasher est avant tout une formule bien rôdée dont les innovations se font rares. Dans le genre, Le Monstre du Train apparaît comme un sacré fourre-tout. Tous les éléments du slasher lambda y sont exposés sans qu’aucun ne soit rééllement développé. Conformément à la tradition, notre tueur agit masqué. Dans le cas présent, il joue sur du velours, les étudiants ayant opté pour une soirée costumée. Cela permet au tueur de changer de costume au gré de ses victimes, et par extension, cela aurait pu (dû ?) permettre à Roger Spottiswoode de jouer sur la paranoia naissante des survivants, chaque masque pouvant cacher le visage du “monstre”. Peine perdue. Il en va de même pour le principal décor du film, le train. L’action se serait déroulée dans une maison qu’on n’y aurait vu aucune différence. A aucun moment cet espace inédit est exploité à sa juste mesure. Le film étant dénué de toute tension, on ne ressent aucune urgence ni sentiment de claustrophobie. Roger Spottiswoode préfère mettre en lumière une fausse piste artificielle concernant l’identité du tueur, et qui offre par la même occasion une plage de publicité gratuite au magicien, sans doute débutant, David Copperfield. Au détour d’une scène, le réalisateur semble soudain se rappeler qu’il réalise un film d’horreur et nous gratifie d’une scène efficace lors de laquelle Doc perd tous ses moyens à l’abri (tout relatif) du wagon des V.I.P. Une scène trop fugace et qui précède le sempiternel jeu du chat et de la souris qui oppose le tueur à l’héroine.

monstre-du-train-tueur  monstre-du-train-traces-de-sang

Pur produit de série sans âme, Le Monstre du train ne dispose même pas de quoi ravir les amateurs de gore, ce dernier brillant par son absence. Trop d’erreurs d’aiguillage ont été commises et conduisent irrémédiablement le film, comme le tueur, à dérailler. Quant à Jamie Lee Curtis, elle en restera là de son flirt avec le genre, orientant sa carrière vers davantage d’éclectisme. Seul son premier amour -Laurie Strode- réussira à la convaincre de rempiler.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.