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Le Jour de la fin du monde – James Goldstone

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When time ran out…1980

Origine : Etats-Unis
Genre : Catastrophe
Réalisateur : James Goldstone
Avec : Paul Newman, William Holden, Jacqueline Bisset, James Franciscus, Edward Albert.

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Dans l’une des îles de l’archipel d’Hawaï, un volcan longtemps endormi décide de se réveiller. Alors qu’il était à deux doigts de réussir son pari, devenir riche et célèbre, Bob Spangler n’en croit pas ses yeux, au point de nier l’évidence. Ni Hank Anderson, un foreur qui venait justement de mettre à jour une nappe de pétrole, ni son associé le milliardaire Shelby Gilmore, ne parviennent à lui faire entendre raison. Pourtant le temps presse et tout le monde ne pourra pas être sauvé…

Le film catastrophe est affaire de spécialistes. En producteur avisé, Irwin Allen se tourne naturellement vers des collaborateurs rompus au genre, du scénariste Stirling Silliphant (L’Inévitable catastrophe) au réalisateur James Goldstone (Le Toboggan de la mort) en passant par le compositeur Lalo Schifrin (Airport 80 Concorde). Il procède de la même manière avec les comédiens parmi lesquels on retrouve Paul Newman et William Holden (La Tour infernale), Ernest Borgnine et Red Buttons (L’Aventure du Poséidon), Jacqueline Bisset (Airport), James Franciscus (SOS Concorde) ou encore Burgess Meredith (L’Odyssée du Hindenburg). Du beau linge chargé d’égayer une intrigue bateau au manichéisme appuyé. La colère de mère nature n’intervient que pour mieux mettre en valeur la folie d’un homme, complètement aveuglé par ses rêves de grandeur.

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Le Jour de la fin du monde… Voilà un titre pour le moins grandiloquent qui a pour principal défaut de promettre monts et merveilles. C’est aussi le jeu de ce type de production dont on attend un minimum de spectaculaire, juste récompense après les sempiternelles et peu stimulantes présentations d’usage. A ce titre, l’entame du film se montre encourageante, réussissant à en présenter les principaux protagonistes tout en faisant avancer l’intrigue. Les forces en présence sont clairement établies. A Hank Anderson revient le rôle du bon gars, droit dans ses bottes (de cow-boy) et toujours soucieux du sort d’autrui. Il sait faire preuve d’un sang-froid exceptionnel dans le cadre de sa profession – son introduction le prouve – et se révèle un excellent meneur d’hommes… pour peu que ceux-ci veuillent bien l’écouter. Il n’est pas du genre à imposer ses vérités, même s’il est sûr de ce qu’il avance, laissant toujours leur libre-arbitre à ses interlocuteurs. Cela pourrait être considéré comme une faille alors qu’au contraire, cela accroît sa grandeur. Hank joue les grands seigneurs et il est d’ailleurs filmé comme tel. Qu’il soit incarné par Paul Newman n’est pas étranger à l’affaire. En offrant le minimum syndical, il s’impose en monolithe imperturbable, un colosse inébranlable… sauf en présence de Kay, la femme qui a osé l’éconduire avant de se jeter à nouveau dans ses bras. Ce trop-plein de qualités contribue à desservir un personnage que les postures faussement pénétrées de Paul Newman rapproche de la gravure de mode. Qu’il soit recouvert de pétrole ou qu’il ait le visage maculé de suie, il donne toujours l’impression d’avoir quelque chose à vendre, une paire de santiags, un stetson ou un jean. Face à lui, le rustaud Bob Spangler, interprété par James Franciscus auquel j’ai toujours trouvé de faux airs de Charlton Heston, ne peut faire que pâle figure. En même temps, il n’est guère aidé par une caractérisation sans nuance qui le positionne en salaud toute catégorie. A première vue, Bob Spangler officie en qualité de volcanologue mais un volcanologue du genre fantaisiste. Associé de Shelby Gilmore dont il dirige l’hôtel Kalaleu Gilmore, Bob Spangler se félicite par ailleurs du gisement pétrolier que Hank Anderson vient de mettre à jour. Lui le fils trop longtemps dans l’ombre d’un père intransigeant et vieux jeu, obtient enfin sa douce revanche : être reconnu comme un « bâtisseur », celui qui aura sorti cette île du Moyen-Age en l’ouvrant aux touristes. Arriviste de première – il n’a épousé Nikki que parce que son parrain n’est autre que Shelby Gilmore – Bob Spangler se renferme à la première contrariété. A toucher son rêve d’aussi près, il en perd tout sens commun, minimisant les signes avant-coureurs de l’éruption (alors qu’il est volcanologue!) au risque de mettre tout le monde en danger, lui le premier. En somme, un type imbuvable et quelque peu stupide, qui pousse le bouchon de l’ignominie jusqu’à tromper son épouse avec une employée de l’hôtel. Sans ce détail, Bob Spangler aurait sans doute paru trop fade et pas assez méchant. Face à ces deux coqs, Shelby Gilmore apporte un contrepoint bienvenu. Il donne une image plus humaine de l’homme d’affaires, lequel peut aussi nourrir des regrets et sait reconnaître ses torts. En peu de scènes, William Holden lui confère une belle ampleur tragique que James Goldstone ne parvient même pas à effleurer lors des quelques morceaux de bravoure du film. Là se situe le gros point noir de Le Jour de la fin du monde, une mise en scène de la catastrophe totalement bâclée.

Alors que le lieu de l’action se situe dans un espace restreint – une île – le cheminement de la catastrophe et sa visualisation demeurent des plus cryptiques. En dépit de quelques plans aériens à la faveur des envolées d’Hank à bord de son hélicoptère, difficile de percevoir le danger et de se rendre compte de la direction prise par la lave. La topographie des lieux est particulièrement mal rendue, le volcan et l’hôtel semblant tout proche sur plusieurs plans larges alors que la distance est en réalité bien plus conséquente. De même, nous avons du mal à situer ce village soudain anéanti par un raz-de-marée très localisé. Quant à l’éruption, elle ne se rappelle à notre bon souvenir qu’au gré des besoins du scénario. Ainsi, quelques bombes volcaniques atterrissant sur l’hôtel précipiteront les désaccords entre Hank et Bob, puis avaliseront à la fin du film la position du foreur. Rarement un film catastrophe n’aura été aussi chiche en scènes spectaculaires, et un phénomène naturel aussi mal exploité. Toute la seconde partie se résume aux pérégrinations à travers l’île de la poignée de téméraires qui a bien voulu suivre Hank, et durant lesquelles les maigres embûches rencontrées en chemin prennent une ampleur démesurée. Rien que la traversée d’une passerelle en mauvais état s’étire sur un long quart d’heure. Les personnages secondaires se révèlent alors au cas par cas, justifiant leur présence par une aptitude précise bien utile le moment venu (le retraité René Valdez) ou simplement pour donner l’impression d’un happy-end (cette femme qui rêvait d’enfants et qui voit deux récents orphelins s’offrir à elle). Le malheur des uns fait le bonheur des autres en somme, et tout cela suivant une psychologie de bazar peu avare en impasses, lesquelles conduisent notamment un homme à abandonner sans ciller sa fiancée dont le seul tort qu’il lui connaît est d’avoir repoussé leur mariage sans plus de précisions. A se demander s’il ne se sert pas de l’éruption comme excuse pour la plaquer comme un malpropre.

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Sous ce titre Le Jour de la fin du monde peut se lire la fin de carrière du producteur Irwin Allen, lequel a un peu trop tiré sur la corde d’un genre sans jamais chercher à le renouveler. A l’indigence du scénario répond l’amateurisme des effets spéciaux, particulièrement visibles entre ces maquettes peu fignolées (l’observatoire du volcan) et ces matte-painting peu convaincants (tous les plans avec le volcan en arrière-plan). Ce troisième échecs successifs sonne le glas du film catastrophe, lequel ne reviendra sur les écrans de cinéma que de manière épisodique avant de retrouver un bref second souffle dans la seconde moitié des années 90.

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