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Demain ne meurt jamais – Roger Spottiswoode

demainnemeurtjamais

Tomorrow never dies. 1997

Origine : Royaume-Uni / Etats-Unis 
Genre : Action 
Réalisation : Roger Spottiswoode 
Avec : Pierce Brosnan, Jonathan Pryce, Michelle Yeoh, Terri Hatcher…

Après une introduction aussi spectaculaire que superflue et après un générique aussi laid que la chanson qui l’illustre (bravo à Sheryl Crow), James Bond est amené à enquêter sur Elliot Carver (Jonathan Pryce), magnat de la presse mondiale, que les services secrets britanniques suspectent d’être à l’origine des tensions entre la Chine et le Royaume-Uni, nées après qu’un navire britannique ayant pénétré sans autorisation dans les eaux territoriales chinoises se soit fait coulé, non sans avoir préalablement, suppose-t-on, attaqué un avion chinois. Ayant très tôt deviné la responsabilité de Carver, Bond devra empêcher le vilain bonhomme de déclencher la guerre entre les deux pays.

Cette deuxième prestation de Pierce Brosnan dans la peau de l’agent 007 est aussi le premier film de la saga à ne pas avoir eu recours au producteur Albert Broccoli, en poste depuis Dr. No et décédé entre la sortie de GoldenEye (sur lequel il était déjà en retrait) et le tournage de Demain ne meurt jamais. Alors, qu’est ce qui change ? Et bien pas grand chose. Terminés les attermoiements de James Bond quand à son statut de “résidu” de la Guerre Froide. GoldenEye promettait de conduire le personnage vers une voie jusqu’ici inexplorée : la remise en question. Des intentions nobles, mais dont l’application était il faut le dire assez brouillonne. Roger Spottiswoode, réalisateur canadien engagé après le refus de Martin Campbell de reprendre les rênes de la saga, opta pour une autre approche, et ainsi, d’entrée de film, Bond est redevenu lui-même, combattant les nouveaux ennemis comme si ils étaient encore les anciens. A partir de là, c’est parti pour les recettes incontournables : les James Bond Girls, le méchant mégalomane et son homme de main, les cascades à gogo, les gadgets de Q… On pourrait même considérer qu’il s’agit d’un retour en arrière, puisque le Bond incarné par Pierce Brosnan mêle la rigueur de Sean Connery avec le penchant pour l’humour de Roger Moore, trahissant un léger manque de personnalité. Mais malgré la fidélité aux recettes de base, l’époque a bel et bien évolué, et cela se remarque malgré tout.

Les scènes d’action sont ainsi beaucoup plus longues et beaucoup plus spectaculaires que de coutume : les effets spéciaux ont eux aussi considérablement évolués, et avec eux les exigences du public se sont accrues. La conséquence en est l’omniprésence de scènes d’action, qui traînent en longueur, n’hésitant pas à utiliser pléthore de gadgets de plus en plus stupides (à la demande du public, qui jugeait leur présence insuffisante dans GoldenEye !). La voiture de Bond est ainsi télécommandée depuis un pavé tactile grâce auquel 007 réussit à faire un peu tout et n’importe quoi, pourvu que ça rende bien à l’écran. Même chose pour une virée en moto, trop longue et tape-à l’oeil. Malgré tout, Roger Spottiswoode réussit à rendre ces séquences lisibles. A défaut, d’être une qualité, c’est au moins quelque chose de louable (beaucoup de films d’action de ces quinze dernières années ne peuvent en dire autant). On pourra dire à peu près la même chose pour l’intrigue générale du film, qui à défaut d’être originale se laisse suivre sans qu’on ne soit amenés à s’attarder sur des rebondissements incessants censés rendre le film “palpitant”, sur des intrigues secondaires miteuses ou sur des personnages inutiles et envahissants (comme le fera le James Bond suivant, l’ignoble Le Monde ne suffit pas). Il y aurait même de quoi saluer le traitement réservé aux James Bond girls : le fait d’en faire mourir une (et qui plus est une gentille) assez tôt dans le film marque un contraste assez net avec l’aura de protection dont jouissent trop souvent les protégées de James Bond. Quant à la seconde, également une gentille, si on peut regretter qu’elle n’ait pas de réelle justification dans une mission que Bond aurait pu mener à bien tout seul, on peut que saluer sa capacité à se battre, au contraire du personnage de Izabella Scorupco dans le film précédent.

Mais la meilleure chose du film, et celle qui démontre à peu près la seule volonté de s’inscrire dans un contexte géopolitique moderne, est encore le méchant de service : Elliot Carver, le dirigeant d’un groupe de presse international qui n’hésite pas à user de ses pouvoirs pour influer secrètement sur le destin de la planète. Dans une société où l’image est essentielle, où les politiciens se doivent de soigner leur image, les médias ont effectivement dépassé le simple cadre de l’informatif pour être des acteurs de l’ombre de la vie politique mondiale, d’autant plus puissants qu’ils sont fortunés. Ainsi, Carver n’est pas un énième fou voulant devenir le maître du monde : il souhaite rester publiquement à sa place, en temps que directeur d’un réseau médiatique, tout en étant le vrai décisionnaire de la politique mondiale. L’argent qu’il a amassé ainsi que son total manque de scrupules lui ouvrent des perspectives énormes, le rendant capable d’exercer des pressions politiques, de soutenir des putschs et d’être en plus prévenu avant ses concurrents des principaux faits d’actualité, gagnant ainsi des parts de marchés non négligeable. Ce propos, on ne peut plus moderne à l’époque de l’internet etde l’information en temps réel, est ici le principal danger du monde occidental, avant même le terrorisme. Sans aller jusqu’à dire que le film est un pamphlet, ce propos lucide et assez subversif de la part d’une telle franchise que celle de 007 ne peut que tirer le film vers le haut. Le choix de Jonathan Pryce dans le rôle de Carver fait bien entendu tout de suite songer au Brazil de Gilliam (un des meilleurs film de l’histoire du cinéma, soit-dit en passant), dans lequel l’acteur interprétait le principal opprimé d’un régime absurde, dominé entre autres par son côté technologique et orwellien. Ici, il change de bord et l’environnement de Carver, au milieu des innombrables moniteurs, n’est pas sans évoquer le monde décrit par Gilliam…

Il ne faut pourtant pas croire que Demain ne meurt jamais soit réellement un bon film. Si ce n’est pour son grand méchant et les intentions qu’il développe, le film est un film d’action moyen, sans grande qualité et avec des défauts notables. Un film moyen. Mais quand l’on regarde uniquement ce que furent les “James Bond” durant les vingt années précédentes, on peut dire qu’il s’agit d’un bon film.

Une réflexion sur “Demain ne meurt jamais – Roger Spottiswoode

  • Un avis que je partages complétement,Terry Hatcher était la vraie bondgil ,l’autre,Michele Yeho c’était pour faire plaisir au chinois.

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