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Les Cauchemars de Freddy 1-08 : Mother’s Day – Michael Lange

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Freddy’s Nightmares. Saison 1, épisode 08
Mother’s day. 1988

Origine : Etats-Unis 
Genre : Fantastique 
Réalisation : Michael Lange 
Avec : Robert Englund, Jill Whitlow, Byron Thames, Elizabeth Savage…

Immédiatement après avoir emménagé dans leur maison de Springwood, la mère et le beau-père du jeune Billy (Byron Thames) partent en lune de miel, lui laissant pour consigne de ne pas faire de dégâts. Ses relations avec le nouveau mari de sa mère n’étant pas au beau fixe, Billy est ravi, surtout qu’il sympathise très vite avec Barbara (Jill Whitlow), la jolie voisine d’en face. Hélas, la belle brune va vite s’incruster et ramener ses amis sans gênes qui vont tout casser. Ah en fait non, c’était un rêve. Merde en fait si… et non ! Si ! Et puis merde, alors quoi ?!!
Ouverture d’épisode sur le mode du “rêve dans le rêve dans le rêve”, qui laisse tout loisir à Michael Lange (réalisateur de séries télé depuis 10 ans à l’époque, et 20 ans après il l’est toujours) pour faire mollement paniquer le jeune Billy, qui ne sait plus où il en est. Tout ceci reste d’une effroyable platitude et, à moins que l’on ne considère que les rêves soient à eux seuls un gage de fantastique, Lange reste désespérément accroché au réalisme. Difficile de considérer qu’une bande de jeune qui marchent sur des disques 33 tours (sans pochettes, déjà bonjour le soin) soient les descendants naturels d’un Freddy Krueger qui nous dit-on a commis un meurtre dans la maison. Une évocation pour la forme, qui n’a d’autre utilité que d’apporter un gage de respectabilité à un public énervé par l’absence régulière du père Krueger et qui, avec La Soeur, croyait enfin voir la série repartir dans une direction plus conforme aux attentes. Ce n’est ni avec la structure de rêves imbriqués ni avec la mention textuelle de Freddy que le trompe l’œil marchera. A l’exception de la brève découverte d’un corps dans la baignoire (une autre illusion), aucun soin n’est apporté à la mise en scène et la photographie est absente (de toute façon la série nous habitue soit à cela soit à d’immondes éclairages fluos à en faire baver les VHS). Quant aux scénarios de chaque “mini-rêves”, n’en parlons pas. Ils restent tous centrés sur les remords qu’éprouve déjà Billy vis-à-vis des strictes consignes laissées par son beau-père. La voisine Barbara fait figure de tentatrice, apportant à l’épisode un peu d’érotisme très prude, aussi prude que la furtive vision gore à base de piège à ours intervenant à la fin de ce demi-épisode. Les réguliers changement d’attitude de cette même Barbara, qui selon le rêve du moment apparait soit comme une nymphomane, soit comme une petite amie modèle, tournent très vite en rond, et mettent en lumière les difficultés sentimentales qu’éprouve Billy à couper le cordon avec sa mère. Son beau-père fait figure de perturbateur dans ce complexe d’Oedipe suggéré, mais en même temps si la mère est heureuse avec lui, alors… Quel dilemme ! Pas étonnant que Billy devienne fou ! Dommage que le réalisateur, lui, soit resté sérieux tout du long.

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La deuxième partie de l’épisode démarre avec Barbara, qui elle aussi a des problèmes avec sa mère Shari (Elizabeth Savage), psychologue radiophonique qui consacre tout son temps à donner des conseils cinglants à ceux qui l’appellent (Billy l’avait d’ailleurs contacté dans la première partie). Puisqu’elle n’arrive pas à joindre sa mère, Barbara procède autrement : elle se fait passer pour une auditrice s’épanchant sur ses liens houleux avec sa mère. Shari, qui n’y voit que du feu, est catégorique : les liens sont brisés, alors autant laisser tomber. Le demi-épisode suit alors Shari, dont les rêves (là aussi c’est du rêve dans le rêve dans le rêve) lui feront petit à petit admettre la nécessité d’une vie familiale saine et d’une vie professionnelle mesurée, qui éviterait notamment que les auditeurs en détresse aient recours aux fusils pour tuer ceux qui les dérangent. La malédiction des Cauchemars de Freddy frappe encore : derrière un faux humour noir, la seconde partie d’épisode fait la morale. La vie de Shari tourne au cauchemar duquel la trop fière docteur ne peut sortir, et les forces du mal (ou plutôt les cauchemars auxquels Freddy ne se mêle pas) semblent être liguées pour que la méchante bonne femme devienne une gentille bonne femme. Fait amusant et consternant : parmi ceux qui lui montre la voie à suivre se trouve le pauvre gus qui avait assassiné son propriétaire suite au je-m’en-foutisme des conseils de Shari. Il continue inlassablement à appeler la psychologue, lui rappelant le rôle qu’elle a joué. Michael Lange a beau essayer de donner une voix menaçante à l’assassin, il a beau le filmer devant son combiné au niveau de la bouche comme le ferait un thriller maniéré, il ne parvient pas à dissimuler l’aspect moralisateur de son tueur, ni de histoire. Il faut dire qu’avec ses scènes chocs aux gros sabots (au procès de l’assassin, le juge demande à Shari d’appliquer la peine de mort elle-même…), avec la Barbara qui ne fait rien qu’à être toute triste de l’éloignement de sa mère, le réalisateur verse à outrance dans la responsabilisation de son personnage principal. Et évidemment, au passage, il oublie tout bonnemment de mettre de l’horreur dans sa série horrifique.

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Freddy viendra dire au-revoir au spectateur en essayant d’y remédier, mais avouons-le, il n’a pas l’air très malin avec sa gamelle de ketchup censée représenter un crâne plein de sang. Avant de voir le prochain épisode de la série, les paris sont ouverts : aura-t-on droit au couplet anti-drogue ? A la prévention routière ? A l’anti-communisme, peut-être ? Affaire à suivre…

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