Les Contes de la crypte 6-08 : L’Assassin – Martin von Haselberg
Les Contes de la crypte. Saison 6, épisode 08.The Assassin. 1994Origine : États-Unis
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Tout va à la perfection dans le ménage McKay : dans leur demeure cossue, Jeremy et Janet s’aiment tendrement et ont une vie sociale active. D’ailleurs ce soir ils accueillent des amis, et pendant que Jeremy est au travail, Janet va devoir s’affairer. Mais surprise, elle reçoit la visite impromptue de trois loustics qui l’informent que son époux est un ancien tueur professionnel de la CIA. Ayant retrouvé sa trace, le trio déclare être venu pour attendre son retour, histoire de l’éliminer lui ainsi que madame, considérée comme témoin gênant. Janet arrivera-t-elle à se sortir de ce guêpier et à accueillir décemment ses invités ?
Les invités de Janet, ok, mais avant cela parlons un peu de l’invitée du gardien de la crypte : la mort elle-même (telle qu’elle apparaît dans Les Folles aventures de Bill et Ted) ! Ironie du sort, elle est venue raconter sa vie auprès de son vieil ami, qui, lassé de l’égocentrisme de la faucheuse, l’engage dans une petite partie de pierre / feuille / ciseau. Le perdant perd un membre ! Et Les Contes de la crypte de perdre petit à petit toute imagination, se rabattant sur un humour primesautier dont le gardien de la crypte, s’affranchissant de son rôle de monsieur Loyal, se fait le porte étendard. Starifié, le présentateur vedette (qui n’était que l’un des hôtes des EC comics dont la série est adaptée) se permet d’empiéter sur l’épisode du jour, qu’il introduit vite fait mal fait après la première manche de son puéril face à face avec la mort. En lieu et place de l’humour vachard de ses débuts, le gardien doublé par John Kassir se repose de plus en plus sur la pitrerie que des oripeaux macabres ne sauraient relever… En quoi il se met en phase avec l’orientation choisie par la majorité des épisodes de cette saison 6. Du moins dans sa première moitié…
Pour cet épisode 8, le nom du réalisateur laisse augurer de la même outrance : Martin von Haselberg. Durant les années 70, en compagnie de son binôme Brian Routh, il forma le duo Kipper Kids qui acquit une certaine notoriété sur les planches avec des spectacles à l’humour avant-gardiste confinant au punk lorsque le moment fut venu. Par la suite, les deux trublions se lancèrent à la télévision et apparurent dans quelques comédies plus ou moins fantaisistes, plus ou moins grand public… Haselberg pris ensuite son envol en passant à la réalisation avec un court-métrage adapté d’un récit d’Arthur Schnitzler, Blind Geronimo and His Brother, avant d’atterrir sur cet épisode des Contes de la crypte écrit par Scott Nimerfro, co-producteur et scénariste régulier de la série de la saison 2 à sa suppression. Autant dire que si ses collègues aux CVs ronflants (Joel Silver, Robert Zemeckis, Walter Hill et Richard Donner) semblaient au fur et à mesure se désintéresser de la série, lui mit la main à la pâte pour la maintenir en vie. Le voir travailler avec un punk en rupture de ban qui s’était dernièrement égaré à Hollywood (avec Routh, on le vit dans La Famille Addams) pouvait laisser craindre le pire. D’où un certain soulagement face à cet épisode qui pouvait aller droit dans le mur. En gros, son histoire minimaliste ne fait que tourner autour des stratagèmes de son héroïne pour échapper au sort funeste que lui réservent les trois exécuteurs des basses œuvres de la CIA. Compte tenu de la nature des personnages -en gros une ménagère à l’eau de rose face à trois pieds nickelés-, Haselberg aurait pu n’accoucher que d’un décalque du final de Maman, j’ai raté l’avion. Ce à quoi il réchappe -certes de peu-, grâce déjà à un casting sympathique au service de personnages qui le sont eux-mêmes assez. Du côté des pieds nickelés, nous avons une tête pensante (Chelsea Field, vue dans Prison, Harley Davidson et l’homme aux santiags ou encore La Part des ténèbres) se voulant sophistiquée mais enchaînant les mauvaises décisions, un gros benêt barbare (Jonathan Banks, un abonné des tous petits rôles aperçu dans 48 heures, Gremlins ou Le Flic de Beverly Hills) et enfin un jeunot bien naïf (l’inénarrable Corey Feldman). Face à eux, la jolie Shelley Hack, ex drôle de dame en fin de carrière, joue une femme au foyer qui a de la ressource et sait s’adapter à ses adversaires. Ce qui nous vaut donc un petit numéro de l’actrice, qui en moins de quinze minutes se fait ingénue, tigresse, tueuse froide et aguicheuse. Haselberg fait preuve d’un certain dynamisme dans toute cette bonhomie, ce qui rend son épisode amusant à défaut d’être véritablement drôle. Et en filigrane, derrière la personne de Janet, se trouve cette petite ironie (certes pas extrêmement originale) sur les apparences trompeuses de ce ménage McKay trop lisse pour être vrai. Propos que l’on imagine bien être issu de la BD d’origine, parue dans Shock SuspenStories en 1954.
En conclusion, L’Assassin n’est pas si mal. Ceci étant, une nouvelle fois, l’horreur -qui est quand même censée être la raison d’être de la série avec l’humour- est une nouvelle fois totalement oubliée en chemin. Alors certes, Haselberg se raccroche aux branches dans les dernières secondes, mais enfin on en vient malgré tout à se dire que Les Contes de la crypte sont à l’agonie. D’ailleurs une fois terminé, l’épisode nous ramène à la crypte, ou le gardien est toujours en train de jouer avec la mort. Pour l’heure, il a encore l’avantage…
J’ai complétement oublié cette épisode… En même temps, on arrive à la fin de la série, avant de partir pour des épisodes en Angleterre encore moins intéressants.