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James Bond 007 contre Dr. No – Terence Young

drno

Dr. No. 1962

Origine : Royaume-Uni
Genre : Action
Réalisation : Terence Young
Avec : Sean Connery, Ursula Andress, Joseph Wiseman, John Kitzmiller…

007, l’agent secret britannique plus connu sous le nom de James Bond, est envoyé en Jamaïque pour enquêter sur la disparition d’un de ses collègues. Il découvrira qu’un îlot au large du pays abrite les installations secrètes du Dr. No, savant fou chinois qui est en passe de trouver un moyen de contrôler à distance les missiles américains.

Dr. No n’est pas particulièrement un bon James Bond, ni même un mauvais. Quand on le regarde avec le grand recul qui nous sépare de sa sortie, avec les innombrables films estampillés 007 qui lui ont succédé, il est difficile de pouvoir faire autrement que de le juger en fonction de ce que l’on connaît de James Bond. Par contre, qu’on l’aime ou non, il faut admettre qu’il s’agit d’un film déterminant dans toute la saga produite par le clan Broccoli (à défaut d’être la toute première adaptation d’un des livres de Fleming, ce titre revenant à Casino Royale, tourné pour la télévision britannique en 1954), non seulement parce qu’il s’agit du premier, mais parce qu’il pose aussi tout ce qui fera la marque de fabrique de la série, quelle que puisse être la vedette tenant le rôle principal. Puisque Dr. No était le premier film “James Bond”, on pourrait penser qu’il n’entretient que peu de rapports avec ses séquelles et que les codes de la saga se sont mis en place petit à petit avec le temps. Et bien non, tout est déjà là : le générique pop, le thème musical, les James Bond Girls, l’exotisme, le vilain mégalomane au physique particulier, M (le chef des services secrets britanniques), Moneypenny (la secrétaire de M), Q (qui s’appelle encore Major Boothroyd et qui est le fournisseur de gadgets)… Ceci est dû bien entendu au fait que l’univers entier de James Bond est né des livres rédigés par Ian Fleming, mais tout de même, aucun des films suivants ne fera l’impasse sur ces codes, dont certains (le générique ou la musique) sont de toute façon typiquement cinématographiques. Seuls les traitements différeront.

Les cadres, techniciens et les acteurs eux-mêmes perdureront bien longtemps : outre Albert Broccoli et son acolyte Harry Saltzman (parti en 1973), le concepteur du générique, Maurice Binder, occupera son poste jusqu’en 1989 et Permis de tuer. John Barry, l’homme auquel on doit en définitive le célèbre thème musicale (même si ici la BO fut composée par Monty Norman, qui finit par admettre après plusieurs années que c’est bien à Barry, chargé des arrangements, que l’on doit la fameuse partition) s’occupera de la musique de 12 des films suivants, jusqu’à 1987 et Tuer n’est pas jouer. Terence Young, le réalisateur, reviendra pour deux autres films. Quant aux acteurs, Lois Maxwell (Moneypenny) durera jusqu’à Dangereusement vôtre en 1985 et Bernard Lee (M) jusqu’en 1979 et Moonraker. Et puis il y a bien entendu Sean Connery, qui avec sept films au compteur et malgré plusieurs successeurs (George Lazenby, Roger Moore, Timothy Dalton, Pierce Brosnan et maintenant Daniel Craig) restera toujours aux yeux du public comme le vrai James Bond, il est vrai aidé en cela par les films parfois plus que douteux de ses collègues. Ce titre aurait pu échoir à Roger Moore, David Niven ou encore Patrick McGoohan, un temps envisagés. Mais ils furent finalement les premiers d’une longue liste de prétendants éconduits ou rétractés -chose qui n’est pas définitive puisque Moore, tout comme plus tard Dalton et Brosnan, sera quelques années plus tard repêché-. Enfin, comble du comble, le premier film de la série fait l’impasse sur toute la présentation de ses personnages, que l’on apprend à connaître en temps réel et qui agissent comme si ils étaient déjà connus du public, ce qui put d’ailleurs être considéré comme un défaut en 1962.

Maintenant, si tous les ingrédients sont en place, il faut aussi admettre qu’ils ne sont pas utilisés avec autant d’assurance que par la suite. L’interprétation de Connery elle-même, si elle laisse deviner un agent 007 sûr de lui, macho et pour le moins débrouillard, ne fait pas encore du personnage un monument intouchable et légitimement vaniteux. Même l’action laisse pour le moins à désirer en rapport à ce que la série offrira par la suite. Il suffit de regarder le sujet du film pour s’apercevoir que si l’enjeu est aussi terrible qu’à ce qui deviendra l’accoutumée, la piste suivie par Bond ne sera pas aussi parsemée d’embûches. L’exotisme se limite à la seule Jamaïque, et les aventures rencontrées par James Bond n’apportent guère que de vagues tentatives d’assassinats déjoués, du moins jusqu’au final dans le repère du Dr. No qui par contre sera pleinement dans la tradition mouvementée des James Bond. Quant aux personnages secondaires, ils occuperont eux aussi une place très simple dans le scénario, ce qui à vrai dire interviendra encore par la suite, mais davantage dans les plus mauvais films, notamment ceux de l’ère Roger Moore.

Les James Bond Girls sont au nombre de trois : la première ne sera même pas digne d’être mentionnée (elle sera expédiée très rapidement au début sans jouer aucun rôle autre que celui d’ébaucher le statut d’homme à femmes de 007), la seconde inaugurera les Girls “ennemies” de Bond et elle aussi sera vite expulsée de l’intrigue. Mais la principale est la dernière, Honey Rider (Ursula Andress), qui est aujourd’hui assez mystérieusement considérée comme culte. Il est vrai qu’Ursula Andress est assez sexy, mais le personnage dispose d’encore moins de justifications que celui de Quarrel, cet autochtone jamaïcain allié des services secrets britanniques amenant James Bond sur l’île du Dr. No. C’est justement là que Bond rencontrera Honey, qui est tout simplement à la pêche aux coquillages. Difficile de ne pas trouver plus mauvaise excuse pour justifier une présence qui se limite en réalité à la simple volonté de montrer une blondasse en bikini. Terence Young, le réalisateur, aura beau lui offrir un monologue censé la rapprocher de l’histoire du Dr. No en plus de la faire passer pour une femme fatale, ses interventions seront plus que limitées, et elle gênera tellement que le réalisateur la mettra totalement à l’écart le temps du climax.

Pour le premier film d’une longue saga, Dr. No s’en sort globalement honorablement. Le film pose des bases, mais ne les développe pas vraiment. Ce qui lui permettra d’être moins ridicule que certains de ses successeurs aux partis pris douteux, mais également d’être moins appréciable que les meilleurs de ses descendants. L’intérêt y est vraiment de repérer les débuts d’une franchise inégale, dont les qualités et les défauts se retrouvent déjà ici en germes.

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